L'Espace Comedia, actuellement en activité en tant que salle de spectacle, a commencé son histoire en 1920 sous le nom de Comœdia, s'érigeant comme l'un des plus anciens cinémas de Toulon et de France[1]. En 1990, ce lieu culturel a été transformé en salle de spectacle pluridisciplinaire, adoptant son nouveau nom. Situé dans le quartier du Mourillon au 10 rue Orvès, l’Espace Comedia assure d'octobre à juin une programmation de théâtre, musique, cinéma, danse et spectacles jeune public[2]. Il est géré et animé par la compagnie « Théâtre de la Méditerranée » dirigé par André Neyton.

Espace Comedia
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La création dans les années 1920 modifier

En 1919, Joseph Rosa, photographe officiel de l’Opéra de Toulon, passionné de cinéma et dépositaire d'un brevet concernant un nouveau système d'éclairage de studio, le « Rosa Lux », achète une vaste grange dans le quartier du Mourillon qu'il aménage intégralement[1]. C'est alors la grande époque du cinéma muet. Dès 1920, le premier cinéma du Mourillon voit le jour, il s'appellera Le Comœdia. Rosa arpente les rues de Toulon avec sa voiture pour en faire la publicité. De Charlot à Keaton, en passant par Valentino, c’est au Comœdia que les Toulonnais assisteront au premier film parlant, Le chanteur de jazz avec Al Jolson[1].

Des années 30 au bombardement de 1943 modifier

Sept ans plus tard, Joseph Rosa décide de passer la main. La salle qui compte alors 650 places [3] voit se succéder plusieurs gérants de Féraud à Paron, puis Marchand[1]. Mais en pleine guerre, le 24 novembre 1943, le cinéma subit les bombardements[3]. Ce n'est qu'au milieu des années 1950 que la salle rouvrira. À l'époque les cinémas fleurissent, après le Royal, le Rex, et le Fémina, c'est le Gaumont qui ouvre place de la Liberté[1].

Les années 1980, Wisen et le Club Comœdia modifier

Dès 1984, c'est Albert Wisen, l'un des Monsieurs Cinéma du tout Toulon, qui s’installe au Comœdia qui compte alors deux salles, 300 places, une bibliothèque et une cafétéria. Le patron du Gaumont, M. Delpuech, et la Number One d'Utopial, sont présents à l'inauguration qui se fera avec la projection long métrage néo-zélandais, Utu. On y projette jusqu'à quatre films par jour. Désormais se trouve sur la façade un Tati géant qui surplombe la place. Eddy Mitchell y enregistre alors une de ses "Dernières Séances"[3]. En parallèle, le club « Comœdia » voit le jour. Il permet aux toulonnais d’acheter un fragment de la salle, afin d’éviter qu’il ne soit transformé en supermarché[4]. En échange, ils pourront assister à des avant-premières, des dîners-débats avec Bertrand Tavernier, André Dussollier, ou encore Toscan du Plantié. Wisen est alors soutenu par des élus, comme François Trucy ou Sabine Girard-Reydet[4], mais aussi par de nombreux particuliers et associations.

Des années 1990 à aujourd'hui, longtemps le seul lieu de théâtre de toulonnais modifier

Mais les années passant, le cinéma Comœdia finira par fermer ses portes. Avec l'accord de la famille Rosa, l'association « Théâtre de la Méditerranée[5] », dirigée par André Neyton et qui promeut les échanges culturels méditerranéens[6], a entrepris d'importants travaux pour transformer le cinéma en salle de spectacle. Ces rénovations ont été rendues possibles grâce au financement de la Ville de Toulon, du Conseil Général du Var et du Ministère de la Culture[7]. À la suite de cette transformation, le Comœdia, qui sera désormais écrit « Comedia », subira une refonte totale : il comprendra une salle de spectacle de 230 places avec un plateau de 110 m2 (de 13 m sur 8 avec une ouverture de 10 m) et une seconde salle, plus petite, destinée aux formes scéniques plus intimistes, qui servira également de salle de travail. Dès lors, le Comœdia sera rebaptisé « Espace Comedia ».

L’inauguration débute par la projection d'un Buster Keaton accompagné en direct au piano[8]. Puis, après Utu en 1984, c’est Ubu[9] de Jarry, par le Nada Théâtre[10] qui fera l'ouverture théâtrale le 14 mars 1991. S’en suivra le faiseur de bulles Peb Bou, et le marionnettiste Jordi Bertran[7]. Une inauguration en présence de Pierre Joffard, préfet du Var, Maurice Arreckx, président du Conseil Général du Var, François Trucy, sénateur maire, Louis Colombani, député du Var, Maurice Delplace, maire de La Garde. Tous prendront un à un la parole, évoquant avec émotion les souvenirs familiaux du cinéma muet des années 20.

Des locataires devenus squatteurs modifier

Depuis l’été 2023, une dispute [11] a éclaté entre les anciens locataires de l’Espace Comedia, l’association « Théâtre de la Méditerranée », et les propriétaires historiques. L’association, locataire depuis 1990, a été sommée de partir à la fin de leur bail par des propriétaires désireux de récupérer leur bien et ainsi laisser place à un nouveau projet culturel. Cependant, l’association conteste cette décision et refuse de quitter les lieux, se retrouvant ainsi en situation illégale, sans droit ni titre, depuis l’été 2023. Bien que la mairie ne souhaite pas intervenir dans ce conflit d'ordre privé, elle a néanmoins affirmé qu’elle continuerait à soutenir le fonctionnement du théâtre jusqu’à ce qu’un jugement soit rendu.

Notes et références modifier

  1. a b c d et e Daniel Alfandari, « Au temps du cinéma muet », Var Matin,‎ .
  2. Valérie Pala, « Le Comedia, 30 ans de cultures régionales », Var Matin,‎ (lire en ligne)
  3. a b et c Roland Le Corff, « Toulon années 50-70, les cinémas », sur Mes années 50
  4. a et b Claude Ardid, « Coup de théâtre au Comœdia », Var Matin,‎
  5. « Théâtre de la Méditerranée-Espace Comédia », sur cnt.fr
  6. « Site Officiel de la Ville de Toulon »
  7. a et b Jacques Brachet, « Un souffle de culture méditerranéenne », Var Matin,‎
  8. Guy Verdier, « L’espace remis sur… orbite ! », Var Matin,‎
  9. « Ubu, adaptation pour deux comédiens, quelques fruits et beaucoup de légumes, par le Nada Théâtre. », sur Portail des Arts et de la Marionnette
  10. « Nada Théâtre », sur Portail des Arts et de la Marionnette
  11. « Quel avenir pour le Comedia », sur varmatin.com