Henri Solveen

artiste-peintre, graveur, écrivain et poète

Henri Frédéric Hermann Solveen est un peintre et poète alsacien né en 1891 et mort en 1956.

Henri Solveen
Biographie
Naissance
Décès
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Nationalité
allemande puis française
Activités
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Genre artistique

Jeunesse et formation modifier

Henri Solveen est le fils d'Henri Jean Théodore Solveen , inspecteur aux chemins de fer, et de Madeline Niesz[1]. Il effectue sa scolarité au Gymnase protestant puis à l'Oberrealschule de Strasbourg[1]. Il étudie ensuite à l’École des arts décoratifs de Strasbourg entre 1905 et 1910, puis à l'Académie royale des Beaux-Arts de Leipzig jusqu'en 1912[2]. Pendant la Première Guerre mondiale, il combat dans l'armée allemande sur le front russe[1]. Peu après la fin du conflit, le 4 avril 1919, il épouse, à Strasbourg, Frieda Louise Kieffer.

Carrière artistique et littéraire modifier

Il fut rédacteur en chef des Nouveaux Cahiers alsaciens (Neue Elsässer Hefte), qui parurent de manière irrégulière entre novembre 1921 et novembre 1923, publiant des poésies, des articles littéraires et artistiques, des biographies en français, en allemand et en alsacien[3]. Yvan Goll, Gustave Stoskopf ou encore René Schickele contribuèrent à cette revue[1].

En 1924, Solveen édita un livre luxueux, Arc, anthologie, rédigé en français, en allemand et en anglais, qui obtint une médaille d'or à l'Exposition des Arts décoratifs de Paris en 1925 pour la qualité de ses illustrations[3]. En 1925 encore, il devient membre de l'Elsass-Lothringische wissenschaftliche Gesellschaft. Quatre ans plus tard, il publie Gibt es eine elsässische Literatur?, une importante étude sur la littérature alsacienne.

En 1932, Solveen fit paraître un second Arc, anthologie en 1932[4]. La même année, il devient professeur à l’École des arts décoratifs de Strasbourg, fonction qu'il exerça jusqu'à son décès, à l'exception de sa période de mobilisation dans l'armée française en 1939-1940[1].

En 1937, Solveen fonda une nouvelle revue artistique et littéraire, la Revue du Rhin, rédigée en français, en allemand et en alsacien, dont la publication s'est arrêtée en septembre 1939[1].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se remarie, le 6 juin 1940, à Périgueux, avec Marthe Catherine Berdoll[1].

L’œuvre artistique de Solveen est variée : peinture de paysages, portraits, illustrations de livres et d'almanachs, ex-libris[5], etc. Il illustra, entre autres, l'Elsass-Lothringischer Kunst- und Heimatkalender, qu'il publia de 1926 à 1933[1].

En 1949, Solveen fut fait officier d'Académie pour services rendus aux arts et lettres[6].

Politique et vie sociale modifier

 
Procès des autonomistes alsaciens à Colmar en 1928 (Solveen est assis sur le banc des accusés, 5e en partant de la droite).

Arrêté à Strasbourg, sur la place Kléber, le soir du 31 décembre 1927[7], Solveen fit partie des accusés au procès des autonomistes alsaciens qui se tint à Colmar du 1er au 24 mai 1928. L'accusation lui reprochait ses liens avec l'Allemagne. Le sixième jour du procès, il déclara :

MM. les jurés savent que je suis peintre. J'ai obtenu de nombreuses médailles d'or à des expositions de Paris. De nombreuses revues françaises parlent avec éloge de mes œuvres. Je suis impliqué dans une accusation de complot, dont je ne sais pas un traître mot. J'estime qu'après avoir été détenu pendant cinq mois, j'ai le droit de savoir pourquoi je suis séparé depuis si longtemps des miens.

Charles Spindler témoigna en sa faveur le 19 mai. Le , Solveen fut acquitté et libéré.

Le 17 novembre 1929, il ouvrit la cérémonie d'inauguration de la statue du Meiselocker à Strasbourg, organisée par la municipalité autonomiste de Charles Hueber, par la déclamation d'un poème[8].

Solveen a réalisé des affiches électorales pour plusieurs autonomistes[9],[10] ou régionalistes[11] alsaciens.

