Jules Froment

neurologue français

Jules Froment, né le à Lyon, ville où il est mort le , est un médecin neurologue français. Spécialiste de la maladie de Parkinson, il introduisit le test diagnostique de la manœuvre dite de Froment.

Jules Froment
Le Dr J. Froment - Paris médical : la semaine du clinicien, 1913, n° 12, p. 507
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jules Victor FromentVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfant

Biographie modifier

Né à Lyon en 1878, Jules Froment commence ses études médicales à Lyon en 1899. Nommé interne des hôpitaux de Lyon en 1901, il est en poste à l'Hôpital de l'Antiquaille et à l'Hôpital du Vinatier. Il a pour maîtres Joseph Arthaud (1813-1883) et Eugène Devic (1858-1930)[1].

En 1906, il passe sa thèse de doctorat sur les « cardiopathies valvulaires compliquées de basedowisme ». De 1906 à 1910, il est chef de clinique dans le service de Raphaël Lépine (1840-1919)[2].

Il est médecin des hôpitaux en 1911 et professeur agrégé en 1913.

Durant la Première Guerre mondiale, il est en poste à Paris à la Pitié-Salpêtrière. Il est l'un des collaborateurs de Joseph Babinski (1857-1932) dans l'étude des troubles nerveux consécutifs aux combats[1].

Il fait partie de plusieurs commissions d'études ou d'enquêtes à l'échelle nationale dont la commission de contrôle neuropsychiatrique, instituée en 1916 pour contrôler les diagnostics de psychiatrie de guerre (avec Babinski, Claude, Dupré et Souques) ; la commission d'étude des prothèses pour blessés neurologiques (avec Mme Déjerine, Souques, Meige et Camus[3]) ; et de la commission réorganisant tous les services de neuropsychiatrie en 1917 (avec Souques et Claude)[4].

En 1918, il retourne à Lyon où il se consacre exclusivement à la neurologie. Il est chef de service à l'hôpital de la Croix-Rousse en 1919, puis à l'hôtel-Dieu en 1921[1].

En 1926, poignardé à la poitrine par un malade délirant, il est sauvé par ses collègues du service de chirurgie[1].

Il est professeur de pathologie interne en 1927, il exerce dans le nouvel hôpital de la Grange Blanche en 1933 (devenu hôpital Édouard-Herriot)[1].

Professeur de médecine en 1937, il prend sa retraite en 1945, et meurt le dans le 7e arrondissement de Lyon[5].

Marié à Nelly Wehrlin, fille de l'ingénieur Charles Wehrlin et de Jeanne Faure, il est le père de Roger Froment.

Travaux modifier

Ses principales contributions concernent la neurologie.

Blessés de guerre modifier

Durant la guerre, il s'intéresse aux paralysies des nerfs périphériques des blessés de guerre. En 1915, il décrit le « signe du papier-journal » ou signe de Froment indiquant une paralysie du nerf ulnaire (nerf cubital), test toujours utilisé au début du XXIe siècle[1].

En 1918, il publie en collaboration avec Joseph Babinski (1857-1932) une étude intitulée Hystérie, pithiatisme et troubles nerveux d'ordre réflexe en neurologie de guerre portant sur des phénomènes cliniques tels que le shell shock pour les Anglais ou la Granat Explosion pour les Allemands, c'est-à-dire les traumatismes neuropsychiques dû aux bombardements et à l'intensité des combats[4].

À la demande du commandement, le service de santé des armées s'efforce avec difficulté à distinguer les simulateurs des véritables commotionnés psychiques. Babinski et Froment distinguent un état dit hystéropithiatisme survenant immédiatement ou de façon retardée après un traumatisme, créé par la suggestion (« hystérotraumatisme ») et guéris en principe par la persuasion ; cet état peut s'associer avec des troubles organiques dits physiopathiques (troubles nerveux réflexes répétitifs). De façon plus moderne, l'hysterotraumatisme serait une combinaison d'un trouble par effet de souffle avec un trouble de stress post-traumatique[4].

La controverse porte sur la distinction avec les simulateurs, persévérateurs et exagérateurs, conscients ou inconscients. Selon qu'ils sont neurologues purs ou psychiatres, les experts s'opposent sur les concepts de pithiatisme ou d'hystéropithiatisme, et s'il fallait réformer ou renvoyer au front les pithiatiques[4].

Maladie de Parkinson modifier

Après la guerre, Froment publie d'importants travaux sur les troubles du langage et les troubles de la parole, la démarche normale et pathologique et surtout sur la maladie de Parkinson[1].

Dans les années 1920, il étudie le tremblement de repos et la rigidité ou hypertonie constitutives d'un syndrome extra-pyramidal observé dans la maladie Parkinson et dans le syndrome parkinsonnien post-encéphalitique[1].

Froment montre que la rigidité parkinsonnienne diminue, disparait ou augmente selon la posture et l'activation de l'hémi-corps opposé. Il décrit ainsi la manœuvre de Froment ou signe du poignet figé de Froment (la résistance à un mouvement passif, lors d'une flexion forcée par l'observateur, augmente lors d'une action volontaire du membre opposé)[1],[6].

Cette manœuvre reste communément utilisée pour la détection précoce d'un Parkinson, et l'évaluation des effets de son traitement neurochirurgical[1].

Éponymie modifier

Œuvres et publications modifier

En collaboration

Références modifier

  1. a b c d e f g h i et j Emmanuel Broussolle, Marie-Pierre Rethy et Stephane Thobois, « Jules Froment (1878-1946) », Journal of Neurology, vol. 256, no 9,‎ , p. 1581–1582 (ISSN 1432-1459, PMID 19565178, DOI 10.1007/s00415-009-5214-3, lire en ligne, consulté le )
  2. « Les nouveaux agrégés. Le Dr J. Froment », Paris médical : la semaine du clinicien, 1913, n° 12, p. 507-509, Texte intégral
  3. « Jean Camus (1872-1924) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  4. a b c et d Alain Larcan et Jean-Jacques Ferrandis, Le service de santé aux armées pendant la Première guerre mondiale, LBM, (ISBN 978-2-9153-4763-0), p. 482-483 et 496-500.
  5. Archives de Lyon 7e, acte de décès no 344, année 1946 (page 74/203)
  6. Emmanuel Broussolle, Paul Krack, Stéphane Thobois et Jing Xie-Brustolin, « Contribution of Jules Froment to the study of parkinsonian rigidity », Movement Disorders: Official Journal of the Movement Disorder Society, vol. 22, no 7,‎ , p. 909–914 (ISSN 0885-3185, PMID 17443696, DOI 10.1002/mds.21484, lire en ligne, consulté le )
  7. A. Manuila, Dictionnaire français de médecine et de biologie, t. III, Paris, Masson, , p. 799.

Liens externes modifier