Dor (sentiment)

souhait puissant de revoir quelque'un ou quelque chose qui nous est cher ou de revivre une situation plaisante

Dor (prononcé /dor/, du latin Dolus – un dérivé de Dolordouleur[1]) est un mot roumain qui exprime un sentiment complexe[2],[3] qui mêle la nostalgie et la mélancolie[4], la douleur et la joie[1]. Il exprime le souhait irrépressible et persistant de revoir quelque chose ou quelqu'un qui nous est cher ou de revivre des situations plaisantes.

Femeie în interior de Nicolae Gropeanu.

Il n'existe pas d'équivalent en français[5] au dor, qui est cependant décrit par Mircea Goga comme une « ardente langueur » et un « état de tristesse, de nostalgie, de joie, de douceur infinie, de désir, d'amertume, de mal d'aimer » [6].

D'après Isabela Vasiliu-Scraba, le dor, en tant que « sentiment de l'âme » est « une inquiétude, une mélancolie enveloppante, une nostalgie qui berce les pensées, une soif éternelle de vie, d'amour »[6].

Le mot « doina », apparenté, est utilisé pour parler des poésies lyriques du folklore roumain qui relatent les vicissitudes de la vie[6],[4].

Facteurs de déclenchement modifier

Les facteurs usuels qui déclenchent le sentiment de dor sont :

  • l'absence des personnes aimées (famille et amis proches) ;
  • le décès d'une personne chère ;
  • l'éloignement, pendant de longues périodes, des endroits qui nous sont chers ;
  • l'arrêt d'une activité habituelle (travail, études, loisir, sport, etc.) ;
  • le souvenir de situations plaisantes ;
  • l'absence d'un objet auquel la personne est attachée.

Termes équivalents dans d'autres langues modifier

En portugais, le mot « Saudade » a un sens proche de « dor »[1],[7].

En espagnol, le mot « añoranza » signifie « se rappeler avec de la peine l'absence, la privation ou la perte d'une personne ou d'une chose très aimée »[1].

En slovaque, le mot « clivota » ou « cnenie » signifient un désir nostalgique de quelque chose qui nous manque. Il en est de même pour le mot allemand « Sehnsucht »[8].

En amharique, le mot « tezeta » a une signification similaire, de même que « assouf » en tamasheq, ces deux derniers mots désignant également des styles musicaux.

En gallois, le mot « hiraeth » a une signification proche et s'agit d'un sentiment de nostalgie qui peut être lié à une personne ou une époque.

Citations modifier

« [Le] dor : mélange de tendresse et de nostalgie, d'amour et de solitude, de tristesse et de confiance en la vie, d'éloignement par le rêve et d'attachement au réel. »

— François Perroux, La Roumanie économique et culturelle§Culture Populaire[9]

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. a b c et d Elena Bălan-Osiac, La solitude nostalgique dans la poésie roumaine, espagnole et portugaise, Minerva, , 258 p. (lire en ligne), p. 100, 104.
  2. M. Vessereau, Roumanie terre du dor, Les Presses Universitaires de France, , 129 p. (lire en ligne), p. 20-21 & 24.
  3. Constantin Ciopraga (trad. Rica Ionescu-Voisin), La Personnalité de la Littérature Roumaine : Synthèse Critique, Junimea, , 328 p. (lire en ligne), p. 60.
  4. a et b Héloïse Boullet, Nous, notre Musique, on n'en parle pas, Éditions du Panthéon, , 192 p. (ISBN 978-2-7547-2499-9, lire en ligne).
  5. François Genton, La guerre en chansons, Grenoble, Univ. Stendhal-Grenoble 3, , 302 p. (ISBN 2-9518441-0-7, lire en ligne), p. 233.
  6. a b et c Mircea Goga, Une île de latinité, Presses Paris Sorbonne, , 385 p. (ISBN 978-2-84050-327-9, lire en ligne), p. 34.
  7. Cahiers roumains d'études littéraires, Éditions Univers, (lire en ligne), p. 144-145.
  8. « "Désir(s)" Valeska Grisebach - Un regard, une minute », sur arte.tv, (consulté le ).
  9. François Perroux, La Roumanie économique et culturelle, Librairie Droz, , 208 p. (ISBN 978-2-600-04057-0, lire en ligne)