Joseph de Martinet

prêtre catholique français

Dom Joseph de Martinet (à l'état civil : Marie Gervais Thomas de Martinet), né à Auvillar en Tarn-et-Garonne (France) le et mort à Marseille (France) le , est un moine chartreux et prêtre réfractaire à Marseille durant la Révolution mort en « odeur de sainteté ».

Dom Joseph de Martinet
Image illustrative de l’article Joseph de Martinet
Dom Joseph Martinet célébrant clandestinement la messe (toile anonyme vers 1793-1795).
Biographie
Naissance
Auvillar, (Tarn-et-Garonne)
Ordre religieux Ordre des Chartreux
Ordination sacerdotale (Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon)
Décès (à 44 ans)
Marseille
Prêtre clandestin (réfractaire) à Marseille

Biographie

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Marie Gervais Thomas de Martinet est né à Auvillar (Tarn-et-Garonne) le . Il est le fils d'Arnaud Joseph de Martinet, seigneur d'Artigadais, avocat au Parlement et d'Élisabeth de Beauquesne (née à Auvillar le , morte à Auvillar le )[1].

Il est moine ermite dans l'ordre des Chartreux où il reçoit le nom de Dom Joseph. C'est ainsi qu'il est généralement connu[2]. Consacré à Dieu dans la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon en 1771, il est envoyé à la chartreuse de Marseille vers 1787. Le , il quitte sa cellule pour l'apostolat auprès des fidèles, fuyant de cachette en cachette et célébrant baptêmes et mariages.

Alors que presque tous les prêtres de Marseille acceptent la loi sur la constitution civile du clergé et prêtent le serment dit de l'Égalité, Dom Joseph refuse, bravant les dangers et poursuivant son apostolat. Il est considéré comme l'un des plus remarquables, parcourant nuit et jour la ville de Marseille, portant les secours de la religion à toutes les personnes qui l'appelaient[3].

Il est poursuivi ; des récompenses sont promises à qui réussirait à le faire arrêter. Un jour, il réussit à échapper à ceux qui, placés en embuscade, devaient l'arrêter. On parle de « miracle ». Lorsqu'on lui évoque ce récit, il répond « Tout est à peu près exact dans ce qu'on vous a raconté ; ce fait n'a toutefois rien que de naturel. Il est pour moi la preuve d'une assistance visible de la Providence ; mais il faut en ôter le mot miracle »[4],[5].

La confrérie du Rosaire établie à Marseille subsiste clandestinement grâce à dom Joseph de Martinet, unique survivant du massacre des pères chartreux. Il prêche clandestinement le Rosaire : le , pendant la Fête du Rosaire se déroule par exemple la réception d'un membre de l'assistance dans la confrérie du Rosaire[6].

Son tombeau à Marseille

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À sa mort, son corps est déposé dans une maison de la ville et n'est transporté à l'église Sainte-Marie-Madeleine de Marseille que le [7].

Dans cette église, se trouve une sculpture de 2,50 mètres, constituant son tombeau dans lequel on peut voir son masque funéraire. Ce tombeau a été réalisé, avec le masque funéraire, en 1856, lors du transfert de ses restes[8].

Sur ce tombeau, on peut lire sur une plaque en marbre gravée en lettres d'or :

« Cujus Memoria in benedictione est / Ici repose / Dom Joseph de Martinet / né à Auvillars Tarn-et-Garonne / le 26 décembre 1730 / Religieux de l'ordre de Saint-Bruno / Profès de la chartreuse de Villeneuve-les-Avignon / envoyé ensuite dans celle de Marseille / où il demeura jusqu'à l'époque de la Révolution / Apôtre de Marseille / pendant les plus mauvais jours de la persécution / au péril incessant de sa vie / il s'épuisa dans l'exercice d'une charité héroïque / décédé dans la même ville en odeur de sainteté / le 12 juin 1795 / déposé dans cette ancienne église des Chartreux / actuellement paroisse de Sainte-Marie-Magdeleine / le 23 février 1856. »

Cet ensemble est inscrit comme « objet » à l'inventaire des monuments historiques depuis le [8].

Pour approfondir

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Bibliographie

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  • Théophile Berengier, Le portefeuille de Dom Joseph de Martinet, chartreux de Marseille durant la Terreur (1793-1795), , [lire en ligne]
  • Régis Bertrand, L'église Saint-Marie-Madeleine, impr. Croset, Marseille, 1973, p. 71.
  • Régis Bertrand, Dom Joseph de Martinet (1750-1795) et son action clandestine à Marseille pendant la Révolution, in: revue Analecta Cartusiana, no 4 tome II, du Centre de recherches cartusiennes, p. 173-189, juillet- édité par le Prof. Frogg, Seeham (Autriche)
  • Gaspard Jauffret, Mémoires pour servir à l'histoire de la religion à la fin du XVIIIe siècle, Le Clère, 1803, chapitre IV : Dom Joseph, prêtre et religieux de l'ordre de Saint-Bruno, exerce les fonctions du saint ministère à Marseille. Son zèle, ses vertus sacerdotales, ses travaux apostoliques, sa mort édifiante, p. 191-194, [lire en ligne]
  • Jean Baptiste Eugène de Ricard, Biographie de Dom Joseph de Martinet (Marie-Gervais de Martinet) chartreux, mort en odeur de Sainteté à Marseille., imprimerie de Marius Olive à Marseille, 1870, 484 pages, [lire en ligne]
  • Guy Toussaint, Julien Carron, Les confesseurs de la foi dans l'église Gallicane, à la fin du dix-huitième siècle : ouvrage rédigé sur des mémoires authentiques, volume 3, p. 315-322, , Chez Adr. Le Clère, 1820 [lire en ligne]

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Alexandre Beauquesne, Beauquesne, premières notes historiques et généalogiques d'une branche émigrée en Languedoc, p. 29, Paris, mai 1991.
  2. Gaspard Jauffret, Mémoires pour servir à l'histoire de la religion à la fin du XVIIIe siècle, Le Clère, 1803, chapitre IV : Dom Joseph, prêtre et religieux de l'ordre de Saint-Bruno, exerce les fonctions du saint ministère à Marseille. Son zèle, ses vertus sacerdotales, ses travaux apostoliques, sa mort édifiante, p. 191-194, [lire en ligne].
  3. Joseph Chardon, Tableau historique et politique de Marseille ancienne et moderne: ou, Guide fidèle du voyageur et des négocians dans cette ville..., édition 3, 1817, p. 11 du précis historique situé après la page 202 de la première partie, [lire en ligne].
  4. Guy Toussaint, Julien Carron, Les confesseurs de la foi dans l'église Gallicane, à la fin du dix-huitième siècle : ouvrage rédigé sur des mémoires authentiques, volume 3, p. 315-322, Chez Adr. Le Clère, 1820 [lire en ligne].
  5. Jacqueline Chauveau, La Conjuration de Satan, p. 105, Nouvelles Éditions Latines, 1970 [lire en ligne].
  6. Régis Bertrand, Les confréries de Provence face à la Révolution, Annales historiques de la Révolution française, année 1996, volume 306, no 306, p. 645, [lire en ligne].
  7. Félix Vérany, in Revue de Marseille et de Provence, Volume 5, p. 455-458, Nouvelles Éditions Latines, 1970 [lire en ligne].
  8. a et b « tombeau et masque funéraire de Dom Joseph de Martinet », notice no PM13002222, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture