Lac Coleridge

lac de Nouvelle-Zélande

Lac Coleridge
Image illustrative de l’article Lac Coleridge
Vue du lac Coleridge depuis les montagnes environnantes.
Administration
Pays Nouvelle-ZélandeVoir et modifier les données sur Wikidata
Subdivision SelwynVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Coordonnées 43° 17′ 28″ S, 171° 29′ 56″ E
Superficie 47 km2
Longueur 18 kmVoir et modifier les données sur Wikidata
Largeur 4,8 kmVoir et modifier les données sur Wikidata
Altitude 507 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Profondeur
 · Maximale

200 m
Hydrographie
Bassin versant 200 km2
Alimentation Harper, Goldney et RytonVoir et modifier les données sur Wikidata
Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Zélande
(Voir situation sur carte : Nouvelle-Zélande)
Lac Coleridge

Le lac Coleridge (en anglais : Lake Coleridge et en maori de Nouvelle-Zélande : Whakamatau) est un lac néo-zélandais situé dans la région de Canterbury sur l'île du Sud.

Depuis 1915, il dispose d'une centrale hydroélectrique qui alimente notamment la ville de Christchurch en électricité. Cette utilisation n'est pas sans conséquence sur la faune et la flore locales.

Géographie modifier

 
Vue aérienne du Rakaia (gauche) et du lac Coleridge (droite) en hiver.

Le lac Coleridge est situé dans les terres de la région de Canterbury sur l'île du Sud, à environ 100 km de Christchurch[1] et 35 km au nord-ouest de la localité de Methven. Il se trouve dans les contreforts des Alpes du Sud à environ 500 mètres d'altitude[1], dans une vallée formée par un glacier[2] il y a plus de 20 000 ans lors du Pléistocène[3]. Il domine d'environ 130 mètres la vallée du Rakaia, à quelques kilomètres au sud[1].

Le lac s'étend sur une superficie de 47 km2 ; il est long d'environ 18 km et large de 4,8 km au maximum[1]. Sa profondeur peut dépasser 200 mètres[1]. Le lac n'a pas d'exutoire naturel[1]. Le seul établissement humain sur le lac est un petit village (Coleridge Village), qui accueillait autrefois les ouvriers de la centrale hydroélectrique et est devenu un lieu de villégiature[4].

Histoire modifier

D'importants incendies détruisent les forêts de la région entre 1200 et 1400[5]. La présence des Maoris remonte probablement au XIIIe siècle. En effet, à proximité du lac, des traces de feux de camp et des os de moas ont été datés au carbone 14 entre 1340 et 1420[6]. Grâce à ses anguilles et ses wekas pouvant servir de repas, le site est un important point de passage pour les tribus maories voyageant entre les deux côtes de l'île du Sud à la recherche de pounamu[6].

 
La carte de 1849 nommant pour la première fois le lac.

En 1849, le géomètre-topographe de l'association Canterbury (en) Joseph Thomas nomme le lac « Coleridge » sur l'une de ses cartes. Ce nom fait référence à deux membres de l'association : Edward Coleridge et William Coleridge, cousins et neveux de Samuel Taylor Coleridge[7],[8],[9]. D'autres membres de la famille Coleridge rejoigne l'association par la suite, dont John Duke Coleridge en 1851[8].

En 1915, la première grande centrale hydroélectrique du pays est mise en activité au lac Coleridge[1], dans le but d'alimenter en électricité la ville de Christchurch[10]. Contrairement à la plupart des centrales hydroélectriques, elle n'a pas nécessité la construction d'un barrage, car elle s'appuie uniquement sur la différence d'altitude entre le lac et le fleuve Rakaia[1].

Le , le lac Coleridge se trouve à l'épicentre d'un séisme de magnitude 6,5[11]. Le lac se trouve en effet à proximité de plusieurs failles (Porters Pass, Cass et Blue Hill)[12].

Centrale hydroélectrique de Coleridge modifier

 
Les turbines de la centrale hydroélectrique de Coleridge.

La centrale hydroélectrique de Coleridge est la première grande centrale construite avec le soutien de l'État néo-zélandais. Sa construction débute en 1911 et s'achève en 1914 avec la mise de place de trois générateurs[10]. La centrale est principalement construite à la main, la pelle à vapeur étant cependant utilisée pour les plus gros ouvrages[13]. À l'origine, elle est reliée à la sous-station d'Addington, en banlieue de Christchurch, par des lignes de transmission de 66 kV de plus de 100 km. Il s'agit alors des lignes de transmission les plus puissantes et les plus longues du pays[14],[15]. La centrale est inaugurée le par le Premier ministre William Massey. Elle alimente régulièrement Christchurch à partir du mois de [15].

Face à la croissance de Christchurch, et après une extension du réseau au nord vers Rangiora et au sud vers Oamaru, les capacités de la centrale de Coleridge sont insuffisantes. Un quatrième générateur est installé en  ; deux autres le sont en et [16]. La centrale est agrandie en 1924[17],[18]. En 1930, le centrale compte neuf turbines[18], toutes de type Francis[10]. Dans les années 1930, la centrale est intégrée à un réseau de transmission plus vaste, incluant des barrages sur les rivières Waipori et Waitaki[14]. Pour permettre d'alimenter le lac et in fine la centrale hydroélectriques, les eaux de trois rivières sont en partie détournées : Harper en 1922, Acheron en 1930 et Wilberforce en 1977[10]. La centrale est la propriété du gouvernement néo-zélandais à travers diverses formes juridiques jusqu'en 1998, lorsqu'elle est cédée à la société privée TrustPower[19] (aujourd'hui Manawa Energy). En 2022, la puissance maximale de la centrale est de 39,5 MW[20].

La centrale de Coleridge se singularise par l'absence de barrage, contrairement à la plupart des installations hydroélectriques. Le lac de Coleridge est un lac naturel, parallèle à la vallée du Rakaia située à une plus faible altitude. Les prises d'eau — au niveau du lac — font fonctionner les turbines de la centrale, 165 mètres plus bas dans la vallée[13].

Faune et flore modifier

 
Une route longeant le lac Coleridge, à proximité de la centrale.

Les premiers explorateurs coloniaux trouvent les rives du lac couvertes de manuka (ou kanuka), cordyline, kowhai, lin cultivé et autres plantes marécageuses. Le lac était également entouré d'arbres comme le hêtre et le Metrosideros umbellata. Ses eaux manquaient de nutriments et donc de plantes aquatiques. On y trouvait toutefois de nombreuses anguilles[21].

L'activité humaine a profondément modifié le milieu naturel. Les colons ont introduit plusieurs poissons, à l'image du saumon atlantique, du saumon royal, de la truite commune et de la truite arc-en-ciel[22]. L'activité de la centrale hydroélectrique, qui fait varier le niveau des eaux du lac, tue la plupart des kanukas en 1914 et des ratas en 1923[23]. Aujourd'hui, un mélange de plantes indigènes et importées entoure le lac (Acaena, Coprosma, Discaria (en), Genisteae, Ulex)[24].

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Rosemary Britten, Lake Coleridge: The Power, the People, the Land, Christchurch, Hazard Press, , 382 p. (ISBN 1877161888).  

Article connexe modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g et h (en) Richard Patrick Suggate et A. H. McLintock (dir.), « COLERIDGE, LAKE », dans An Encyclopaedia of New Zealand, R. E. Owen, (lire en ligne).
  2. Britten 2000, p. 16.
  3. (en) Climate Change & Nature: New Zealand, « Our places: Coleridge Habitat Enhancement Trust », sur climateandnature.org.nz (consulté le ).
  4. (en) District de Selwyn, « Lake Coleridge », sur selwyn.govt.nz (consulté le ).
  5. Britten 2000, p. 36.
  6. a et b Britten 2000, p. 62.
  7. Britten 2000, p. 68.
  8. a et b (en) Michael Blain, The Canterbury Association (1848-1852): A Study of Its Members’ Connections, Christchurch, Project Canterbury, (lire en ligne), p. 22–25
  9. (en) James Hight et C. R. Straubel, A History of Canterbury, vol. 1, Christchurch, Whitcombe and Tombs Ltd, , p. 118-121
  10. a b c et d Britten 2000, p. 361.
  11. (en) Institute of Geological and Nuclear Sciences Limited, « GeoNet - Quake 1542818 », sur geonet.org.nz (consulté le ).
  12. Britten 2000, p. 19.
  13. a et b (en) Ian Lees, « Building the Lake Coleridge Power Station and operating it today » [vidéo], sur youtube.com, Coleridge Community, (consulté le ).
  14. a et b (en) Engineering New Zealand, « Lake Coleridge Power Station », sur engineeringnz.org (consulté le ).
  15. a et b (en) Institution of Professional Engineers New Zealand, « Lake Coleridge Power Station », sur ipenz.org.nz, Engineering Heritage New Zealand (consulté le ).
  16. Britten 2000, p. 142.
  17. Britten 2000, p. 145-158.
  18. a et b (en) A. R. Shearer, « Lake Coleridge Power Station », sur archive.org, Government of New Zealand, (consulté le ).
  19. Britten 2000, p. 207.
  20. (en) Manawa Energy, « Coleridge Power Station », sur manawaenergy.co.nz, (consulté le ).
  21. Britten 2000, p. 29.
  22. Britten 2000, p. 32.
  23. Britten 2000, p. 143.
  24. Britten 2000, p. 25.