Discussion:Hypothèse midrachique/version du 11 janvier

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Version du 11 janvier conservée pour mémoire

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L'hypothèse midrachique est l'une des hypothèses du Jésus mythique. C'est d'ailleurs là son point de départ. Son originalité tient à ce qu'elle étend cette non-existence historique à l'ensemble des personnages bibliques du nouveau et de l'Ancien Testament, alors que, d'ordinaire, les partisans du Jésus mythique se cantonnent au nouveau testament.


Hypothèse concernant le mode de composition de la Bible selon laquelle tous les personnages bibliques, tant de l'Ancien Testament (Abraham, Isaac, Jacob et ses fils, Moïse et Aaron, David, Salomon..., Ruth, Esther, Job, Jonas... et les Prophètes) que du Nouveau Testament (Jésus, ses apôtres et la Sainte Famille, les quatre évangélistes, Paul) sont tous légendaires et construits par les procédés du midrash hébraïque.

Composition du Nouveau Testament

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L'hypothèse midrachique se résume en la thèse de Bernard Dubourg et affirme que le Nouveau Testament a été construit progressivement par Midrash à partir de la lecture de l'Ancien Testament, traduit en grec par la Septante sic. Par exemple :

Les diverses interprétations des historiens et exégètes, additionnant les conjectures, n'ont fait que compliquer le problème. En revanche, il est possible d'expliquer chaque détail prétendûment historique par la "rétroversion" du texte évangélique vers les textes hébreux dont ils dérivent. Cela donne en particulier à Jésus et à Paul des statuts de personnages bibliques ni plus ni moins "historiques" que Jonas ou Job : ce sont les textes et les cultes qui ont une histoire, dans lesquels les lecteurs et les fidèles cherchent à comprendre la leur. Il y a bien eu un recensement de Quirinius, dont se souviennent les premiers lecteurs de Luc 2. Mais la procédure n'obligeait personne à retourner à son lieu de naissance.

objections

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Toutefois, ces exemples ne sont pas sans objections :

  • Parler de conjecture pour un travail sur le texte est son histoire montre une singulière méconnaissance du travail d'exégèse. La rétroversion d'un texte dans une langue ancienne ne prouve strictement rien. C'était un exercice courant jusqu'au 19ème siècle de traduire les grands orateurs contemporains en latin et cela ne prouve pas que Bossuet soit un orateur latin ; cela prouve juste que sa formation intègre une suffisante connaissance de la langue latine pour que des traces en demeurent dans son expression française. Il en est de même pour des rédacteurs dont la langue véhiculaire était le grec (se reporter à Paul Veyne, histoire de l'empire greco-romain) tandis que la langue vernaculaire était toute autre et par exemple, l'araméen de l'ouest. En quelque sorte, le grec des évangiles a la même qualité linguistique que le globish ou airport english qui est la lingua franca du monde contemporain et n'atteint pas la qualité de la langue de Shakespeare ou de Dickens. Chaun sait que le recensement de Quirinus est l'une des incohérences des datations traditionnelles des évènements rapportés dans les évangiles.
  • L'association de l'annonciation au récit connu comme le chêne de Membré de l'Ancien Testament, n'a pas grande solidité. Pour accréditer cette thèse d'un midrash de l'annonciation, il eût été préférable de le l'associer au récit de la naissance de Samson, où la mère est visitée par un personnage céleste. D'autant que Samson est un sauveur sacrifié et que les cheveux ont un rôle dans l'annonce de la mort de Samson comme dans l'annonce de la mort de Jésus. On comprend par là combien l'hypothèse midrachique maîtrise mal le fonctionement du midrash d'actualisation (pêsher).
  • L'idée que Paul serait une imitation de Saul (du fait du même nom) ne tient pas bien la route. Aucun lien n'existe le parcours de Paul et celui du roi Saul, sauf le tempérament caractériel. L'évaluation des attributions du corpus des lettres qui sont attribuées à Paul, depuis la critique radicale, infirme cet aspect de l'hypothèse midrachique et devrait avoir alerté un agrégé de lettres classiques.
  • L'hypothèse que Jésus serait dérivé de Josué (un chef de guerre, dans les récits bibliques) ne tient pas bien la route non plus, dans une évaluation critique de cette hypothèse. Le midrash peshêr, ou midrash d'actualisation, le seul qui soit connu de Dubourg, signifie que le personnage dont l'auteur parle doit prendre le même chemin que son grand ancien dont les motifs sont adaptés. Or, le Jésus dépeint dans les évangiles n'a que peu de lien dans son comportement avec un chef de guerre.

