George S. Messersmith

diplomate américain
George S. Messersmith
George S. Messersmith en 1938.
Fonctions
Ambassadeur des États-Unis en Argentine (en)
-
Ambassadeur des États-Unis au Mexique (en)
-
Ambassadeur des États-Unis à Cuba (en)
-
Secrétaire d'État assistant des États-Unis
-
Ambassadeur des États-Unis en Autriche (en)
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 76 ans)
DallasVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université de Kutztown (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Consul général (-), diplomate, fonctionnaireVoir et modifier les données sur Wikidata

George Strausser Messersmith (1883-1960) est un diplomate qui a été consul ou ambassadeur des États-Unis et qui a servi avant, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale en Allemagne, Autriche, Cuba, Mexique et Argentine.

En Europe il a été un de ceux qui ont su voir la montée du nazisme et sonner l'alarme : son biographe J.H. Stiller l'a appelé « la terreur de l'Allemagne nazie »[1]. En Amérique latine il a su maintenir les relations (souvent altérées par l'interventionnisme nord-américain) entre les républiques et les États-Unis.

Biographie modifier

Descendant d'une famille d'origine rhénane immigrée très tôt en Pennsylvanie et qui a donné deux soldats à l'armée nordiste pendant la guerre de Sécession, Messersmith est diplômé de la Kutztown University of Pennsylvania . Il est professeur, puis directeur d’école de 1900 à 1914, année où il entre au département d'État (Affaires étrangères des États-Unis)[2] : il quitte son poste de vice-président de la Delaware State Board of Education pour devenir consul des États-Unis à Fort Érié (Ontario, Canada)[3].

Il est ensuite consul des États-Unis à Curaçao (1916-1919) [4] puis Anvers (1919-1925), et en 1925 devient consul général des États-Unis pour la Belgique et le Luxembourg[5].

Messersmith est ensuite consul général des États-Unis à Buenos Aires (Argentine) de 1928 à 1930[2].

In 1930 Messersmith est nommé au poste de consul général des États-Unis à Berlin[6], et il assiste à la montée du nazisme[7]. Il est responsable du bureau qui fixe les quotas d’immigration aux États-Unis, et donne aux consuls américains en Europe la directive suivante : les candidats à l’immigration aux États-Unis doivent faire la preuve qu’ils ont des ressources et des biens suffisants pour vivre.

Alors qu’il est consul général à Berlin, Messersmith écrit en 1933 au département d'État une dépêche dans laquelle il se montre être à l’opposé de l’opinion générale : pour lui, Hitler est loin d’être un politicien sans avenir et sans soutien populaire : « J’aimerais, écrit-il, faire comprendre aux Américains que cette tendance belliqueuse se développe en Allemagne. Si leur gouvernement se maintient au pouvoir encore une année, et s’il continue à agir dans le même sens, il avancera à grands pas dans une direction : faire de l’Allemagne un danger pour la paix mondiale dans les années à venir. À part quelques exceptions, les hommes qui dirigent ce gouvernement ont un état d’esprit que ni vous ni moi ne pouvons comprendre. Quelques-uns sont des psychopathes qui ailleurs seraient sous traitement »[8].

Messersmith se fait en 1933 l'avocat d'un rapprochement avec l'URSS, pour contrer l'ascension de l'Allemagne nazie et ses visées expansionnistes (et cela lui sera reproché ultérieurement par ses ennemis).

En 1937 Messersmith met en rapport les anti-hitlériens Adam von Trott zu Solz et William Joseph Donovan. En 1938, par l'entremise du President's Advisory Committee on Political Refugees (PACPR) il soutient la mise en route de la conférence d'Évian en faveur des réfugiés juifs[9].

En 1938 Messersmith écrit à propos du Troisième Reich : « Devant un programme aussi ambitieux (il peut même paraître fou), je pense (et cela depuis plusieurs années) qu'il ne peut y avoir de paix en Europe tant que ce gouvernement restera au pouvoir en Allemagne »[10].

Messersmith quitte son poste à Berlin en  : Roosevelt le nomme ambassadeur des États-Unis en Uruguay [11], puis se ravise et l’envoie comme ambassadeur en Autriche avant qu’il ait pris son poste en Uruguay[12].

En 1936, alors qu'il est secrétaire d'État assistant des États-Unis, Messersmith essaie de lutter contre la tendance à l'isolationnisme de la politique étrangère US [13].

De 1937 à 1940 (entre ses postes comme représentant des États-Unis en Autriche et ambassadeur à Cuba), Messersmith est assistant du United States Secretary of State (secrétaire d'État des États-Unis) Cordell Hull.

Après l'attaque de Pearl Harbor par le Japon (), Messersmith écrit : « le Japon ne pouvait pas nous rendre un meilleur service » [14].

Messersmith est ambassadeur à Mexico de 1942 à 1946; pendant la guerre, il s'évertue à contrer les menées au Mexique des agents nazis.

Quand le Under Secretary of State Sumner Welles (en) est obligé de démissionner en 1943 (à la suite d'un scandale sexuel), la rumeur court selon laquelle Messersmith (alors ambassadeur à Mexico) pourrait devenir son successeur [15], mais finalement le président Roosevelt choisit Edward Stettinius, Jr..