Opposé à l'idéologie nazie, il eut des ennuis avec la police allemande pendant la période de l'annexion de fait de l'Alsace au Reich hitlérien[1]. Marie-Joseph Bopp rapporte dans ses mémoires qu'il a dû se présenter trois fois à la Gestapo[12].

Postérité modifier

Solveen avait rassemblé une collection de 600 affiches réalisées entre 1890 et 1950 qui fut acquise en 1966 par la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg : ce fonds est à l’origine de la collection d’affiches de la bibliothèque[13],[14]. La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg conserve également de nombreux textes manuscrits de Solveen et une partie de sa correspondance[15].

Publications modifier

  • « Jean Sebas, ein elsässischer Dichter », Revue du Rhin, 1925.
  • Gibt es eine elsässische Literatur? Ein Versuch zu ihrer Begriffserklärung, Strasbourg, Elsass-Lothringische Wissenchaftlische Gesellschaft, 1929.
  • Kleine Bilder Galerie: Gedichte, Strasbourg, Éditions de la Revue du Rhin, 1939.
  • Noms et figures, Toulouse, Papeteries et Éditions du Beffroi, 1947 (dessins et commentaires par Solveen).
  • D'Schuld vum Edgar Wallace, Strasbourg, Radio Strasbourg, 1953
  • 'S Hüss em Näwwel: e Spiel um Läwe un Doot, Strasbourg, Radio Strasbourg, 1955.
  • Zwische Gescht un Morje, Strasbourg, Radio Strasbourg, 1956.
  • Nacht un Daa: E Wyhnachtsspiel, Strasbourg, Radio Strasbourg, 1956.
  • Die Gedichte vom Dasein, Strasbourg, 1956
  • D'r Dokter Roskoff un syner Vater, Strasbourg, Radio Strasbourg, 1960.

Références modifier

  1. a b c d e f g h et i François-Joseph Fuchs, « Solveen Henri Frédéric Hermann », Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne n°35,‎ , p. 3666-3668 (lire en ligne)
  2. Florian Siffer et Jean-Claude Richez, « Solveen, Henri », Dictionnaire culturel de Strasbourg, 1880-1930,‎ , p. 503
  3. a et b Paul HOLL, « Les périodiques alsaciens à travers les âges, IIe partie », La Vie en Alsace,‎ , p. 184-192, p. 192 (lire en ligne)
  4. Arc-Anthologie 1932, (lire en ligne)
  5. Claude Husler, Henri Solveen, sa vie, son œuvre, ses ex-libris, Pfaffenhoffen, Musée de l'Imagerie, , 8 p.
  6. Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (lire en ligne)
  7. « "L'artiste peintre Solveen et l'ex-instituteur Wurtz ont été arrêtés hier soir" », Le Petit Journal,‎ (lire en ligne)
  8. « Une manifestation autonomiste soulève à Strasbourg de vives protestations », L'Homme libre,‎ (lire en ligne)
  9. « Fichier:Wählt Dr Roos.jpg — Wikipédia », sur commons.wikimedia.org (consulté le )
  10. Henri Solveen, Français : Affiche électoral de René Hauss.Deutsch: René Hauss Wahlplakat., unknown dateunknown date (lire en ligne)
  11. Henri Solveen, Français : Affiche électoral de Michel Walter.Deutsch: Michel Walter Wahlplakat., unknown dateunknown date (lire en ligne)
  12. Marie-Joseph Bopp, Ma ville à l'heure nazie. Colmar, 1940-1945, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 494 p., p. 90
  13. Anne-Doris Meyer, « Pétry (François) et Ingelaere (Marie-Laure) dir., Lika, Dorette, Hella… Femmes affichistes en Alsace de 1900 à 1980. Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Strasbourg, 187 p., 2009 », Revue d’Alsace, no 136,‎ , p. 498–500 (ISSN 0181-0448, lire en ligne, consulté le )
  14. Aline Hauck et Catherine Soulé-Sandic, « L’imprimé et l’artiste : édition, ex-libris, affiches et revues au temps de l’Art nouveau à Strasbourg », La Revue de la BNU, no 19,‎ , p. 110–117 (ISSN 2109-2761 et 2679-6104, DOI 10.4000/rbnu.2236, lire en ligne, consulté le )
  15. Solveen Henri, Correspondance reçue par Henri Solveen, avec autres textes et quelques lettres de Henri Solveen à ses correspondants, 1909 - 1954 (lire en ligne)

Liens externes modifier

Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes : Deutsche Biographie, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne