Les locomotives à vapeur de la série G8 étaient des machines à quatre essieux moteurs couplés de la classe des 040.

La G8 4981 en livrée des KPEV

Histoire de la locomotive de la photo modifier

Le cas de la G8 qui figure en illustration ci-contre est assez exceptionnel. Construite en 1913, elle fut durant la Première Guerre mondiale affectée aux Chemins de fer de Bagdad en Turquie alors en construction. Après cette guerre, elle fut récupérée par les Chemins de fer turcs (TCDD) où elle portait le numéro 44 079. En 1987, la locomotive encore en état de marche, fut amenée en Allemagne. Restaurée dans son état d'origine, portant la livrée des KPEV avec son numéro initial 4981, elle est désormais propriété du musée ferroviaire de Darmstadt-Kranichstein.

Genèse modifier

Elles ont été construites pour les chemins de fer du royaume de Prusse (KPEV) à partir de 1902 et jusqu'en 1913 à 1054 exemplaires par les firmes suivantes :

Ce furent les premières machines de ce réseau à être équipées de la « surchauffe » et ce fut une des premières applications des principes de Robert Garbe. Avec leur charge de 14 tonnes par essieu, elles étaient très adaptées pour la remorque de train de marchandises sur des voies faiblement armées.

Description modifier

Ces Eight Wheel disposaient d'un moteur à deux cylindres à simple expansion et la distribution était du type « Heusinger ». Le foyer était un foyer de type « Crampton » à grille rectangulaire et interne aux longerons. L'échappement était fixe de type « Allemand » avec une cheminée étroite et cylindrique. La porte de la boîte à fumées était en saille.

Une variante plus puissante, mais également plus lourde fut développée, avec une charge par essieu de 17 tonnes : appelée dans un premier temps « G8 renforcée », elle est surtout connue sous la dénomination de G8.1.

Utilisation et services modifier

Après la Première Guerre mondiale, un certain nombre de G8 fut attribué au titre des prestations d'armistice comme réparations de guerre à certains pays vainqueurs. Sur les 1054 unités construites, 656 machines furent récupérées par la Deutsche Reichsbahn (DRG) à sa création en 1924. Elles furent classées dans la série 55.16-22. En Allemagne, les dernières machines de cette série furent réformées en 1965 par la DR en République démocratique allemande et en 1971 par la DB en République Fédérale d'Allemagne.

Les G8 en France modifier

G8 5380 à 5389 et 5391 à 5393 (AL) modifier

  • Les dix premières machines (n° 5380 à 5389) ont été attribuées à l’Administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine au titre des prestations d'armistice. Leur date de construction s'échelonne de 1907 à 1913 pour les plus récentes et leur origine géographique est très variée.
  • Les trois dernières sont des locomotives abandonnées par les Allemands en Alsace-Lorraine, considérées comme prises de guerre. Les 5391 et 5392 appartenaient à la direction prussienne de Sarrebruck et la 5393 à celle de Mayence. Elles avaient été construites toutes les trois par les ateliers Vulkan Werke, les deux premières en 1906 et la dernière en 1909.

Dès leur affectation à l'AL, ces locomotives ont été placées dans les mêmes roulements que les G8.1, mais elles ont été réformées rapidement, en 1934. Les versions divergent à propos du destin de ces locomotives après 1934. Il est possible qu'elles aient toutes été mises à la ferraille ou que certains exemplaires, voire l’entièreté de la série, aient été revendus aux chemins de fer turcs, qui exploitaient déjà des G8 venues d'Allemagne durant la guerre[1],[2].

Série 11 S n° 4801 à 4831 (EST) modifier

Ces locomotives furent attribuées à la Compagnie des chemins de fer de l'Est au titre des prestations d'armistice à la suite de la Première Guerre mondiale. Elles furent classées série 11 S 4801 à 4831 en se basant sur l'ancienneté des machines. Elles circulèrent sur toutes les lignes faiblement armées de la compagnie en tête de trains léger de marchandises. À la création de la SNCF elles furent réimmatriculées : 1-040 C 801 à 831. En 1941 21 d'entre elles furent cédées au chemin de fer Syrie-Liban (Damas-Hama et prolongements). Les 4 dernières survivantes en France furent réformées au printemps 1951.

4.572 à 4.598 (NORD) modifier

Ces 27 locomotives furent attribuées à la Compagnie des chemins de fer du Nord au titre des prestations d'armistice à la suite de la Première Guerre mondiale. Elles circulèrent sur toutes les lignes faiblement armées de la compagnie en tête de trains léger de marchandises. À la création de la SNCF elles furent réimmatriculées : 2-040 C 1 à 27.

En 1939, l'ensemble de la série rejoint les 21 040 C entre 801 et 831 sur le Damas-Hama et prolongements.

Les dix locomotives utilisées par le Chemin de Fer de l'Etat Libanais (huit ex-Nord et deux ex-Est) existent toujours en mauvais état à Rayak et Tripoli tandis que la 44059 turque, ex 4.578 Nord, était toujours visible en 2007 à Çankırı[3].

Les G8 en Italie modifier

Les G8 au Liban modifier

 
Trois G 8, dont la 109 (ex-Nord 4.586), au dépôt de Tripoli.

La société, sous domination française, du Chemin de fer de Damas-Hama et prolongements (ex Société ottomane du chemin de fer de Damas-Hama et prolongements) posséda en tout 48 G 8, ex SNCF, qui lui auraient été vendues en 1939[2],[4]. Cette série comprendrait 21 exemplaires des Chemins de fer de l'Est et tous les exemplaires des Chemins de fer du Nord. Un exemplaire est déjà mis à la ferraille en 1945.

