Guy Nadon (batteur)

percusionniste québécois
Guy Nadon
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Guy Nadon (né en janvier 1934[1],[2] à Montréal et décédé le 9 octobre 2016 dans sa ville natale[3],[4]) est un batteur et percussionniste de jazz et surnommé « le Roi du drum »[5]. La carrière du musicien s'étale sur plus 70 ans[6].

Biographie modifier

Musicien autodidacte, Guy Nadon commence sa carrière de musicien à l'âge de 11 ans dans le quartier pauvre de l’Est (Hochelaga) de Montréal, appelé dans les années 1940 le « Faubourg à m'lasse »[7]. Sa passion pour la batterie émerge lorsqu’il visionne Gene Krupa, son idole, sur le grand écran du Théâtre Majestic[7]. Ses parents ne souhaitent pas qu’il devienne un musicien, mais qu’il travaille dans une banque. Il refuse de s’enfermer dans un bureau à compter des sous[1],[5].

Jeunesse et formation modifier

À 12 ans, il joue sur n’importe quel objet percussif comme les couvercles de poubelles, pots, boîtes de conserve, pourtours de verre, et autres objets du quotidien qui sonnent[1],[5]. Il apprend ainsi les percussions en fabriquant des batteries artisanales, qui deviendront sa marque de commerce[8]. Il délaisse l’école en 7e année[7],[9],[10] pour jouer dans les mariages et d’autres évènements sociaux[5],[6],[7]. Il suit un cheminement musical en explorant des différents styles musicaux[1] (chanson de variétés, chanson française, rigaudons, musique commerciale, etc.) qu’il approche comme du jazz[6],[7].

Guy Nadon ne craint pas de se mesurer à n’importe quel batteur ou musicien[1],[5]. À 16 ans, il a d’ailleurs rivalisé avec son idole Buddy Rich[2], à la Plage-Idéale qui tente de berner le jeune Nadon en dirigeant la pièce deux fois plus rapidement. Le jeune batteur réussit sa prestance avec brio. Une autre fois, en concert, il remplace au pied levé son autre idole, Elvin Jones, intoxiqué[5].

Sa carrière prend un certain envol mais pas comme le légendaire Buddy Rich. Il se compare à on idole en se surnommant « Buddy Poor »[5],[6] dans lequel il vit plus pour l’art du jazz[8]. Avec Gene Krupa[5], il compte également dans les rangs Art Blakey[2] comme ses idoles.

Ses exploits l’amènent à partager notamment la scène avec Zoot Sims, Charles Ranger[5],[9] et Charles Aznavour[1],[4],[10] et Buddy Rich. Il accompagne également des artistes du Québec comme Alys Robi et Ginette Reno[3],[10] ainsi que Michel Louvain, Fernand Gignac, Georges Guétary[11]. Il participe souvent au grand ensemble (big band) de Vic Vogel[4]. Sa passion pour le jazz l’amènent à jouer à divers endroits de sa ville natale, tels que le Parc Lafontaine, Ritz Carlton, Place des Arts, Reine Élizabeth[5].

Il étudie au Conservatoire de musique de Montréal pendant environ 3 ans, avec Louis Charbonneau, timbalier émérite de l’Orchestre symphonique de Montréal1. Malgré les arguments de Louis Charbonneau que le jazz n’est pas une profession, il abandonne les études pour jouer dans les clubs de jazz et cabarets de nuit de Montréal, dont la Plage Idéale et le Club Mocambo de Montréal dans les années 1950[1],[8] ainsi qu’au au Black Bottom, du Esquire Show Bar au Rising Sun[2], au Spectrum[12]. Il apprend les arrangements musicaux auprès du violoniste italien Frank Mella[1],[12].

Il se marie avec Marielle Auger en 1959[1] et plus tard avec 4 autres femmes[12].

Vers 1960, il enseigne la percussion au Studio Labelle et au Studio Bleu en donnant des cours privés. Il compte parmi ses élèves Bernard Primeau qui se distingue[1].

Refus d’une carrière internationale modifier

Oliver Jones, pianiste jazz canadien, le considère comme un musicien d’exception[11]. Il raconte que des chefs d'orchestre d’envergure comme Duke Ellington et Count Basie reconnaissent le génie de Nadon et veulent prendre le talentueux batteur québécois dans leurs rangs[11]. Une carrière aux États-Unis lui est offerte. Il refuse de s’exporter au-delà des frontières du Québec[8] pour plusieurs raisons qui suggèrent que les enjeux ne lui sont pas connus, la drogue ou l’alcool qui sévit dans le milieu du jazz et la méconnaissance de l’anglais[1],[3],[5],[11],[13]. Le batteur décide de rester auprès de sa famille[1] au lieu de quitter Montréal.

