La Passion grecque

opéra de Bohuslav Martinů

La Passion grecque (tchèque : Řecké pašíje) est un opéra en quatre actes de Bohuslav Martinů sur un livret du compositeur d'après le roman Le Christ recrucifié de Níkos Kazantzákis, traduit en anglais par Jonathan Griffin. La première mondiale a eu lieu le à l'Opéra de Zurich[1] sous la direction de Paul Sacher, en version allemande. C'est le quatorzième et dernier opéra de Bohuslav Martinů .

La Passion Grecque
Řecké pašíje (en tchèque)
Genre Opéra
Nbre d'actes 4
Musique Bohuslav Martinů
Livret Bohuslav Martinů
Langue
originale
anglais
Sources
littéraires
Le Christ recrucifié de Níkos Kazantzákis,
Création 6 juin 1961
Opéra de Zurich
Création
française
décembre 1964
Paris

Versions successives

Version remaniée donnée à Zurich en 1961

Version originale donnée au festival de Bregenz en 1999

Historique modifier

Il existe en deux versions de l'opéra. Martinů compose une première version de 1954 à 1957, en langue anglaise, qu'il offre au Royal Opera House de Londres, à Covent Garden en 1957. Le directeur musical, Rafael Kubelík, et l'administrateur général, David Webster, approuvent la partition qui est alors soumise à un comité d'experts dont le compositeur Sir Arthur Bliss qui rejettent l'oeuvre « pour des raisons dramaturgiques et musicales ».

Le compositeur réécrit son oeuvre qui sera finalement donnée à l'Opéra de Zurich le 9 juin 1961, cette fois en allemand. L'ouvrage est créé en version française en concert à Paris en décembre 1964 sous la direction d'Hans Erismann puis repris sur scène à Rouen, au Théâtre des Arts, en 1973, dans une mise en scène de René Terrasson[2]. Le chef d'orchestre Charles Mackerras dirige l'opéra une première fois en 1981, au Welsh National Opera[3]. C'est aussi en 1981, qu'a eu lieu la Première américaine au Metropolitan Opéra[4]. Un premier enregistrement sort en 1982, à propos duquel Alain Arnaud pour Le Monde, souligne : « L'équilibre savant entre solistes et chœurs, les complexités d'une dynamique subtilement différenciée, la tradition nationale de la puissance symphonique, font de cette œuvre ultime de Martinu une œuvre marquante du répertoire dramatique du vingtième siècle »[5].

La première version est cependant reconstituée sous la direction d'Aleš Březina, musicologue, compositeur et directeur du Centre Bohuslav Martinů de Prague, traduite en tchèque par traduit en tchèque par Eva Bezděkova et créée au festival de Bregenz en 1999[6].

Dans cette version originale retrouvée, l'oeuvre ne sera rejouée au Royal Opera House, qu'en 2000, dans une mise en scène de David Pountney, avec Christopher Ventris dans le rôle de Manolios[7], et sous la direction de Sir Charles Mackerras

L'opéra est ensuite repris en République tchèque en janvier 2005, au théâtre national de Brno, dans la mise en scène de David Pountney, « Some 48 years after its completion, this was its Czech premiere » [8]. La première représentation de l'œuvre en Grèce a eu lieu à Thessalonique en 2005, dans une traduction grecque de Ioanna Manoledaki, basée sur le texte du roman de Kazantzakis[9]

En 2017, a lieu un enregistrement live des représentations alors donnée à l'Opéra de Graz de cette première version, à propos de laquelle l'Avant Scène Opéra « Autant dire qu'on se réjouit, à travers ce live de l'Opéra de Graz, de posséder aujourd'hui la première, révélée à Bregenz en 1999. »[10]

Le festival de Salzbourg[11] en donne, à son tour, pour plusieurs représentations, la version dite Zurich mais dans le langage de l'original en anglais, en Août 2023, sous la direction musicale de Maxime Pascal et dans une mise en scène de Simon Stone[12]. Maxime Pascal s'exprime ainsi sur le choix de la version : « La version zurichoise est plus stricte et efficace ; l'histoire est racontée de manière plus directe, et les couleurs et le « parfum » de la partition sont plus fortement concentrés. »[13]

Distribution modifier

Rôle Tessiture Distribution de la Première

9 juin 1961 (chef d'orchestre : Paul Sacher)

Manolios, un berger ténor Glade Peterson
Katerina, une jeune veuve soprano ou mezzo-soprano Sandra Warfield
Panait, amant de Katerina ténor Zbyslaw Wozniak
Grigoris, prêtre de Lycovrissi baryton basse James Pease
Fotis, prêtre des réfugiés baryton basse Heinz Borst
Yannakos, colporteur ténor Fritz Peter
Kostandis, un cafetier baryton Robert Kerns
Lenio, la fiancée de Manolios soprano Jean Cook
Ladas, un vieil avare rôle parlé Fritz Lanius
Le Patriarche, un ancien baryton basse Siegfried Tappolet
Michelis, fils du patriarche ténor Ernst-August Steinhoff
Nikolios, un jeune berger soprano Robert Thomas
Andonis, un coiffeur rôle parlé Leonhard Päckl
Une vieille femme contralto Adelhait Schaer
Une voix dans la foule baryton
Despinio, un réfugié soprano Mirjam Lutomirski
An old man, un réfugié basse Werner Ernst
Chorus: Villageois, réfugiés

