El Stronato

dictature militaire au Paraguay, de 1954 à 1989
El Stronato
Dictadura militar de Alfredo Stroessner

1954–1989

Drapeau Blason
Informations générales
Statut République
Dictature militaire
Capitale Asuncion
Langue(s) Espagnol
Monnaie Guaraní
Démographie
Population (1954) 1 632 000 habitants[1]
• 1989 4 112 000 habitants[1]
Superficie
Superficie 406 752 km2
Histoire et événements
Du 4 au Coup d'État de 1954 au Paraguay
2 et Coup d'État de 1989 au Paraguay
Présidents du Paraguay
1954-1989 Alfredo Stroessner

El Stronato est le nom donné au Paraguay à la dictature militaire d'Alfredo Stroessner, qui est instaurée le , trois mois après le coup d'État perpétré par ce dernier. La dictature met ainsi fin à la Troisième République. Elle dure près de trente-cinq ans, jusqu'au renversement du dictateur lors du coup d'État des 2 et , puis l'instauration en 1992 de la Quatrième République.

Le Paraguay sous El Stronato participe alors à l'opération Condor, qui rassemble également les régimes dictatoriaux argentin, brésilien, chilien, bolivien et uruguayen.

De ces six pays, le Paraguay est celui qui connaît la plus longue période antidémocratique et une des plus violentes. Plusieurs milliers d'opposants sont tués, d'après les estimations postérieures. Au moins deux millions de citoyens choisissent en outre l'exil. Enfin, même avec la fin du régime, le pays hérite d'une structure sociale parmi les plus inégalitaires du monde.

Historique modifier

Mise en place modifier

Le régime se met officiellement en place le , environ trois mois après le coup d'État intervenu du 4 au .

Maintien modifier

Le régime conserve en apparences les attributs de la démocratie. Des élections sont organisées de manière quinquennale, pour lesquelles le dictateur met en place des candidats fantoches et gagne systématiquement avec des scores dépassant les 90 %, sauf en 1968 (es)[2].

Le Parti colorado voit ses effectifs croître fortement durant la dictature, l'enrôlement étant souvent effectué sous la contrainte[2].

Culte de la personnalité modifier

Alfredo Stroessner met en place un culte de la personnalité dans lequel rues, places, hôpitaux et écoles sont baptisées à son nom, sans compter une ville et un aéroport. Il se fait appeler « l'étoile lumineuse » et « le conducteur génial ». La secte politico-religieuse Pueblo de Dios, schismatique de l'Église catholique, le présente comme un envoyé de Dieu ; il est suspecté qu'il contribue à mettre cette structure en place[3],[2].

Relations extérieures modifier

Les États-Unis soutiennent financièrement le régime militaire dans le cadre de l'opération Condor[3],[4].

Bilan modifier

Entre mille et trois mille opposants sont suspectés d'avoir été assassinés par le régime militaire. Par ailleurs, au moins vingt mille ont été torturés. Plus de deux millions de Paraguayens s'exilent durant les trente-cinq ans que dure la présidence de Stroessner, pour raisons politiques ou économiques[3],[5].

Notes et références modifier

  1. a et b (es) « volución de la población en Paraguay », EPData, (consulté le ).
  2. a b et c Catherine Derivery, « Alfredo Stroessner, ancien dictateur paraguayen », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
  3. a b et c AFP, « Alfredo Stroessner, ex-dictateur du Paraguay, est mort sans avoir été jugé », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
  4. « Paraguay : macabre découverte dans une résidence de l'ancien dictateur Stroessner », RFI,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
  5. Mathilde Guillaume, « Au Paraguay, un portrait du dictateur Stroessner “piétine la mémoire collective” », Courrier international,‎ (ISSN 1768-3076, lire en ligne).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • [Luc Capdevila 2009] Luc Capdevila, « Passé vivant et régime d’historicité au Paraguay : du temps présent dans la longue durée », dans Luc Capdevila & Frédérique Langue, Entre mémoire collective et histoire officielle : l'histoire du temps présent en Amérique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire en ligne », , 282 p. (ISBN 9782753566729, OCLC 1191231947, DOI 10.4000/books.pur.100931, lire en ligne), p. 263-278
  • [Damien Larrouqué 2018] Damien Larrouqué, « Le Paraguay, trente ans après Stroessner », Cahiers des Amériques latines,‎ (ISSN 2268-4247, lire en ligne)
  • [Lourdes Agustina Macchias 2019] (es) Lourdes Agustina Macchias, « Entre el silencio y la voz. Memoria de la persecución a la disidencia sexual en Paraguay durante el stronato », Argus-a — Artes & Humanidades,‎ , p. 1-10 (ISSN 1853-9904, lire en ligne)
  • [Capdevila & Larrouqué 2020] Luc Capdevila et Damien Larrouqué, « 1989-2019 : La démocratie paraguayenne trente ans après Stroessner », Les études du CERI,‎ , p. 52-56 (lire en ligne)

Articles connexes modifier