Après la dissolution du DHP, 10 exemplaires[5] (dont 8 ex Chemins de fer du Nord) se retrouvèrent au Liban, 25 en Syrie[2] et au moins 5 en Turquie (l'origine de 23 autres G 8 turques reste incertaine)[4]. Le destin des 7 locomotives restant est inconnu.

Le Chemin de Fer de l'Etat Libanais (CEL) les numérota 101 à 110[5]. Plusieurs exemplaires roulaient encore dans les années 1970 et possédaient encore des tampons et portes de boîte à fumée "Nord"[1]. En 2020, l'ensemble de la série existe encore, à l'abandon.

De nombreuses locomotives ex DHP, dont six G 8[6], trônent depuis 1976[7], au dépôt de Rayak (Riyaq)[6],[8] et quatre autres G 8 sont également visibles dans le dépôt en ruines de Tripoli[9].

Les G8 en Turquie modifier

 
La 44015 exposée en monument à Ankara.

Les Chemins de fer de l'État de la République de Turquie (TCDD) ont possédé 83 G8 d'origine diverse, numérotées 44001 à 44083[2].

Les 47 premières étaient des G8 prussiennes fournies par l'Allemagne à la Turquie comme aide militaire durant la Première Guerre mondiale ;

En 1924, la société ottomane du chemin de fer Smyrne Cassaba et prolongements (de) (SCP) fit construire par Linke-Hoffman (de) 9 G8 plus modernes, dotées d'une cabine de G8.1[10]. Après la nationalisation du SCP en 1934, elles ont été renumérotées 44048 à 44056.

Dans les années 1940, la Turquie acquiert au moins cinq G8 (ex SNCF) de la société ottomane du chemin de fer de Damas-Hama et prolongements. Elles sont numérotées 44057 à 44061.

L'origine des 44062 à 44083 est méconnue. Cette série comprendrait :

Aux 44001 à 44083 s'ajoutent des 040 construites en 1909 Henschel et en 1913 par Maffei (44103 à 44108) pour les CFOA et neuf locomotives plus proches des G8.1, construites par Henschel en 1913 pour les Chemins de fer Orientaux (CO) numérotées 44501 à 44509.

Les dernières G8 turques étaient encore en service dans les années 1980. Il resterait un maximum de 8 exemplaires en Turquie[3] :

  • les 44015, 017, 019[11], 041, 062[12] et 071[13] sont préservées dans des musées ou exposées dans plusieurs gares.
  • les 44043, 055, 059 et 069, à l'abandon, étaient toujours visibles dans les années 2000/2010.

Tenders modifier

Les tenders qui leur étaient accouplés étaient de 4 types :

  • soit des tenders à 3 essieux contenant 12 m3 d'eau et 5 t de charbon immatriculés :
    4801 et 4802, 4804 à 4815 et 4817 à 4820 à l'Est puis : 1-12 B 801 et 802, 804 à 815 et 817 à 820
  • soit des tenders à bogies contenant 15 m3 d'eau et 5 t de charbon immatriculés :
    4816 et 4821 à 4826 à l'Est puis : 1-15 A 816 et 821 à 826
  • soit des tenders à bogies contenant 16 m3 d'eau et 5,6 t de charbon immatriculés :
    4827 à 4831 à l'Est puis : 1-16 A 827 à 831
  • soit un tender toujours à bogies mais contenant 21,5 m3 d'eau et 7 t de charbon immatriculé :
    4399 à l'Est puis : 1-21 E 399

Caractéristiques modifier

  • Pression de la chaudière : 12 kg/cm2
  • Surface de grille : 2,25 m2
  • Surface de chauffe : 139 m2
  • Surface de surchauffe : 40,4 m2
  • Diamètre et course des cylindres : 600 mm × 660 mm
  • Diamètre des roues motrices : 1 350 mm
  • Masse à vide : 50 t
  • Masse en ordre de marche : 57,3 t
  • Masse adhérente : 57,3 t
  • Longueur hors tout : 10,545 m
  • Vitesse maxi en service : 55 km/h
  • Puissance développée : 1 100 ch

Notes et références modifier

  1. a b et c « 1 et 2-040 C : Petites sœurs des 040 D », Loco-Revue, no 636,‎ , p. 38-42
  2. a b c d et e Demiryolu, « Trains of Turkey - Steam / 44001 browse », sur www.trainsofturkey.com (consulté le )
  3. a et b « Trains of Turkey | Steam / Preserved Steam Engine », sur www.trainsofturkey.com (consulté le )
  4. a et b « CEL - Lebanese Railways », sur almashriq.hiof.no (consulté le )
  5. a et b « CEL - Lebanese Railways », sur almashriq.hiof.no (consulté le )
  6. a et b (en) « Lebanon’s German G 8 steam trains », sur @GI_weltweit (consulté le )
  7. (en) « Lebanon’s last living train driver: 'I’ll be in line to drive the first machine they start up' », sur The National (consulté le )
  8. (en-GB) « Lebanon's Derelict Railway Network », sur James Kerwin Photographic (consulté le )
  9. « La gare de Tripoli | Détails d'Architecture », sur www.detailsdarchitecture.com (consulté le )
  10. M. Kißler, « 44055 + 44069 Dinar 28.02.10 », sur Flickr.com, (consulté le )
  11. (en-US) « Orient-Express 5: Dogu Ekspresi (50 p.) », sur RailroadForums.com - Railroad Discussion Forum and Photo Gallery (consulté le )
  12. « trgz_180510 », sur web.deu.edu.tr (consulté le )
  13. « RailPictures.Net Photo: 44071 TCDD Steam 0-8-0 at Usak, Turkey by Reinhard Reiss », sur www.railpictures.net (consulté le )

Sources modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier