Gabriel Arnaud (peintre)

illustrateur, artiste peintre, romancier et chansonnier français
Gabriel Arnaud
Gabriel Arnaud dans son atelier des Lutins, 1990
Biographie
Naissance
Décès
(à 74 ans)
Montpellier
Nationalité
Activité

Gabriel Arnaud, né à Cordes-sur-Ciel le et mort à Montpellier le , est un illustrateur, artiste peintre, romancier et chansonnier français[1].

Il est l’auteur du roman rabelaisien du Paroissien (préfacé par Charles Trenet) et l’illustrateur de tirages d’art limités dont le Roman de Renart (préfacé par Jean Cocteau), des Fables de La Fontaine et d’Une saison en enfer.

Figure emblématique de Saint-Germain-des-Prés, il a interprété un riche répertoire (de Jean-Paul Sartre à Boris Vian...) et se fait remarquer par ses chansons à texte loufoques de 1938 à 1955. Ami intime de Charles Trenet, Juliette Gréco et Boris Vian, il est le témoin de l'âge d'or du music-hall avant de s'investir dans l'écriture de romans, l'illustration artistique de livres et la peinture.

Biographie modifier

Enfance modifier

Il naquit dans une famille conservatrice de Cordes-sur-Ciel (Tarn), installée à Montpellier.[réf. nécessaire]

Il est pensionnaire au petit séminaire (lycée Notre-Dame) de Mende.

En 1938, il revient dans sa famille, à Montpellier, où il fréquente les cabarets littéraires et artistiques. Il commence à exposer avec un groupe d’amis peintres avant-gardistes tels quel Jean Beauchamps, Max Holstein, Marcellie Porta, Julio Rosuero et Pierre Guenoun[2]. Ils se baptisent le « Groupe Jérôme Bosch », qui disparait à la fin de la guerre.

Saint-Germain-des-Prés modifier

Il s'installe à Paris et loge d'abord à l’hôtel La Louisiane puis dans une chambre du VIe arrondissement[3] (Marchand Valérie-Marie, 2009).

Il fréquente des caves du quartier Saint-Germain-des-Prés, notamment Les Trois Baudets et « La cave des intellectuels » qui deviendra le « Le Tabou »)[4]. Une carrière d'auto-compositeur et d'interprète commence. Dans un désordre festif, Gabriel Arnaud anime les entractes des concerts avec une bande de copains dont Gabriel Pomerand, Boris Vian et Juliette Gréco. Il s’adonne alors à la chanson parodique et surréaliste, liant Rabelais à Boby Lapointe, ce qui lui vaut le surnom de « Picasso de la chanson » ou encore de « monstre de Saint-Germain-des-Prés »[5] ; telle que « C’était un cheval de cirque/Un petit cheval amoureux/L’écuyère le tenait entre ses cuisses/Il en était vraiment très heureux. ». Simone de Beauvoir rapporte qu’il arrivait à se faire remarquer avec « ses chansons absurdes », son attitude raide et sobre [6] le faisant paraitre « indiscutablement sinoque et homosexuel » à côté des artistes présents vêtus « de manière ahurissante, archi-colorée, et dansent comme des fous »[4],[7].

Carrière modifier

Débuts modifier

(Il se lie avec Boris Vian, Juliette Gréco, Charles Trenet[8], celui-ci l'introduit dans le monde de l’édition. Gabriel Arnaud démarche tous les éditeurs pour sortir son premier roman illustré Le Paroissien - Roman Picaresque[9], qui ne verra le jour qu’après la Libération, accompagnée d’une préface de Charles Trenet[6].

Il expose du 12 au ses peintures et ses encres à la Galerie Albertine Scarlett à Paris[10], et mène une vie de bohême à travers la France.

Charles Trenet le présente à Jean Cocteau[11] avec qui il prépare une édition illustrée du Roman de Renard[12].

Durant les années 1952-1956, Gabriel Arnaud est peintre, illustrateur, poète et chanteur. Sa carrière d’illustrateur l’amène à travailler sur des tirages d’art limité dont celui des Seize Contes de Grimm en 1960.

Gabriel Arnaud se retire à Montpellier[13],[14].

