Jacques Matarasso

libraire et éditeur français
Jacques Matarasso
Naissance
Barcelone
Décès (à 98 ans)
Nice
Nationalité Français
Pays de résidence France
Profession
Libraire Galeriste Éditeur
Activité principale
Libraire
Formation
Bruxelles Paris Nice
Ascendants
Henri Matarasso, père, libraire et éditeur

Jacques Matarasso, né le à Barcelone et mort le à Nice[1], est un libraire et éditeur français.

Biographie modifier

Une enfance européenne modifier

Jacques Matarasso est né à Barcelone le 15 septembre 1916. Fils d'Henri Matarasso, libraire et de Henriette Cohen. Il passe la majeure partie de son enfance en Belgique avant de rejoindre son père à Paris au début des années 1930.

Ses débuts parisiens modifier

En 1930, son père achète une librairie au 72 rue de Seine à Paris où il commence à travailler avec lui vers 1932. Intéressé par les travaux des surréalistes, Jacques commence à collectionner leurs livres et à les exposer dans la librairie de son père. C'est ainsi que la librairie de la rue de Seine commence à voir défiler les auteurs surréalistes parmi lesquels Louis Aragon, André Breton, Benjamin Péret, Paul Eluard et René Char.

C'est également à cette période qu'il commence à se familiariser avec le monde de l'édition en participant notamment à la correction des épreuves d'un livre d'Henri Michaux publié par son père Entre centre et absence[2].

Né grec, Jacques est naturalisé français en décembre 1939[3]. De ce fait, il ne participe pas à la drôle de guerre l'armistice de 1940 ayant suspendu sa mobilisation. Il conserve son activité de libraire à Paris jusqu'en 1941 puis, sous la menace allemande, se résout à passer en zone libre. Après un bref passage à Toulouse, il choisit Nice comme terre d'exil[2].

L'aventure niçoise modifier

Pendant la seconde guerre mondiale, il est contraint de quitter Paris et se réfugie à Nice. Il y ouvre une première librairie en 1941 rue Alberti[4]. Il s'y marie également à l'église Jeanne d'Arc en 1942. La guerre terminée et revenu à Nice, il ouvre le 2 décembre 1946 une librairie en appartement située au premier étage d'un immeuble du 2 rue de Russie[5]. Il y côtoie alors des artistes encore anonymes dont Nicolas de Staël qu'il a connu pendant la guerre. Enfin, c'est le qu'il installe sa librairie à son adresse historique du 2 rue Longchamp[6]. En septembre 1951, il se remarie avec la femme qui sera sa compagne de toujours et également grande amatrice d'art, Madeleine Suzenet. C'est à cette époque qu'il commence à vendre des estampes. Il va rapidement devenir l'un des premiers défenseurs de la naissante École de Nice[7]. Il est, par exemple, le premier à exposer les « cachets » d'Arman ou encore les cartons ondulés de Bernar Venet[6]. Sa librairie devient également un moteur important de la création artistique à Nice et permet à tout un microcosme de se rencontrer et d'échanger. Ainsi quelques oeuvres vont naitre de cette proximité avec les artistes dont une d'Arman constituée des déchets récupérés dans le cendrier de la librairie[8]. C'est aussi auprès de cette jeune génération qu'il va commencer à éditer des livres d'artiste. Son premier livre est issu d'une collaboration entre l'écrivain Michel Butor et l'artiste Julius Baltazar. Il paraît en 1980[9]. Sur tous les ouvrages qu'il éditera par la suite, seul quelques uns feront l'objet d'un dépôt légal[10].

Le passage de flambeau modifier

En 1993, Jacques cède la librairie à sa fille Laure. Il ne quitte pourtant pas le monde de l'art pour autant[6].Il est présent à tous les vernissage et entretien toujours des liens profonds avec les artistes qu'il a défendu. Toutefois, il commence à vendre sa collection personnelle dédiée au surréalisme. Une première vente est organisée à Paris en décembre 1993 puis une deuxième le [11]. Puis d'une vente le 28 octobre 2000 durant laquelle un toile d'Yves Klein fut adjugée 2,1 millions de francs, somme considérable à l'époque. Elle seront suivies d'une vente en trois vacations en 2012 puis de la vente d'une partie de la collection qu'il a rassemblé avec sa femme Madeleine autour de l'École de Nice chez Artcurial en 2014[12].

Il s'éteint à Nice le .

Textes édités par Jacques Matarasso modifier

  • Colloque des mouches, Michel Butor, gravures de Julius Baltazar, J.Matarasso Nice, 1980.
  • Turbulences, Michel Déon, gravures de Julius Baltazar, J.Matarasso Nice, 1981.
  • Au sérail d'Ivry, Michel Butor, gravure de Julius Baltazar, J.Matarasso Nice, 1982.
  • Poèmes, Fernando Arrabal, gravures de Georges Visat, J.Matarasso Nice, 1982.

Notes et références modifier

  1. Site dansnoscoeurs.fr.
  2. a et b Jacques Matarasso, Mémoires rencontres inopinées, Nice, Laure Matarasso, , 94 pages (ISBN 978-2-954-1365-0-9), page 44-46
  3. « Décret de naturalisation », sur gallica (consulté le )
  4. « Librairie-Galerie Jacques Matarasso. Nice », sur data.bnf.fr (consulté le )
  5. « annonce d'ouverture de la librairie dans Le Patriote de Nice et du Sud-Est », sur gallica (consulté le )
  6. a b et c Joëlle Naïm, « Nice et sa région », Art & Métiers du Livre, no 198,‎ , p. 37
  7. « Artistes à livres ouverts », sur Le Figaro, (consulté le )
  8. (en) « Poubelles - Artworks - Official Website of ARMAN », sur www.armanstudio.com (consulté le )
  9. « EDITIONS JACQUES MATARASSO », sur Laure Matarasso Librairie-Galerie (consulté le )
  10. Marie Chamonard, Réflexion sur le dépôt légal des livres d’artistes à partir d’une étude sur un imprimeur typographe, François da Ros., Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques, , 42 p. (lire en ligne), p. 22
  11. Alan Chatam de Bolivar, « Bibliothèque Jacques Matarasso (2ème partie) », Art & Métiers du Livre, no 185,‎ , p. 52-53
  12. « Disparition de Jacques Matarasso », sur Le Quotidien de l'Art (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Amiel Alain et Matarasso Jacques, Mémoires rencontres inopinées, Nice, Editions Laure Matarasso, 2012, 94 pages.
  • Amiel Alain et Matarasso Jacques, Mémoires rencontres inopinées II, Nice, Editions Laure Matarasso, 2014, 90 pages.
  • Chatam de Bolivar Alan, "Bibliothèque Jacques Matarasso (2ème partie)" in Art et Métiers du Livre, n°185, 1994, p. 52-53.
  • Naïm Joëlle, "Nice et sa région" in Art et Métiers du Livre, n°198, 1996, p.37-38.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier