La fourberie de Douai, ou l’affaire du faux-Arnauld, est un épisode de la controverse à laquelle se livrèrent les jésuites et les jansénistes au XVIIe siècle.

Quand Louis XIV conquiert Douai en 1667, il dote largement son université, ruinée par la guerre, mais se heurta à des résistances liées au gallicanisme.

Lors de l'affaire de la régale, les professeurs de théologie de Douai refusèrent d'accepter la Déclaration des quatre articles et furent cassés. Pour les remplacer, on ne trouva que des jansénistes.

Afin de les écarter, une obscure machination fut montée, dont l'exécutant était un secrétaire de l'évêque de Namur. Les jésuites de Douai y jouèrent sans doute un rôle non négligeable, et Versailles semble avoir soutenu, voire commandité le projet.

Le stratagème consistait en une mystification basée sur des fausses lettres d'Antoine Arnauld alors exilé à Bruxelles, et visait à confondre les professeurs jansénistes afin de les obliger à dévoiler leurs sentiments. Il aboutit à l'éviction de plusieurs maîtres : l'affaire fut dévoilée devant l'université et les principaux dupes reçurent des lettres de cachet pour le Carême de 1692, dont François Delaleu, docteur et professeur à la faculté de théologie de Douai et régent du Collège du Roi à Douai, et Philippe Rivette, docteur et professeur de théologie à Douai.

Article connexe

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Références

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  • Gilbert Dehon, La fourberie de Douai (1690-1692) : un stratagème politique et religieux à la fin du XVIIe siècle, vol. 51, t. 1, Facultés catholiques, coll. « Mélanges de sciences religieuses », , p. 81-91
  • Gilbert Dehon, L'Université de Douai dans la tourmente (1635-1765) : heurs et malheurs de la Faculté des arts, Lille, Presses Universitaires Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », , 303 p. (ISBN 978-2-85939-563-6, LCCN 99181061, lire en ligne)

« Cette université de la Contre-Réforme, fondée en 1562, fut marquée par l'influence jésuite dès 1567. Les bénédictins y fondèrent également deux collèges. Le XVIIe siècle, à Douai, fut marqué par de grandes turbulences. Dès 1640, la guerre ravagea le pays, jusqu'à la conquête française en 1667. Louis XIV voulut restaurer l'université, mais très vite, il se heurta à ses résistances dans l'affaire du gallicanisme (1682). Puis, dans la querelle janséniste, la fameuse "fourberie de Douai" permit au pouvoir royal d'éloigner les maîtres proches d'Antoine Arnault. Le XVIIIe siècle s'ouvrit sur une victoire des jésuites: le roi leur confiait à perpétuité, dès 1705, la chaire royale de mathématique fondée pour eux par le gouverneur de Douai. Les jésuites entraient ainsi dans le conseil de l'université, bientôt suivis par les bénédictins à la fin des années 20. Ainsi les réguliers partageaient le pouvoir avec les séculiers et les autorités municipales. Cependant, dès 1749, un nouveau règlement plaçait l'université sous la férule du parlement de Flandres. Puis, en 1755, le gouverneur des Pays-Bas autrichiens, Charles de Lorraine, interdisait à ses sujets d'aller étudier et même enseigner à Douai. L'université était ainsi réduite à sa dimension nationale. En 1764, après deux ans de résistance, le Parlement de Flandres se résigna à expulser les jésuites, plaçant ainsi une large partie de l'université sous la coupe des évêques et du pouvoir séculier. Tel fut le destin de cette école importante, qui comptait plus de 1000 étudiants, et qui fut en tous points très fidèle au Saint-Siège. La tradition douaisienne fut surtout mathématique et théologique. Université pauvre en prébendes comme en pensions, Douai n'eut pas l'éclat de nombre d'universités soutenues par le pouvoir, mais elle sut rester libre, face au roi, face à l'épiscopat. Elle se voua surtout à la défense de l'orthodoxie face au jansénisme. »