Fours à chaux du Fossé-Neuf et Sainte-Catherine

vestiges d'activité humaine

Les fours à chaux du Fossé-Neuf et de Sainte-Catherine sont situés sur la commune française déléguée de Bouzillé, commune d'Orée-d'Anjou, dans le département de Maine-et-Loire en Pays de la Loire.

État, accès et visibilité modifier

Four à chaux du Fossé-Neuf modifier

Il est situé au lieu-dit Le Fourneau, à la sortie du hameau du Fossé-Neuf en direction du sud-ouest, par la rue des fours à chaux. La route longe la sa rampe d'accès et la tour du four est parfaitement visible. L'ensemble est aménagé en habitation privée.

Fours à chaux de Sainte-Catherine modifier

Ils sont situés au lieu-dit Sainte-Catherine, 200 mètres après le four du Fossé-Neuf, sur la même route, en venant du hameau du Fossé-Neuf. La rampe d'accès est perpendiculaire à la route et aboutit à deux tours. La carte IGN montre l'existence d'un chemin longeant la rampe d'accès et passant à proximité des deux tours[1],[n 1].

Sur le bord de la route des fours à chaux, du côté opposé aux fours, on a la présence de vestiges de boxes à chevaux.

Histoire modifier

Four du Fossé-Neuf modifier

Le four du Fossé-Neuf a été construit par Pierre Meslin, à l'issue d'un contrat signé en 1803 et aurait ensuite appartenu à la famille Angebaud[2].

Il cesse son activité en 1939, à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale[2].

Fours de Sainte-Catherine modifier

Ces fours à chaux ont une origine ancienne. Les étapes de construction ou de reconstruction au XVIIIe siècle décrites par différents auteurs mériteraient d'être vérifiées par examen de sources d'origine.

Période ancienne modifier

Un four ancien appartenait à la seigneurie de la Pierre-Bouedron, puis au XVe siècle par le mariage de Catherine Gaillard, dame de la Pierre-Bouedron, avec Christophe Chabot, seigneur de Liré[3]. Ce four était exploité par les religieux du prieuré Sainte-Catherine[4].

Certains auteurs mentionnent un menhir ou un dolmen enfoui sous la rampe d'accès aux fours[5],[6].

XIXe siècle modifier

En 1830, le cadastre napoléonien[7] montre clairement l'existence à Sainte-Catherine de l'ensemble constitué d'une rampe d'accès menant à deux fours, identiques à ceux qui existent actuellement.

En 1842, Victor Duhoux, un industriel de la chaux, notamment propriétaire de ceux de Liré, acquiert de deux fours à chaux à Bouzillé[9]. À son décès en 1862, son gendre Aimé Oger devient propriétaire des fours à chaux et des carrières de Liré et de Sainte-Catherine[11].

Pascal Girault[12] fait état d'une autorisation accordée en 1850 aux frères Gontard pour la construction de deux fours près de la carrière Sainte-Catherine.

Paru entre 1876 et 1878, le dictionnaire historique du Maine-et-Loire de Célestin Port fait état de deux fours à Sainte-Catherine dont un n'est plus en activité[13]. Cela semble en contradiction avec d'autres auteurs[14],[15],[16], pour qui 1870 marquerait l'arrêt de l'activité des fours de Sainte-Catherine. Il y a donc une incertitude sur la période d'activité de chacun de ces deux fours.

XXe siècle modifier

En 1918, les fours et carrières de Sainte-Catherine sont vendus par l'héritière d'Aimé Oger à une entreprise qui s'en sert pour ses besoins en pierres calcaires. En 1955, l'ensemble est vendu à un particulier[17].

