Juan de Pareja (Vélasquez)

peinture de Diego Vélasquez
Juan de Pareja
Artiste
Date
Type
Technique
Lieu de création
Dimensions (H × L)
81,3 × 69,9 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
No d’inventaire
1971.86Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Juan de Pareja est une huile sur toile peinte à Rome par Diego Velasquez en 1649. Elle représente son assistant et esclave, le peintre Juan de Pareja.

Historique modifier

En 1649, Diego Vélasquez (1599-1660) fut envoyé en mission à Rome en tant que premier peintre de la cour du roi d'Espagne Philippe IV afin d'acheter des œuvres pour l'Alcázar de Madrid. Il emmena Juan de Pareja (vers 1610-1670) dans son voyage. Pendant son séjour à Rome, Velázquez exécuta un portrait de Juan de Pareja, qui fut exposé au Panthéon le à l'occasion de la fête de Saint Joseph, patron de la Congrégation des Virtuoses du Panthéon. Selon le biographe de Vélasquez, Antonio Palomino, le tableau fut admiré par tous les peintres présents car il atteignait la vérité. Pourtant, Vélasquez avait réalisé le portrait de Juan de Pareja comme un simple exercice préparatoire à son tableau le Portrait du pape Innocent X.

Le tableau devait rester à Rome au retour de Vélasquez. La première information probable que l'on a, date de 1704, lorsqu'il est inventorié dans la collection de Ruffo, maître de chambre du pape et membre d'une famille napolitaine liée à l'Espagne. Il est décrit comme portrait d'« un servo che fu servitore del Sr. Diego Velasquez […] cosa stupenda[1] ». Ce tableau, ou une copie, a appartenu ensuite à la collection Acquaviva d'Aragona, où Preciado de la Vega l'a vu en 1765 au palais du cardinal Trajano. À la fin du XVIIIe siècle, il était passé à Naples où l'a acheté sir William Hamilton. Le tableau est resté un long moment dans diverses collections britanniques, et a été identifié en 1848 pour la première fois comme original de Vélasquez par Stirling, en le comparant à la copie alors existante dans la collection Howard et actuellement conservée à New York à la Hispanic Society of America[2]. Il a été vendu aux enchères à Londres chez Christie's le .

Le portrait de Juan de Pareja est conservé à New York au Metropolitan Museum of Art[3], qui l'a acheté en 1971 pour 5,5 millions de dollars, un record pour l'époque. Il est considéré comme l'une des plus belles pièces du musée.

Vélasquez représente Juan de Pareja à demi profil et avec la tête légèrement tournée vers le spectateur qu'il regarde fixement. Il est habillé avec élégance d'une cape et d'une collerette en broderie des Flandres. La lumière tombe directement sur le front et est diffusée par des reflets bronzés sur la peau sombre. Le personnage se détache nettement sur le fond neutre malgré un chromatisme réduit, où dominent des verts de différentes intensités. Le geste comme le regard transmettent un caractère altier, sûr et sérieux. Comme dans ses portraits de bouffons, Vélasquez, dote de dignité les personnages qui, par leur profession ou condition, sont censés en manquer pour les spectateurs du XVIIe siècle.

Esclave affranchi, Juan de Pareja est l'auteur de portraits et de scènes religieuses.

Postérité modifier

En 2000, dans son tableau Juan de Pareja reprenant les Ménines d'après Picasso (Vélasquez)[4], le peintre péruvien Herman Braun-Vega, chez qui le métissage est un thème récurrent, met dans les mains du métis, esclave de Vélasquez, un pinceau et une palette. Ce faisant, il fait un clin d'œil à Juan de Pareja qui en tant qu'esclave ne pouvait que peindre en cachette[5]. Dans son tableau toutefois, Braun-Vega représente Juan de Pareja peignant une version inspirée des études cubistes de Picasso sur les Ménines de Vélasquez. Braun-Vega rend ainsi un triple hommage aux peintres Juan de Pareja, Vélasquez et Picasso[6].

Notes et références modifier

  1. « un esclave qui a été serviteur du Sr Diego Velasquez […] chose extraordinaire. »
  2. La copie a une taille plus petite : 73,66 × 58,42 cm. La plupart des critiques estiment qu'il s'agit d'une excellente copie.
  3. Numéro de catalogue : 1971.86 Gallery 618.
  4. Herman Braun-Vega, « Juan Pareja reprenant les Ménines d'après Picasso (Vélasquez) », Acrylique sur toile, 92 x 73 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  5. (es) Manuel Siurana Roglán, Braun-Vega y sus maestros, un recorrido por la historia del arte (Recursos pedagógicos para secundaria), Teruel, España, Asociación Cultural Repavalde y Museo de Teruel (DPTE), , 35 p. (lire en ligne), p. 14 :

    « A través de este cuadro Braun-Vega lanza un guiño a Juan Pareja, a quien le pone un pincel y la paleta en la mano y lo muestra rehaciendo "las Meninas", pero a la manera de Picasso. Juan Pareja era pintor y esclavo de Velázquez. Los esclavos que servían a los pintores tenían prohibido aprender a pintar y sólo podían preparar los materiales y pigmentos, pero Juan Pareja aprendió a pintar, aunque no se sabe con certeza si le enseñó Velázquez. »

  6. Bernard Bessière, Christiane Bessière et Sylvie Mégevand, La peinture hispano-américaine, Éditions du temps, (ISBN 978-2-84274-427-4, lire en ligne), p. 262-267 :

    « A droite, sur la toile bise, on distingue, comme tracée à la craie noire, une esquisse d'un fragment des Ménines traitée « d'après Picasso », comme le précise le titre. [...] Dans un cadrage resserré, Braun-Vega isole le trio féminin composé de l'infante Margarita et de ses deux ménines. [...] Braun-Vega ne réalise nullement une copie fidèle du trio féminin mais en donne une interprétation à la manière du peintre cubiste. Ainsi, par un exercice de mise en abyme, rend-il du même coup un triple hommage. Tout d'abord à l'esclave Juan de Pareja [...]; puis au « peintre des peintres», Diego Rodriguez de Silva y Velázquez; enfin, à Pablo Ruiz Picasso que le Péruvien tient pour le « père» de l'art contemporain. »

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Thomas Hoving, Making the Mummies Dance, New York, Simon and Schuster, 1993.
  • (es) Antonio Palomino, El Museo pictorico y escala optica, 1724.

Liens externes modifier