Dans la jurisprudence islamique, une personne khuntha est quelqu'un d'intersexué, présentant à la naissance des organes sexuels masculins et féminins ou aucun organe sexuel. Ce cas rare est distinct de celui des mukhannath. Bien que discutés dans divers domaines juridiques tels que la prière, le mariage et l'héritage, les khuntha sont souvent traités comme une question juridique à part entière.

Contrairement aux personnes atteintes de cécité, surdité, ou d'un handicap physique, les khuntha bénéficient d'un traitement juridique spécifique en raison de la complexité des identités de genre en jeu. Les juristes médiévaux ont tenté de résoudre cette complexité en utilisant diverses méthodes, y compris des tests expérimentaux visant à déterminer le genre dominant. Les sources classiques indiquent des solutions pragmatiques, notamment le report de la division d'héritage jusqu'à ce que le genre soit déterminé, ou l'attribution d'une part égale d'héritage en attendant la clarification. Les discussions modernes mettent en lumière les avancées médicales, telles que les opérations de changement de sexe, qui offrent des solutions pour établir une identité de genre claire[1].

Selon Sager A Almarri, les khuntha, en raison de leur manque de pouvoir, doivent négocier activement leur place dans l'espace public, en particulier dans la mosquée, où les doctrines juridiques contribuent à normer et restreindre leur comportement. Leurs existences non-binaires et leur résistance remettent en question les stratégies spatiales mises en place dans les lieux de culte pour maintenir la ségrégation des sexes[2].

Références modifier

  1. (en) « The Khuntha », dans Disability in Islamic Law, vol. 32, Springer Netherlands, , 69–74 p. (ISBN 978-1-4020-5051-0, DOI 10.1007/1-4020-5052-6_4, lire en ligne)
  2. Saqer A Almarri, « Non-binary sexual and gender identities in the community: the khuntha as an isolated being in the mosque », Body and Religion, vol. 3, no 2,‎ , p. 166–187 (ISSN 2057-5831 et 2057-5823, DOI 10.1558/bar.15722, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie modifier

  • Mohi Uddin, « Inheritance of Hermaphrodite [Khuntha] under the Muslim Law: An Overview », Beijing Law Review, vol. 8,‎ , p. 226
  • Corinne Fortier, « Troisième genre et transsexualité en pays d'islam », Droit et Cultures, no 80,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Saqer A. Almarri, « “You Have Made Her a Man among Men”: Translating the Khuntha's Anatomy in Fatimid Jurisprudence », TSQ: Transgender Studies Quarterly, vol. 3, nos 3-4,‎ , p. 578–586 (ISSN 2328-9252, DOI 10.1215/23289252-3545251, lire en ligne, consulté le )
  • Indira Falk Gesink, « Intersex Bodies in Premodern Islamic Discourse: Complicating the Binary », Journal of Middle East Women's Studies, vol. 14, no 2,‎ , p. 152–173 (ISSN 1552-5864, DOI 10.1215/15525864-6680205, lire en ligne, consulté le )
  • Usman Maravia, « Pursuing Tas’heeh al-jince (gender-affirming surgery) for the khuntha (intersex person) who experiences gender dysphoria: from the viewpoint of Islamic Fiqh and bioethics », Journal of the British Islamic Medical Association,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Zahari Mahad Musa, « Application of the Doctrine of Al-Ihtiyat (precaution Approach) in Estate Succession to Khuntha (hermaphrodite) Community », al-Qanatir: International Journal of Islamic Studies, vol. 9, no 1,‎ , p. 11–26 (ISSN 2289-9944, lire en ligne, consulté le )
  • Hadas Hirsch, « The construction of other genders by means of personal appearance in medieval Islam: the case of mukhannathūn (effeminates) and kuntha (hermaphrodites) », Acta ad archaeologiam et artium historiam pertinentia, vol. 33, no N.S. 19,‎ , p. 387–403 (ISSN 2611-3686, DOI 10.5617/acta.10451, lire en ligne, consulté le )