Fours en activité modifier

Les carrières présentes sur place servent à l'approvisionnement en pierre calcaire. La chaux produite en excès repart par le port de la Rabotière, sur la Loire[18]. Le four du Fossé-Neuf aurait employé jusqu'à 50 personnes[16]. En 1991, Bernard Perrouin[2] écrit :

« Il était le dernier en service dans la région. Ce four avait un rendement exceptionnel et produisait de la chaux de grande qualité, ce qui explique sans doute sa longévité. Deux anciens peuvent encore en témoigner aujourd'hui, le père Louis Guindré (83 ans) des Léards de Liré le père Pierre Chéné (87 ans) du bourg de Bouzillé. Ils y ont travaillé. »

Personnalités modifier

Pierre Meslin (1762 - 1850) modifier

Pierre Clément Meslin est né le à Varades. Ses parents, Clément Meslin et Catherine Abline (ou Abeline), se sont mariés à Saint-Herblon le .

Il dirige le four à chaux des Garennes de Liré, jusqu'à sa destruction par un tremblement de terre en 1799, puis fait construire le four à chaux du Fossé-Neuf à Bouzillé[19]. Certains auteurs[20] indiquent qu'il viendrait de Montjean-sur-Loire et serait apparenté à la famille Clemenceau, qui exploite des fours à chaux à Montjean-sur-Loire[21].

Il se marie à Bouzillé le avec Marie Allaire, domiciliée à Liré. L'acte de mariage[22] précise que Pierre Meslin a 43 ans, est domicilié à Varades et exerce la profession de fournellier propriétaire[23]. Marie Allaire a 27 ans, est née à Liré et y est domiciliée. Son père est laboureur.

Ils ont trois enfants nés à Bouzillé : Marie-Catherine est née le [24]. L'enfant est déclaré par son grand-père paternel, ce qui signifie probablement que le père est absent de la commune à ce moment-là. Jeanne est née le [25] et Pierre Clément, né le . Sur ces actes, Pierre Meslin est dit fournellier propriétaire en 1805, puis marchand de chaux ensuite.

Pierre Meslin décède le [n 2]. L'acte de décès[26] le dit âgé de 54 ans[n 3], né à Varades, propriétaire chaufournier, et demeure au Fossé-Neuf de Bouzillé. Nous n'avons pas d'indication d'un remariage de sa femme Marie Allaire, malgré le jeune âge de ses enfants.

Enfants modifier

Sa fille Marie-Catherine épouse René Gontard, de Bouzillé, dont elle a au moins un enfant, Émile René Pierre né le . Il s'agirait d'un des frères Gontard qui, selon Bernard Perrouin et Pascal Girault[12],[14] auraient demandé autorisation de construire des fours à Sainte-Catherine en ou vers 1850. Georges Linden[27]. donne les prénoms des deux frères : Emile et Eugène[n 4]. Devenue veuve en 1832, Marie-Catherine épouse Jean Baptiste Louis Davodeau, instituteur à Bouzillé. Les actes la montrent toujours domiciliée au Fossé-Neuf à Bouzillé.

La fille cadette, Jeanne, épouse Jean-Félix Angebault. Le mariage a nécessité un acte notarial, signé à Ancenis le , qui atteste l'autorisation des parents du marié, absents au mariage. Le marié, âgé de 30 ans, est propriétaire à Ancenis. De ce mariage sont issus au moins trois enfants nés à Bouzillé entre 1834 et 1838[28].

Son fils, également appelé Pierre Clément Meslin, décède le . Il a 40 ans, est dit propriétaire et demeurait au fourneau à Bouzillé. Un des déclarants est Emile Gontard, son neveu, propriétaire, demeurant également au fourneau de cette commune. Il n'a manifestement jamais été marié.

Voir aussi modifier

Archives départementales en ligne modifier

Pour consulter les pièces d'archives référencées en notes :

  • « Archives de l'état-civil en ligne (49) », sur Archives départementales du Maine-et-Loire. Sélectionner « Archives en ligne », puis « Registres paroissiaux et d'état-civil ».
  • « Archives de l'état-civil en ligne (44) », sur Archives départementales de Loire-Atlantique. Sélectionner « Archives numérisées », puis « Généalogie », puis « Registres paroissiaux et d'État-civil »[quelle commune ?].