Argument et contexte modifier

L'action se situe durant la guerre entre les Turcs et les Grecs entre 1919 et 1922. Le chef d'orchestre Maxime Pascal qui dirige l'orchestre philharmonique de Vienne durant les représentations du festival de Salzbourg, en août 2023, souligne dans un entretien « D'une part, il y a le contexte du village grec avec une congrégation chrétienne-orthodoxe en Anatolie, où les interprètes d'un spectacle de la Passion sont choisis tous les sept ans. D'autre part, il y a un deuxième groupe, celui des réfugiés qui ont été chassés de leur village et qui cherchent asile dans le premier village, mais qui en sont à nouveau chassés. La fusion des événements politiques et religieux est à l'origine du conflit — et tout ce qui est essentiel pour comprendre la musique découle de cette constellation »[14]

Le patriarche est occupé à distribuer les rôles de la Passion du Christ qui doit être représentée dans un village grec d'Asie mineure. Le choix des acteurs pose problème : le berger est choisi pour interpréter le Christ, tandis que la veuve doit incarner Marie-Madeleine. Durant les préparatifs de la cérémonie, des rescapés d'un village saccagé par les Turcs, arrivent pour chercher refuge dans le village qui leur accorde une terre dans la montagne. Mais leur arrivée déchire la communauté qui exprime un fort phénomène de rejet des réfugiés. Le ton monte et les drames se succèdent : le berger Manolios qui incarne le Christ est excommunié par le Patriarche puis poignardé par Panait, choisi pour incarner Judas. Des relations amoureuses se font et se défont dans ce cadre tragique.

Discographie modifier

  • 1996 - La Passion Grecque (Intégrale) - David Gwynne (basse), Jana Jonasova (voix), Jeffrey Lawton (ténor), John Mitchinson (ténor), Rita Cullis (soprano), John Harris (soprano), Helen Field (soprano), Geoffrey Moses (basse), Catherine Savory (soprano), Arthur Davies (ténor), John Tomlinson (basse), Phillip Joll (baryton) - direction musicale par Charles Mackerras- Reference: SU103611 - Format: 2 CD - CD, Classique Sudaphon[15]
  • 2010 - Řecké pašije (La Passion grecque) H. 372 II, avec Grigoris, Jarosla Horaček, Kostandis, René Tuček, Janakos, Zdeněk Jankovský, Panaït, Oldřich Spisar, Manolios,Vilém Přibyl, Michelis, Lubomir Havlák, Lenio, Nad’a Šormová, Fotis, Richard Novák - Chœur de la radio tchèque - Chœur d’enfants de la radio tchèque - Orchestre symphonique de la radio tchèque- sous la direction musicale de Libor Pešek- Supraphon – 2 CD –SU 3984-2 –109’56’’ - [16].
  • 2017 - La Passion grecque - avec Wilfried Zelinka (Grigoris), Ivan Oreščanin (Archon), Dietmar Hirzberger (le Capitaine), Falk Witzurke (le Maître d'école),Tino Sekay (Ladas), Rolf Romei (Manolios), Dshamilja Kaiser (Katerina), Manuel von Senden (Yannakos), Martin Fournier (Michelis), Taylan Reinhard (Panait), Dariusz Perczak (Kostandis), Tatjana Miyus (Lenio), Richard Friedemann Jähnig (Dimitri), Sanggyoul Lee (Andonis), Christian Scherler (Nikolios) - Chœur et Orchestre de l'Opéra de Graz, direction de Dirk Kaftan (enregistré en mars/avril 2016) - CD Oehms OC 967. Distr. Outhere

Références modifier

  1. Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8), p. 843
  2. « La passion grecque - Spectacle - 1973 », sur data.bnf.fr (consulté le )
  3. (en) Malcolm Boyd, Review of recording of The Greek Passion., Musical Times, 23(1670), p. 265 (1982)
  4. (en) Peter G. Davis, « MARTINU'S 'THE GREEK PASSION'- A COMPOSER IN SEARCH OF EPIC TRAGEDY (Published 1981) », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Passion grecque de Martinu », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Řecké pašije (La Passion grecque) », sur Forum Opéra (consulté le )
  7. « Bohuslav Martinu's 'The Greek Passion'at London's Covent Garden,reviewed by Robert Hugill », sur www.mvdaily.com (consulté le )
  8. (en) « Out of the archives and onto the stage: Martinu's 'Greek Passion' revived », sur Radio Prague International, (consulté le )
  9. « Le blog de Luc-Henri Roger: Festival de Salzbourg 2023 —The Greek Passion de Bohuslav Martinů. Présentation de l'oeuvre. », sur Le blog de Luc-Henri Roger, (consulté le )
  10. « La Passion grecque », sur Avant Scène Opéra (consulté le )
  11. « MARTINU, Řecké pašije (La Passion grecque) - Salzbourg », sur Forum Opéra (consulté le )
  12. « The Greek Passion », sur bachtrack.com (consulté le )
  13. (en-US) Andrej Melnikau, « Maxime Pascal on the New Opera Production The Greek Passion », sur Salzburg Festival, (consulté le )
  14. « Martinů - The Greek Passion - Pascal / Stone - Salzbourg 08/2023 - Le Forum », sur www.odb-opera.com (consulté le )
  15. « Bohuslav Martinu : La Passion grecque (Intégrale) », sur La Boîte à Musique (consulté le )
  16. « Řecké pašije (La Passion grecque) », sur Forum Opéra (consulté le )

Liens externes modifier