Dyspnée

gêne respiratoire
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La dyspnée[1] est une gêne respiratoire ressentie par le patient.

Elle doit être distinguée d'une détresse respiratoire ou d'une insuffisance respiratoire dont elle n'est pas forcément synonyme.

On distingue plusieurs types de dyspnées avec 3 caractéristiques principales :

  • la difficulté à inspirer de l'air (ou faire entrer de l'air dans ses poumons), ou dyspnée inspiratoire ;
  • et la difficulté à expirer de l'air (ou faire sortir de l'air de ses poumons), ou dyspnée expiratoire ;
  • la dyspnée aux 2 temps, inspiratoire et expiratoire.

Cette difficulté à respirer comporte une composante subjective, représentée par la gêne éprouvée par le patient, et une composante objective.

Signes cliniques aperçus modifier

  • Une respiration trop lente (bradypnée) ou trop rapide (tachypnée).
  • Des signes de lutte respiratoire, non obligatoire, et plutôt évocateur d'une détresse respiratoire que d'une dyspnée simple, par mise en œuvre des muscles respiratoires accessoires non utilisés habituellement :
    • un tirage respiratoire, qui peut être sus-sternal ou intercostal ;
    • la respiration thoraco-abdominale ;
    • respiration à lèvres pincées, appelé frein expiratoire ;
    • chez l'enfant :
      • le battement des ailes du nez,
      • le grunting, bruit caractéristique ressemblant au ronronnement d'un chat et témoin d'un épuisement respiratoire.
  • Un sifflement respiratoire (sibilants, wheezing).

Différents types de dyspnée modifier

L'analyse des différents types de dyspnée dépend de l'allongement du temps respiratoire impliqué.

Dyspnée expiratoire modifier

On observe un allongement de la durée de l'expiration (normalement d'une durée du double de l'inspiration).

Elle est le signe d'une atteinte plutôt des voies aériennes basses ou des poumons.

  • L'asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) provoque typiquement une dyspnée expiratoire avec frein expiratoire, sibilants et respiration à lèvre pincée.

Dyspnée inspiratoire modifier

Le cornage (à ne pas confondre avec le stridor) est le signe de la dyspnée inspiratoire, bruit caractéristique produit à l'inspiration ressemblant à un souffle dans une corne

Il traduit une obstruction des voies aériennes hautes (larynx).

Il peut être accompagné de signe de lutte.

  • La dyspnée inspiratoire se rencontre :
    • en présence de corps étrangers dans les voies respiratoires supérieurs (inhalation de corps étranger) ;
    • lors des infections laryngées telles que laryngites aiguës ou l'épiglottite ;
    • lors des néoplasies ORL notamment laryngées.

Dyspnée aux 2 temps modifier

Elle représente une gêne à l'inspiration et l'expiration, et traduit une obstruction au niveau de la trachée.

On la retrouve dans l'inhalation de corps étrangers bloqués au niveau trachéal ou lors de compressions de la trachée (intrinsèque par néoplasie ORL ou extrinsèque par compression externe par l'œsophage).

Dyspnée de Kussmaul modifier

La dyspnée de Kussmaul est un type de dyspnée particulière rencontrée lors des problèmes métaboliques, notamment l'acido-cétose diabétique.

Elle présente une respiration d'amplitude grandissante jusqu'à une pause respiratoire plus ou moins prolongée, puis la reprise successive de phases identiques[2].

Dyspnée de Cheyne-Stokes modifier

Respiration cyclique, avec mouvements respiratoires dont l'amplitude et la fréquence augmentent progressivement, puis décroissent jusqu'à une pause respiratoire. Observée classiquement au cours de l'acidose urémique et certains comas neurologiques[2],[3].

Causes modifier

Les circonstances d'apparition de la dyspnée permettent une orientation diagnostique. Soit elle s'installe très rapidement (c'est une dyspnée aiguë), soit elle existe depuis longtemps (c'est une dyspnée chronique).