NMD = Naissance, Mariage, Décès

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Brevet et al. 1992] Robert Brevet (trad. André Sarazin, préf. Jean Sauvage, ill. René Claveyrolas), Le petit Liré de Joachim Du Bellay : son histoire, Maulévrier, Hérault, , 222 p., p. 170-176.  .
  • [Émeriau 1997] Isabelle Émeriau, « Les Duhoux : deux générations de propriétaires de fours à chaux à Liré (1833-1914) », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. 104, no 3 « Mines, Carrières et sociétés dans l'histoire de l'Ouest de la France »,‎ , p. 133-138 (lire en ligne).  .
  • [Girault & Lemaire 2011] Pascal Girault et Gabriel Lemaire, La chaux en Anjou : Une industrie oubliée, Ballan-Miré, éd. Les Caves se rebiffent, , 160 p., p. 122.  .
  • [Linden] Gérard Linden, Les mots des mines et carrières du Maine-et-Loire, Cheminements, , 253 p. (ISBN 978-2-84478-332-5, lire en ligne).  .
  • [Perrouin 1991] Bernard Perrouin, « Les fours à chaux du pays d'Ancenis », Histoire et Patrimoine au Pays d'Ancenis, no 2,‎ , p. 11.   .

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Chemin non accessible en 2016 en raison de clôtures.
  2. Et non en 1850 comme l'affirme Linden 2004, p. 70. C'est son fils, aussi prénommé Pierre Clément, qui décède en 1850.
  3. 52 ans en réalité.
  4. Il reste donc à trouver des sources d'archives concenrant Eugène Gontard, apparenté à Emile Gontard et adulte en 1850.