Il connaît des échecs[15]. Durant l’hiver 1969-1970, il écrit un recueil de poèmes originaux autobiographiques, notamment sa relation avec Jean Cocteau[16], Le trésor du royaume, illustré de dessins à l'encre de Chine et lavis, achevé le . A partir de cette période, il consacre son temps entre les coteaux de son village d'origine Saint-Paul-et-Valmalle et son atelier Les lutins sise 19 rue des Orchidées à Montpellier. Ce retrait volontaire de scène artistique nationale, le plonge dans une recherche d'un vocabulaire graphique plus personnel.

La plupart de sa production finie dans des collections privées, lors de dons[17].

Il est interné à l'hôpital de la Colombière (Font d’Aurelle) où il continue à peindre. Il offre ses peintures au personnel soignant. Il meurt assassiné lors d’un cambriolage de son domicile en 1995, à 75 ans.( Midi libre Avril 1995).

Son atelier est tour à tour squatté et incendié. L'ensemble de sa production se retrouve dispersé dans des collections privées.

Expositions modifier

Œuvres modifier

Le musée Fabre de Montpellier possède des toiles de Gabriel Arnaud, à savoir deux vues de scène de foire. Les manuscrits et la correspondances ou encore les photographies ainsi que d'autres peintures sont disséminées dans plusieurs fonds privés.

Poésies modifier

Romans modifier

  • 1946 : Le Paroissien. Roman picaresque (Préface de Charles Trenet. Illustrations de l'auteur)

Illustrations d'éditions d'art modifier

  • 1952 : Le Roman de Renart (Préface et dessin original signé de Jean Cocteau)[18]
  • 1960 : Seize contes de Grimm (Trad. Guy Sonnier)[19]
  • 1960 : Les Fables de La Fontaine
  • 1962 : Arthur Rimbaud, Une saison en enfer

Peintures modifier

  • 1941 : Scène de foire ou de Sorcellerie (Musée Fabre, Montpellier, n°inv 66.112)
  • 1941 : Scène de foire dominée par la lune (Musée Fabre, Montpellier, n°inv 66.114)
  • 1945 : Le pays de sucre d’orge (huile sur toile, 50 x 60 cm, signé et daté au dos)
  • 1960 : Paysage (huile sur toile huile sur toile, signé en bas à droite et daté)
  • 1960 : Composition (aquarelle : 54,5 x 60 cm, signé en haut à droite et daté)
  • 1960 : Paysage (mine de plomb : 34,5 x 52,5 cm, signé en bas à droite et daté)
  • 1960 : Gare de montagne (crayon couleur : 34,5 x 52,5 cm, signé en bas à droite et daté)
  • 1962 : Paysage (lavis pour Une saison en enfer)