À la fois musicien et personnage aux allures excentriques qui ressemble à un amuseur public[14], il continue de renouveler son regard sur la batterie artisanale en la modifiant au fil de sa carrière[1],[5].

Style de jeu modifier

Guy Nadon refuse les conseils de Louie Bellson pour suivre son cheminement musical en perfectionnant son jeu. Il réussit néanmoins à faire épanouir le côté créateur et de ses inventions à percussions[1],[4],[6].

Vic Vogel qualifie Guy Nadon plutôt comme un musicien de talent[10], même s’il souligne que Nadon est le « plus rapide des mauvais batteurs » du monde[9]. Vic Vogel analyse que son style de jeu provient des coups répétés sur les surfaces assemblées de la batterie artisanale qui rebondissent sèchement. Les effets procurent ainsi une raideur particulière qui se trouvent à être intégrés à la battue de Guy Nadon depuis.

Mark Miller, journaliste et critique de jazz canadien, décrit qu’il est difficile de situer le percussionniste dans le jazz canadien et de celui du jazz en général[5]. Une particularité s’articule sous et dans la tradition québécoise qui est plus manifeste chez Guy Nadon, comparativement chez les autres musiciens de jazz québécois. Il semble qu’un tas d’éléments, comme les émotions, se soit cristallisé dans son enfance. Ce qui fait de lui le plus Québécois des jazzmen[5],[15],[16].

À écouter Guy Nadon jouer des percussions, un auditeur peut croire qu’il est devant plusieurs batteurs[1],[5],[15].

Enregistrement modifier

Depuis son décès en 2016, peu de ses compositions sont jouées. Ses disques sont difficiles à trouver. Ses concerts n’ont pas été filmés, sauf certaines captations tardives réalisées par le Festival international de jazz de Montréal[4],[14]. Selon le batteur québécois, il aurait composé une centaine de compositions[4],[5],[7],[12],[16], mais un petit nombre seulement est endisqué.

À la suite de son volet exploratoire de jeu, il enregistre son premier album, en 1975, avec un orchestre qu’il forme « Guy Nadon et la Pollution des sons ». Se sont transposées huit pièces d’une durée totale de près d'une heure de musique sont alors captées par la Société Radio-Canada pour produire un disque 33 tours intitulé « Guy Nadon et la Pollution des sons » paru dans la collection Jazzimage en 1987 en cassette audio. Son second album « Guy Nadon et le Band du Roi du Drum » paraît en 1997 et connait une diffusion à l’échelle nationale avec l’étiquette de CBC/Radio-Canada.

Le « Roi du drum » modifier

« Le Roi du drum », documentaire réalisé en 1991 par Serge Giguère, décrit le portrait d’un musicien talentueux, ancré dans ses racines québécoises, à travers une musique issue des États-Unis qu’il consacre sa vie avec une passion hors du commun. Plusieurs critiques musicales décrivent sa contribution significative à la scène musicale montréalaise depuis plusieurs décennies[5],[7],[10],[16]. Le documentaire remporte le Prix André-Leroux de l'Association québécoise des critiques de cinéma, du meilleur moyen métrage québécois pour Le roi du drum.

Récompense modifier

En 1998, le Festival International de Jazz de Montréal lui dédie le prix Oscar Peterson soulignant la contribution remarquable à l’essor du jazz canadien[3],[16].

Décès modifier

Quelques mois avant sa mort, en juillet 2016, le Festival international de jazz l’invite pour une prestation d’adieu[12]. Guy Nadon se produit 34 fois au Festival international de Jazz de Montréal[3],[6],[12],[15]. Souffrant d’une maladie rénale depuis quelques années[6],[9],[10],[11],[12]. Guy Nadon décède le 9 octobre 2016 à l'âge de 82 ans au Centre d'hébergement de la Maison-Neuve, à Montréal (Canada)[2],[3].

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Nadon, Guy et Jean-Pierre Douville. Guy Nadon, le roi du drum : autobiographie d’un battant. Montréal : Éditions Québécor, 2009. (ISBN 9782764014981) et 2764014988  (OLC 428868650).

Filmographie modifier

Giguère, Serge. Le roi du drum. Documentaire, 54 min. Réalisation : Serge Giguère; production et écriture : Serge Giguère – Productions du Rapide-Blanc (DVD, 24 images no. 151, 2007) (OLC 1131534379).

