Lemme de van der Corput

Il existe en analyse de nombreux lemmes du mathématicien néerlandais Johannes van der Corput (1890 - 1975). Nous en présentons ici deux.

Ce lemme est un résultat mathématique qui donne des informations sur le comportement asymptotique d'intégrales oscillantes (en) du type

 

quand le paramètre réel   tend vers l'infini. Il affirme que ce type d'intégrale à paramètre tend vers zéro avec un certain taux de décroissance minimal, relatif à la phase  .

Énoncé du théorème

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Théorème — Soit   une fonction à valeurs réelles. On suppose que :

  1.   sur l'intervalle   et   monotone, ou
  2. il existe un entier   tel que   sur  .

Alors il existe une constante   indépendante de   et de   telle que

 

On peut remarquer que l'hypothèse   est superflue ; en effet, il est suffisant que   soit de classe   pour que le théorème reste vrai.

Principe

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Une onde sans point stationnaire.
 
Une onde avec un point stationnaire en 0.

Bien que différents dans leur forme, le lemme de van der Corput et la méthode de la phase stationnaire reposent sur la même observation : les points stationnaires de la phase   (c'est-à-dire   ) influencent la décroissance de l'intégrale.

Pour comprendre cela intuitivement, on regarde la partie réelle de l'intégrale, à savoir

 

Cette quantité mesure l'aire située entre la courbe définie par la fonction   et l'axe des abscisses. Il est clair que cette fonction, qui représente une onde, oscille de plus en plus rapidement quand le paramètre   tend vers l'infini. Si l'on suppose que la dérivée de la phase ne s'annule pas, on peut dire naïvement que les oscillations de l'onde   se comportent « de la même manière » à mesure que   devient grand. Il en résulte que l'aire positive et l'aire négative ont tendance à s'annuler mutuellement, ce qui fournit la décroissance.

Supposons à présent qu'il existe un point stationnaire de la phase, à savoir  . Alors dans un voisinage du point  , l'onde n'oscille que très peu, la courbe est en un sens plus « plate » dans cette zone. Il suit que les oscillations se compensent moins rapidement dans ce voisinage quand le paramètre   tend vers l'infini, ce qui a pour effet de ralentir la décroissance. Et le phénomène est d'autant plus marqué quand l'ordre du point stationnaire est élevé.

Nous allons faire la preuve par récurrence. Pour cela supposons que les hypothèses du premier cas soient satisfaites. Puisque   ne s'annule pas sur  , nous avons

 

Puisque   par hypothèse, nous avons

 

Ensuite,   étant supposée monotone, sa dérivée possède alors un signe constant. Il vient

 

Ceci termine le cas  .

On procède à présent par récurrence: on suppose que le cas   est connu et on suppose   sur  . Désignons par   le point où la fonction   atteint son minimum. Distinguons deux cas:

  • Si   alors on peut supposer sans perdre de généralité que  . Alors par récurrence
 

pour tout  .

  • Si   alors on découpe l'intégrale comme suit :
 

  est un réel fixé suffisamment petit. On traite à présent chaque intégrale.

Pour tout  , nous avons

 

L'hypothèse de récurrence implique ainsi

 

un travail tout à fait similaire fournit

 

La dernière intégrale se majore brutalement :

 

Pour conclure, nous posons :  . Nous obtenons ainsi la majoration finale :

 

Si   ou  , il suffit de découper l'intégrale en deux parties et de refaire exactement le même travail.

Ceci termine la preuve.

Soient N ≥ 1 un entier (grand) et   telle qu'il existe un réel λ > 0 et des nombres 0 < c1 < c2 tels que c1 λ ≤ f '' ≤ c2 λ. Alors on a :

 

Article connexe

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  • Une généralisation du lemme de van der Corput constitue le théorème ATS sur l'approximation d'une somme trigonométrique.

Références

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