Enfin, il semble incertain de s'appuyer sur un genre littéraire pour prouver quoique ce soit en histoire ; la thèse de Dubourg revient à dire que si Shakespeare, dans la Tempête reprend pour la décrire les motifs de Virgile dans Tristes signifie qu'aucune tempête ne s'est déroulée historiquement durant la période historique entre la vie de Virgile et celle du grand William. La démonstration théorique de l'inexistence d'un personnage nécessite une confirmation par des preuves documentaires et un dialogue avec la recherche archéologique, sans lesquelles elle demeure mal étayée.

Composition de la Bible hébraïque

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L'hypothèse midrachique généralise la thèse de Dubourg, de la composition midrachique du Nouveau Testament, à tous les livres bibliques. Elle consiste à dire qu'ils ont été aussi engendrés, de proche en proche, par des midrashim qu'utilise l'exégèse rabbinique de la Bible hébraïque sans en tirer les mêmes conclusions. La même clef ouvre toutes les serrures.

Le point de départ serait une "Révélation" initiale, constituée

  • 1. de l'alphabet hébreu (22 lettres) et des règles de la gématrie.
  • 2. des lois du calendrier (365 jours et plus pour l'année, 29 jours et demi et plus pour le cycle de la Lune)
  • 3. de celles de la procréation humaine : 9 mois de grossesse, cycle féminin calé sur celui de la Lune, fécondabilité des femmes de 12 à 52 ans.

L'ordre alphabétique de l'alphabet hébreu est, dans cette hypothèse, inséparable du texte même de la Bible hébraïque. La composition de celle-ci résulterait de la combinaison de l'observation de la nature, astronomie et biologie, avec des calculs fondés sur un code qui n'a rien de secret, n'étant autre que l'ordre alphabétique : AB signifie "Père" et vaut 1+2=3, YD, yad, signifie "main", et vaut 10 + 4 = 14, le Tétragramme YHWH vaut 26, d'où YHWDH, Yehoudah, Juda, vaut 30, etc.

Pour prendre un exemple, l'histoire des trompettes de Jéricho (Josué, 2) où la seule personne sauvée est Rahab ("large" en hébreu, comme on dit "grosse" en français), prostituée qui reçoit deux hommes (espions) la même nuit, serait une métaphore de la constatation du début de la grossesse par l'absence des règles féminines : si Rahab attend un enfant, qui est le père ? sept jours de suite, elle se demande si elle a ses règles ; et le septième jour, elle doit se rendre à l'évidence : elle "tombe enceinte" quand "tombe l'enceinte" : la métaphore biblique engendre un "jeu de mots" qui fonctionne en français.

Faiblesses de cette thèse

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Les objections pourraient se résumer par l'expression célèbre que, dans son ensemble, la thèse de Dubourg confond la carte et le territoire.

  • l'idée que l'alphabet hébreu est inspérable du texte biblique qui a l'air d'une tautologie pose en fait une question : de quel alphabet hébreu s'agit-il ? Les caractères connaissent 2 états dont un archaïque et l'autre dit hébreu carré (parce que les caractères peuvent s'inscrire dans un carré, seuls quelques un présentent un appendice qui en dépasse).
  • La thèse de la révélation de l'alphabet hébreu sorti d'Égypte n'a pas grande solidité. Si l'on ne peut faire grief à Dubourg de ne pas connaître les thèses de Silbermann et Israël Finkelstein exposées dans la Bible dévoilée, on peut s'interroger sur le fait qu'il n'ait pas consulté la Jewish Encyclopedia du début du siècle qui dit différentes tentatives ont été faites pour en trouver l'origine chez les égyptiens et les babyloniens avec un succès d'indifférence.

En fait, la seule théorie qui reçoit un consensus actuellement était revenue au pseudo-phénicien déjà du vivant de Dubourg, comme l'indique cette autre source :

généalogie des alphabets depuis le phénicien

  • les règles de la procréation humaine n'ont été à peu près connu qu'au 15ème siècle avec Falloppe, médecin italien et entièrement connues qu'au milieu du 19ème siècle.
  • Les théories bâties sur le modèle une clef ouvre toutes les serrures offrent rarement une solution cohérente.

Ici se termine la version du 11 janvier

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