Références modifier

  1. « Sainte-Catherine, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées.
  2. a b et c Perrouin 1991, p. 11 : « Le contrat fut signé le 28 prairial de l'an XII de la République soit le 17 juin 1803. Le four coûta au total 1500 livres tournois. Le prix des quatorze mille briques nécessaires à la construction du four s'éleva à 370 livres tournois. Les briques venaient de chez Messieurs Dubillot et Jean Colommier, tuiliers à la Fosse à l'Ane du Fuilet. »
  3. Brevet 1992, p. 172 : « Le four de Sainte-Catherine appartenait jadis à la seigneurie de la Pierre-Bouedron en Bouzillé. Il était venu appartenance de Liré, au XVe siècle, par le mariage de Catherine Gaillard, dame de la Pierre-Bouedron, avec Christophe Chabot, seigneur de Liré ».
  4. Brevet 1992, p. 172 : « Ce four était exploité par les religieux du prieuré de Sainte-Catherine qui dépendait de l'abbaye Toussaint d'Angers. Ceux-ci en payaient quatre deniers de redevance féodale, à régler sur la "pierre" ayant donné le nom du domaine". Cette pierre (menhir ou dolmen) se trouve enfouie sous la rampe du four ».
  5. Brevet 1992, p. 172 : « cette pierre (menhir ou dolmen) se trouve enfouie sous la rampe du four ».
  6. Perrouin 1991, p. 11 : « la rampe d'accès de ces fours recouvre le menhir de la pierre Bouédron. »
  7. Archives départementales de Maine-et-Loire http://www.archives49.fr/, Plans cadastraux napoléoniens, commune de Bouzillé, 1830. Section A1 Les Rétinières. Consultés en ligne le 2 janvier 2017
  8. Mc Esmein, notaire à Nantes|AD Loire-Atlantique, 4 E 12/294, 13 juin 1842
  9. Emeriau 1997 : Duhoux devient propriétaire de deux fours à chaux à Bouzillé avec les bâtiments, les chemins, la charbonnerie pour la somme de 10 000 francs[8].
  10. AD Maine-et-Loire, 3 Q 4259 1er mai 1863 succession de Victor Duhoux
  11. Emeriau 1997 : « À la mort de Victor Duhoux en 1862 — la société n'existait plus puisque sa durée avait été fixée à vingt ans — , la succession faisait apparaître qu'il possédait « 5 fours à chaux des Léards en Lire et Bouzillé avec les terrains servant à leur exploitation et le port sur le bord de la Loire (3 hectares), les carrières calcaires et terrains calcaires, 6 maisons d'ouvriers, 3 écuries, 3 hangars, 3 magasins à chaux, 3 maisons servant aux commis, le tout formant un seul établissement industriel d'un revenu brut de 17 000 francs ». »[10].
  12. a et b Girault 2011 : « Vers 1850, les frères Gontard sont autorisés à construire deux fours près de la carrière Sainte-Catherine non loin du précédent. »
  13. Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire. Édition originale. Archives départementales de Maine-et-Loire http://www.archives49.fr/, article Bouzillé : "Deux fours à chaux exploitent un banc de calcaire, compris entre la Vasinière et le Clos des Pierres, l'un au Fourneau, l'autre à Ste-Catherine, qui en possède un troisième non en activité. Cette industrie locale approvisionnait les Mauges dès les premières années du XVIe s."
  14. a et b Perrouin 1991
  15. Brevet 1992
  16. a et b Girault 2011
  17. Brevet 1992, p. 176 : « L'héritière de M. Oger, Mme Legal, vendit en 1918 les fours du Fourneau de Sainte-Marie (note: à Liré) et de Sainte-Catherine, en Bouzillé, avec leurs différentes carrières dont les pierres calcaires servirent à répondre aux besoins des acquéreurs, les Forges et Aciéries de Trignac en Loire-Inférieures. Cette dernière entreprise devait, en 1955, vendre les fours des Garennes et du Fourneau (note: à Liré) avec leurs douze hectares de carrières à M. Gallard, tandis que M. Bivot, un professeur d'Ancenis, achetait les fours de Sainte-Catherine et les quatre hectares de carrières joignant sa propriété. »
  18. Brevet 1992, p. 172 : « Comme pour le four des Garennes, l’excédent de la production de Saint Catherine était expédié parla Loire version les différentes régions. Les chalans partis d'un port privé établié à la Rabotière et appelé encore au milieu du XIXe siècle Port de la Boudonnaye, nom du dernier seigneur de Liré, propriétaire du four et des carrières Saintes Catherine ».
  19. Brevet 1992, p. 170 : « Après la révolution, un certain Pierre Meslin, chaufournier venu de Montjean, dirigeait le four médiéval des Garennes. En 1799, un tremblement de terre fit s'écrouler l'antique bâtiment. Meslin partit alors à Bouzillé pour créer une nouvelle entreprise au Fossé-Neuf ».
  20. Brevet 1992, p. 170, Linden 2004, p. 70.
  21. Les sources d'époque consultées ne permettent pas d'étayer ces informations.
  22. AD49 Bouzillé - NMD - an X-1806, p. Vue 85 et 86 / 119 (30 Pluviôse an XIII).
  23. Selon Linden 2004, p. 82, 117 : Fournelier, synonyme de chauffournier. Chauffournier, ouvrier qui récupération la chaux à la sortie des fours.
  24. AD49, Bouzillé - NMD - an X-1806, p. Vue 41 / 119.
  25. AD49, Bouzillé - NMD 1807 - 1810, p. Vue 7/107.
  26. AD49, Bouzillé - NMD 1811 - 1814, p. Vue 121/123.
  27. Linden 2004, p. 70 : « Ce n'est que dans les années 1850 que MM. Emile et Eugère Gontard décidèrent de construire un four à chaux double à Sainte-Catherine, au même endroit. »
  28. AD49 Bouzillé, p. ?.