Messersmith a été ambassadeur en Argentine (il y avait été consul de 1928 à 1930) de à  ; il a succédé à ce poste à Spruille Braden, qui pendant un bref séjour à Buenos Aires en 1945 avait mené une campagne active contre le colonel Juan Perón avant les élections de février 46 et, s'il n'avait pu empêcher l'élection à la présidence du futur dictateur, avait dressé la plupart des Argentins contre les États-Unis et leurs méthodes interventionnistes.

Messersmith et Spruille Braden (qui se sont succédé-précédé aux mêmes postes à Cuba et à Buenos Aires[16]) ont été en conflit ouvert quant à l’attitude des États-Unis vis-à-vis des États d’Amérique latine, et Braden, devenu (sous la présidence de Harry Truman) 2° Assistant Secretary of State for Western Hemisphere Affairs (du au ) l'emporte finalement : Messersmith perd son poste au département d'État[17]. Il se retire à Mexico, et mourra à Dallas.

Messersmith a figuré en première page du TIME Magazine le . Son biographe Jesse Stiller l'a surnommé « le diplomate de la démocratie » [18].

Les archives de George S. Messersmith ont été numérisées et mises à la disposition des chercheurs par l’université du Delaware [19] grâce à un don [20] de la National Historical Publications and Records Commission (NHPRC).

Sources modifier

Notes modifier

  1. dans l'introduction de sa biographie : https://www.questia.com/PM.qst?a=o&d=104466213#.%7CGeorge.
  2. a et b "Foreign Affairs: Career Man's Mission," Time, 1946-12-02.
  3. "National Affairs: Messersmith to Mexico," Time, 1941-12-08.
  4. à Curaçao, il parvient à déchiffrer un code secret allemand, ce qui permet d'arrêter une cellule allemande d'espionnage (selon www.fleetwoodpa.org/messersmith_george/).
  5. Stephen R. Wenn, "A Tale of Two Diplomats: George S. Messersmith and Charles H. Sherrill on Proposed American Participation in the 1936 Olympics," 16 Journal of Sport History 27, 30 (printemps 1989).
  6. (en) Stiller, Jesse H., George S. Messersmith, Diplomat of Democracy, Chapel Hill, University of North Carolina Press, (ISBN 978-0-8078-1721-6, lire en ligne).
  7. Peter Edson, " . . . Liberator or Dictator?" (commentary), Sandusky Register Star News, 1947-02-06 at p. 4.
  8. « I wish it were really possible to make our people at home understand how definitely this martial spirit is being developed in Germany. If this government remains in power for another year, and it carries on in the measure in this direction, it will go far toward making Germany a danger to world peace for years to come. With few exceptions, the men who are running the government are of a mentality that you and I cannot understand. Some of them are psychopathic cases and would ordinarily be receiving treatment somewhere. ». Lettre du 26 juin 1933 au sous-secrétaire d'État William Phillips visible sur http://www.fleetwoodpa.org/messersmith_george/phillips_letter_june_1933.htm.
  9. selon WP de, qui cite comme source Fritz Kieffer, Judenverfolgung in Deutschland--eine innere Angelegenheit?: internationale Reaktionen auf die Flüchtlingsproblematik 1933-1939 (Persécution des Juifs en Allemagne - une préoccupation interne ? : réaction internationale au problème des réfugiés de 1933 à 1939).
  10. « Ambitious as this program may seem, even mad as it may seem, my own personal opinion has been for some years, and remains, that there can be no peace in Europe as long as this present government remains in power in Germany. » Lettre (à Key Pittman, 1/9/1938) citée dans www.fleetwoodpa.org/messersmith_george/.
  11. "The Presidency: $20,000,000 Fine," Time, 1934-02-19.
  12. "The Presidency: Great Day," Time, 1934-04-02.
  13. selon WP de, qui cite Uwe Lübken, Bedrohliche Nähe: die États-Unis und die nationalsozialistische Herausforderung in Lateinamerika 1937-1945 (Menace imminente : les États-Unis et les provocations nazies en Amérique latine en 1937-1945).
  14. « Japan could have done us no better service ». Selon l'article « George S. Messersmith » de WP de, qui cite le livre de J.H. Stiller comme source : Jesse H. Stiller, S. Messersmith, diplomat of democracy, 1987, 346 S. S. 173.
  15. "One More Scalp," Time, 1934-09-06.
  16. voir en fin d'article le tableau « Fonctions diplomatiques ».
  17. Trask, Roger R. « Spruille Braden versus George Messersmith: World War II, the Cold War, and Argentine Policy, 1945-1947 » in Journal of Interamerican Studies and World Affairs, vol. 26, n° 1 (fév. 1984), pp. 69–95.
  18. à l'opposé de Spruille Braden, surnommé, lui, « le taureau de la démocratie ».
  19. (en) « George S. Messersmith Papers » (consulté le ).
  20. (en) « NHPRC Delaware Grants » (consulté le ).

Bibliographie modifier

  • Stiller, Jesse 1987 : George G. Messersmith, Diplomat of Democracy University of Carolina Press, (ISBN 978-0-8078-1721-6)
  • Trask, Roger R. « Spruille Braden versus George Messersmith: World War II, the Cold War, and Argentine Policy, 1945-1947 » in the Journal of Interamerican Studies and World Affairs, vol. 26, no 1 (fév., 1984), p. 69–95
  • Larson, Erik : In the garden of the beasts, Black Swan, 2011.