Notes et références modifier


Bibliographie modifier

  • Isabelle Laborie, Gabriel Arnaud : 1920-1995, Editions Coollibri, 2020, 86 p. (https://mediatheques.montpellier3m.fr/Default/doc/CAMO/1225577)
  • Isabelle Laborie, Gabriel Arnaud : sur les chemins du Midi, 2023, 29 p. (https://www.calameo.com/read/00342303275defae3789c)
  • Cahiers du sud, Volume 26, Numéros 275 à 282, 1946
  • Pierre Seghers, Poésie (Revue), Villeneuve les Avignon, (1940-1947), no 5, 1946, p. 3
  • Adrien Jean Quentin Beuchot, Cercle de la librairie (France), Bibliographie de la France, Au Cercle de la Librairie, 1952
  • La Revue de Paris, éd. Bureau de la Revue de Paris., 1954, Volume 61, Partie 1, p. 13
  • René Varin, L'Érotisme dans la littérature française, Éditions de la pensée moderne, 1969 (réimp.), 349 p.
  • Vincent Gille, Saint-Germain-des-Pres 1945-1950 : exposition -, Pavillon des arts, Ed. Paris-Musées, 1989, 255 p.
  • Jean Dubuffet, Jacques Berne, Lettres à J.B.: 1946-1985 : Collection Savoir sur l'art, Ed. Hermann, 1991, 430 p.
  • Michel Larivière, Homosexuels et bisexuels célèbres : le dictionnaire, Éditeur Delétraz, 1997, 393 p.
  • Bertrand Dicale, Juliette Gréco : Essais et documents, JC Lattès, , 744 p. (ISBN 978-2-7096-3181-5, lire en ligne)
  • Boris Vian, Œuvres : Manuel de Saint-Germain-des-Prés. Chroniques du menteur. Prière d'insérer. Conférences. Écrits pataphysiques. Critique. Science-fiction. Traité de civisme, vol. 4, Fayard, (ISBN 978-2-213-60242-4, lire en ligne)
  • Gérard Bonal, Saint-Germain-des-Prés, Ed. Le Seuil, 2004, 321 p.
  • Jean Dufournet, Michael Freeman, Jean Dérens, Villon et ses lecteurs : Actes du colloque international des 13- organisé à la bibliothèque historique de la ville de Paris, Champion, 2005, 337 p.
  • Jean Cocteau, Pierre Chanel, Le passé défini : 1956-1957, Ed. Gallimard, 2006, Vol. 5
  • Claude Jeancolas, Le regard bleu d'Arthur Rimbaud, FVW, 2007, 143 p.
  • Valérie-Marie Marchand, Boris Vian, le sourire créateur, Ed. Écriture, 2009, 500 p,
  • Jean-Philippe Segot, Charles Trenet à ciel ouvert, Ed. Fayard, 2013, 688 p.
  • Frédéric Jacques Temple, Beaucoup de jours, Actes Sud Littérature, 2017, 391 p.

Liens externes modifier

  1. « Le peintre-chansonnier Gabriel Arnaud retrouvé mort dans son appartement de Montpellier », sur Libération.fr, (consulté le )
  2. Méridien : art, pensée, littérature, (lire en ligne)
  3. Valère-Marie Marchand, Boris Vian, le sourire créateur, Ecriture, , 364 p. (ISBN 978-2-909240-99-2, lire en ligne)
  4. a et b Dicale 2001.
  5. Vincent Gille, Saint-Germain-des-Pres 1945-1950 : exposition 6 octobre 1989-7 janvier 1990, Pavillon des arts, Paris-Musées, , 255 p. (ISBN 978-2-905958-07-5, lire en ligne)
  6. a et b Vian 2002.
  7. Gérard Bonal, Saint-Germain-des-Prés, Le Seuil, , 321 p. (ISBN 978-2-02-111925-1, lire en ligne)
  8. Jean-Philippe Segot, Charles Trenet à ciel ouvert, Fayard, , 688 p. (ISBN 978-2-213-66930-4, lire en ligne)
  9. Michel Larivière, Homosexuels et bisexuels célèbres : le dictionnaire, Delétraz, (lire en ligne)
  10. Jean Dubuffet et Jacques Berne, Lettres à J.B. : 1946-1985, Hermann, (lire en ligne)
  11. Jean Dufournet, Michael Freeman et Jean Dérens, Villon et ses lecteurs : Actes du colloque international des 13-14 décembre 2000 organisé à la bibliothèque historique de la ville de Paris, Champion, , 337 p. (ISBN 978-2-7453-1118-4, lire en ligne)
  12. La Revue de Paris, Bureau de la Revue de Paris., (lire en ligne)
  13. Claude Jeancolas, Le regard bleu d'Arthur Rimbaud, FVW, (lire en ligne)
  14. Frédéric Jacques Temple, Beaucoup de jours, Actes Sud Littérature, (ISBN 978-2-330-08940-5, lire en ligne)
  15. Michel Larivière, Homosexuels et bisexuels célèbres : le dictionnaire, Delétraz, (lire en ligne)
  16. Jean Cocteau, Le passé défini : 1955, Gallimard, (lire en ligne)
  17. Messages.fr, « Gabriel ARNAUD : 1920-1995 écrit par Isabelle LABORIE », sur www.coollibri.com (consulté le )
  18. Bibliographie de la France, Au Cercle de la Librairie, (lire en ligne)
  19. Jacques Lafitte et Stephen Taylor, Qui est qui en France, J. Lafitte., (lire en ligne)