Toute pathologie de l'appareil respiratoire ou cardiaque peut donner une sensation de dyspnée, mais également les problèmes métaboliques (acidose métabolique), neurologique (par atteinte des centres commandant la respiration), l'anémie (par diminution de l'apport d'oxygène aux cellules par diminution du nombre de globules rouges transportant cet oxygène.

Les causes psychogènes de dyspnée restent un diagnostic d'élimination après avoir éliminé les autres causes.

Dyspnée aiguë modifier

Dyspnée chronique modifier

Maladies cardiaques modifier

Maladies respiratoires modifier

Anémie modifier

Divers modifier

  • Hyperthyroïdie
  • troubles de la cage thoracique, par exemple cyphose, lésions d'une côte,
  • troubles des organes adjacents (pouvant rendre douloureux le mouvement respiratoire),
  • troubles du système nerveux (accident vasculaire cérébral)
  • troubles dus à des médicaments ou à des toxines,
  • hernie hiatale, dont la dyspnée est l'un des symptômes
  • symptômes d'apnée du sommeil (SAS)
  • pectus excavatum,
  • tabagisme...

Prise en charge modifier

La prise en charge de la dyspnée dépend principalement de sa cause.

Mesure de la dyspnée[4] modifier

Il existe deux façons reconnues d'évaluer la dyspnée : l'échelle de la New York Heart Association [5](utilisée pour le suivi de la dyspnée de l'insuffisance cardiaque), et celle du British Medical Council.

Échelle de la NYHA modifier

  • NYHA 1 = Asymptomatique
  • NYHA 2 = Limitation minime de la capacité d'effort : un effort inhabituel provoque la dyspnée.
  • NYHA 3 = Limitation évidente de la capacité d'effort : la dyspnée est provoquée au moindre effort.
  • NYHA 4 = Le patient est dyspnéique au repos.

Échelle du BMC modifier

  • BMC 1 = Le patient est essoufflé à l'effort intense.
  • BMC 2 = Il est essoufflé lorsqu'il marche vite ou sur une pente légère.
  • BMC 3 = Il marche plus lentement que les individus de son âge ou arrête pour reprendre son souffle lorsqu'il marche sur une surface plane.
  • BMC 4 = Il arrête pour reprendre son souffle après avoir marché 100 m.
  • BMC 5 = Trop essoufflé pour quitter la maison ou s'essouffle lorsqu'il s'habille, prend sa douche, etc.

Autres dysfonctionnements de la respiration modifier

  • polypnée, respiration trop rapide (fréquence respiratoire supérieure à 15-20 par minute), avec un volume courant inférieur à la normale (500 mL)
  • tachypnée : respiration trop rapide, mais avec un volume courant normal.
  • bradypnée, respiration insuffisante, trop lente.
  • orthopnée, ou dyspnée de décubitus, respiration difficile en position allongée et facilitée en position assise ou debout, retrouvée fréquemment dans les cas d'insuffisance cardiaque gauche et d'œdème aigu du poumon.
  • platypnée, dyspnée en position assise ou debout
  • dyspnée paroxysmale nocturne, dyspnée au cours du sommeil.

Notes et références modifier

  1. (du latin dyspnoea, du grec ancien dyspnoia de dyspnoos – court d'haleine)
  2. a et b Pneumologie: soins infirmiers - Par Philippe Godard, Jean-Louis Pujol, Arnaud Bourdin, William Jacot. Elsevier Masson, 2005. (ISBN 2-294-01925-3), 9782294019258, 253 pages. Dyspnée p36-38
  3. Cardiologie - Par François Jan. Elsevier Masson, 2005. (ISBN 2-294-01467-7), 9782294014673. 509 pages. p146-147
  4. collège des enseignants de pneumologie, « dyspnée aiguë ou chronique », Item 199 ECN,‎
  5. NYHA Classification - The Stages of Heart Failure

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

  • Apnée, absence de respiration
  • Tachypnée, respiration rapide
  • Bradypnée, respiration lente
  • Orthopnée, difficulté respiratoire en position couchée améliorée en position assise ou debout.