J'ai commencé mais je souhaite votre avis sur son métier je vous mets ici un hommage qui lui a été rendu : (deux ont été publiés : celui d'Alain Chartrain, et celui de Pierre-Yves Balut)

Hommage à Pierre-Jean TROMBETTA

On vient de vous parler d'un type formidable, je vais vous parler d'un archéologue formidable.

Pierre-Jean a un parcours universitaire à Paris Sorbonne somme toute classique, et c'est bien la seule chose classique qui sera classique, dans sa carrière. Ce parcours sera à peine perturbé par Mai 68, où Pierre-Jean prendra plus que sa part pour que l'archéologie métropolitaine existe.

Les fouilles en Tunisie auraient pu lui tendre les bras ; il ira en Berry, à Argentomagus. De retour, peut-être aurait-il pu aller en Tunisie, il ira donc en Suisse à Auvernier pendant deux ans où il découvrira les joies de la stratigraphie du fumier lacustre les pieds dans l'eau et sera confronté à la toujours délicate question de la conservation des bois gorgés d'eau.

Mais foin d'exotisme, militant et défenseur d'une archéologie métropolitaine, ce sera l'archéologie urbaine à Blois et à Orléans au moment où cette discipline naissante essaye de trouver sa place ; ce sera l'archéologie gallo-romaine à Argenton et à Thésée avec Claude Bourgeois, ce sera l'archéologie médiévale à Maubuisson dans le Val d'Oise ; ce sera l'archéologie territoriale dans les Yvelines dont il sera le 1er archéologue départemental et fondera le service.

Lorsque celui qui croyait aux forces de l'esprit lance le projet du Grand Louvre, le Ministère de la Culture et le directeur des antiquités de l'époque Yves de Kisch croient, eux, en Pierre-Jean et lui confient la direction effective du chantier de la Cour Napoléon.

On change d'échelle mais pas d'ambition et Pierre-Jean, outre son rôle de responsable scientifique d'une opération archéologique sans précédent contribue plus que largement à l'organisation de la profession.

C'est un acte fondateur pour l'archéologie professionnelle de ce pays ; Intégré dans les services de l'Etat à l'issue de la fouille du Louvre, Pierre-Jean rejoint le service régional de l'archéologie de l'Ile de France où il aura à organiser et conduire l'archéologie que l'on ne nomme pas encore préventive, à Paris mais aussi dans les départements limitrophes ; ce qui ne l'empêche pas de diriger lui-même des opérations de terrain ; ce qui ne l'empêche encore moins de faire en sorte que l'archéologie moderne et contemporaine puisse exister. Il sera nommé à titre d'expert pour les périodes médiévale et moderne à la Commission interrégionale de la Recherche archéologique Centre-Nord, qui examine plus du tiers des opérations métropolitaines. Je ne peux ici nommer toutes les publications, recherches, conférences, colloques, congrès, expositions et catalogues… etc., auxquels il aura participé quand il ne les a pas lui-même organisés, produits, prononcés, écrits.... En parallèle, comme si cela ne suffisait pas, il a joué un rôle indispensable et surtout fondamental pour une profession naissante qui cherche sa place dans la recherche ; celle de l'enseignement, mais un enseignement pratique, plus opérationnel qu'académique. Mieux préparer les étudiants à leur métier était et reste l'objectif ; c'est le rôle que Pierre-Jean a rempli à Paris I, à Paris IV, à l'Institut National du Patrimoine. Pierre-Jean a su, et pour lui c'était naturel, consubstantiel si j'osais, susciter, conseiller, diriger les travaux de recherche et je prends, à dessein, pour exemple l'opération de la Cour Napoléon du Louvre pour laquelle près de mille pages ont été publiées et une vingtaine de travaux universitaires soutenus.

Alors, pas de regrets ! Pierre-Jean a fait le boulot ; et pas qu'un peu ! Parcours complet comme disent les cavaliers. Il nous a montré comment on pouvait faire le travail, comment conduire les opérations, comment diriger les équipes, comment exploiter les données recueillies, produire un résultat historique, comment s'adresser aux différents publics et former les futurs archéologues.

Ce rapide exposé, trop court, mais j'ai promis à Sylvie de ne pas être long contrairement à mon habitude, se suffirait à lui-même pour dire l'archéologue qu'il est. Mais comment ne pas évoquer la capacité de travail, la disponibilité et la profondeur de la réflexion sur notre métier de Pierre-Jean, le tout doublé d'un engagement personnel permanent que les esprits chagrins lui ont souvent, trop souvent, reproché.

Parce que ce n'était pas la norme, parce que ce n’était pas la bonne norme. Mets une cravate lui ai-je souvent répété, change donc d'espadrilles, mais las... Il est vrai que nos instances supérieures ne lui ont pas facilité l'existence, alors même qu'il fut le 1er à être inscrit sur la liste d'aptitude aux fonctions de directeur des antiquités, de conservateur régional de l'archéologie dirait-on aujourd'hui. C'est contre le conformisme institutionnel qu'il faut s'opposer. Cela aussi est une leçon que nous avons apprise de Pierre-Jean.

Dans ma désormais longue carrière, il ne m'a pas été souvent donné de rencontrer un esprit aussi brillant doublé d'une incroyable érudition comme Pierre-Jean.

Ce sont là, bien sûr, des qualités personnelles, mais dont la profession a largement bénéficié.

On te doit beaucoup, Pierre-Jean.

Nous sommes fiers que tu nous aies appris à faire correctement le métier, soutenus avec patience dans nos efforts, souvent laborieux et réconfortés dans les moments difficiles.

Nous sommes fiers que tu nous aies honoré de ton amitié.


Olivier RUFFIER Conservateur régional de l’archéologie, Region Centre

Bonsoir, commencez déjà par supprimer la fin SVP si vous voulez que ce soit publié sur wikipédia.--Sismarinho (discuter) 9 novembre 2013 à 21:23 (CET)Répondre