Discographie modifier

Guy Nadon et le Band du roi du drum. Guy Nadon, batterie et autres musiciens. Disque compact. Unidisc Music [diff.], 1998.

OCLC/Identifiant unique: 937944238.


Guy Nadon et le Band du roi du drum. Composé et interprété par Guy Nadon avec la Pollution des Sons (interprètes canadiens). Disque vinyle de 33 tours. Radio-Canada/Jazzimage, 1987.

OCLC/Identifiant unique: 937951756

Sélection des compositions tirées de ses 2 albums (voir discographie) modifier

Souvenir For Guy And Marcelle

Scotch Tape

El Casino Blues

Souvenir For Marchelle

L’inflation

The Sheil of Araby

Fricassée

Happy Day

L'inflation

One Way

Sweet Georgia Brown

All Blues

Hey! Ba-Be-Re-Bop

Killer Joe

Last Call

Referendum Blues

Voir aussi modifier

Liens externes modifier

Concerts (quelques exemples de prestances) modifier

Montréal tout étoile présenté au Théâtre Saint-Denis, en 1985, avec Oliver Jones, Ranee Lee et Nelson Symonds: en première partie du concert de Tony Bennett.

Concert avec le batteur Joe Morello (The Dave Brubeck Quartet), au Spectrum de Montréal, en 1992.

Concert avec l’Orchestre de Winnipeg en 2005.

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o Guy Nadon et Jean-Pierre Douville, Guy Nadon, le roi du drum: autobiographie d"un battant., Montréal, Éditions Québécor, (ISBN 978-2-764-014-981)
  2. a b c d et e Christophe Rodriguez, « Au revoir Guy Nadon et merci pour tout », Journal de Montréal,‎ (lire en ligne)
  3. a b c d e et f Yan Lauzon, « Guy Nadon, le "roi du drum", n'est plus », Journal de Montréal,‎ (lire en ligne)
  4. a b c d e et f « Guy Nadon, le "roi du drum", n'est plus », sur Radio-Canada, (consulté le )
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Giguère, Serge. Le roi du drum. Documentaire, 54 min. Réalisation : Serge Giguère; production et écriture : Serge Giguère – Productions du Rapide-Blanc (DVD, 24 images no. 151, 2007) (OLC 1131534379) https://www.facebook.com/JeMeSouviens101/videos/guy-nadon-le-roi-du-drum-1992/1024025117633726/
  6. a b c d e f et g Vanessa Guimond, « La révérence de deux vétérans », sur Journal de Montréal, (consulté le )
  7. a b c d e f et g Alain Brunet, « Un documentaire-fiction tourné par Serge Giguère sacre le sympathique tapocheux Roi du drum, », Rubrique Cinéma dans "Arts et spectacles", La Presse,‎ , p. 22 (lire en ligne)
  8. a b c et d Jean-Pierre Lefebvre, « Oscar, Ti-Guy, Raymond, Serge et nous », 24 images, numéro 151,‎ , p. 9-11 (lire en ligne)
  9. a b c et d (en) Presse Canadienne, « Jazz musician Giy Nadon, le "roi du drum" dies at 82. », sur Montreal Gazette - Music Arts Section, october 10th 2016 (consulté le )
  10. a b c d e et f Danielle Roger, « Guy Nadon : l’instrument de la passion », Ciel variable, no 7 (1989),‎ , p. 13 (lire en ligne)
  11. a b c d et e Alain de Repentigny, « Guy Nadon (1934-2016), le drum s'est tu », La Presse+ (section Arts, écran 3),‎ (lire en ligne)
  12. a b c d e f et g Daniel Lemay, « Guy Nadon remonte sur son trône », La Presse,‎ (lire en ligne)
  13. Gilles Marsolais, « La terreur du voisinage/Le roi du drum de Serge Giguère. », 24 images, numéro 60.,‎ , p. 62 (lire en ligne [PDF])
  14. a et b Marcel Jean, « "Le jazz, c'est une musique à part..."/Le roi du drum de Serge Giguère », 24 images, numéro 151,‎ , p. 33 (lire en ligne)
  15. a b et c Jannick Beaulieu, « Le roi du drum », Séquences: la revue du cinéma - Compte-rendu dans "Zoom in",‎ , p. 57 (lire en ligne)
  16. a b c et d Daniel Lemay, « Le roi et la Cadillac. », La Presse, rubrique Arts et Spectacles,,‎ , p. 7 (. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2194817)

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