Le dogpiling est une forme de harcèlement en ligne et d'effet de meute dans laquelle de nombreuses personnes expriment d'un coup un désaccord envers une personne, créant une réaction disproportionnée à un événement déclencheur mineur.

Historique modifier

L'expression vient du dog-pile en football américain, dans lequel une personne qui a le ballon est ciblée par l'intégralité de l'équipe adverse qui vient lui sauter dessus[1]. Elle se popularise avec l'essor des réseaux sociaux[1].

Le dogpiling est une forme de bashing[2] auquel on ajoute un effet de meute, créant un bouc émissaire collectif[3].

Caractéristiques modifier

Il s'agit d'une critique collective et agressive des propos ou attitudes d'une cible unique. Son aspect le plus notable est le rapport de forces très déséquilibré qu'il crée, avec de nombreuses personnes attaquant ensemble, de façon concertée ou non, une personne isolée[1].

L'interaction peut être directe par une réponse ou indirecte, notamment sur les réseaux sociaux avec la pratique de faire circuler une capture d'écran du propos critiqué[1]. Dans le cas d'interaction indirecte, il est commun pour les attaquants de dire qu'elles ne harcèlent de facto personne[1].

Le dogpiling peut être intensifié par l'utilisation de faux comptes et d'intelligence artificielle pour générer des publications critiques supplémentaires. Il s'agit alors de harcèlement coordonné et non d'une simple réaction disproportionnée[4].

Conséquences modifier

Sur la victime modifier

La victime du dogpiling se sent isolée et ne peut que difficilement se défendre[1]. Elle peut avoir des conséquences psychologiques difficiles[1].

L'acte est considéré comme pouvant banaliser la violence, chaque personne impliquée n'ayant effectué qu'une petite action qui, seule, ne serait pas particulièrement préjudiciable[1].

Sur la justice modifier

L’importance de l’effet de meute sur internet contre des individus accusés publiquement conduit certains auteurs à craindre l’apparition d’un « tribunal numérique », lequel ne présenterait pas les garanties pour la défense que permet la justice pénale, notamment la présomption d’innocence[5]. Cet effet fait partie des critiques adressées au mouvement #MeToo, et plus généralement à la pratique du name and shame[6].

Affaires notables modifier

En France, la ligue du LOL organise plusieurs campagnes de harcèlement de groupe entre 2009 et 2012[7]. Le mouvement #MeToo est parfois considéré comme du dogpiling[6].

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g et h « Cyberharcèlement en meute sur réseaux sociaux : le "dogpile" »  , sur Citizen4Science, (consulté le )
  2. Sur le Web, le "Hollande bashing" se radicalise, sur lemonde.fr. Consulté le 15 avril 2013.
  3. (en) Alice E. Marwick, « Morally Motivated Networked Harassment as Normative Reinforcement », Social Media + Society, vol. 7, no 2,‎ , p. 205630512110213 (ISSN 2056-3051 et 2056-3051, DOI 10.1177/20563051211021378, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) « AI: the evolution of cyberbullying », sur Telus, (consulté le )
  5. Philippe Laloux, « “Affaire” Roméo Elvis : Instagram ou Twitter, les nouveaux “tribunaux 2.0” », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b Philippe Laloux, « “Affaire” Roméo Elvis : Instagram ou Twitter, les nouveaux “tribunaux 2.0” », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « "Ligue du LOL" : les mécanismes de l'effet de meute », sur France Culture, (consulté le )

Voir aussi modifier

Liens externes modifier