Détente de Joule-Gay-Lussac

expérience conceptuelle dans laquelle un gaz se détend dans un récipient vide

La détente de Joule Gay-Lussac, du nom de Joseph Louis Gay-Lussac[1], est une détente adiabatique irréversible dans le vide. Pendant cette expérience, l'énergie interne du système reste constante : elle est donc isoénergétique.

On en déduit la première loi de Joule : « l'énergie interne d'un gaz parfait ne dépend que de sa température ».

Description de l'expérience modifier

 
Schéma de principe de la détente de Joule Gay-Lussac.

On considère deux récipients   de volume   et   de volume  , aux parois calorifugées et indéformables, pouvant communiquer au moyen d'un robinet. Le premier,  , contient un gaz sous la pression   et à la température  . Le deuxième,  , est initialement vide.

On ouvre le robinet. Le gaz se répand dans  . Cette diffusion est un processus spontané, puisqu'aucune action extérieure n'est nécessaire pour que le gaz diffuse, et non renversable, puisqu'une fois le récipient   rempli il ne se revide pas spontanément : la transformation est donc irréversible. L’état final du gaz est  .

Pour un gaz parfait, on constate expérimentalement que  .

Interprétation modifier

Le système considéré pour les deux calculs ci-dessous regroupe les deux récipients   et  , de volume total  .

Calcul de la variation d'énergie interne modifier

Soit   la variation d'énergie interne du système considéré. D'après le premier principe de la thermodynamique on a :

 

La transformation est adiabatique, il n'y a pas d'échange de chaleur avec l'extérieur, donc  . De plus, le volume du gaz varie mais aucun travail n'est produit par le gaz (puisque l'enceinte 2 est vide), d'où  . On en conclut que :

 

L'énergie ne varie pas,  . Pour un gaz parfait, selon la première loi de Joule, l'énergie interne ne dépend que de la température :   avec   la capacité thermique isochore (à volume constant). Par conséquent la température ne varie pas,  .

Calcul de la variation d'entropie modifier

On considère la transformation réversible associée qui passe par le même état initial ( ) et le même état final ( ). D'après le premier principe de la thermodynamique, puisque la transformation est isoénergétique et réversible :

 

On obtient, d'après la loi des gaz parfaits :

 

On intègre et on obtient finalement :

 

Si le volume double ( ), la variation d'entropie molaire   est de 5,76 J/(K·mol).

Gaz réel modifier

Pour un gaz suivant l'équation d'état de van der Waals :

 .

Pour  , on a donc :

 

En intégrant, on obtient :

 

Comme  ,   et  , on en déduit que  .

Dans une détente de Joule-Gay-Lussac, un gaz de van der Waals ne peut que refroidir (lorsque son volume augmente à énergie constante sa température diminue). C'est le cas de la majorité des gaz réels, à l'exception notable de l'hélium, de l'hydrogène et de certains gaz rares qui se réchauffent sous certaines conditions de température initiale dans une détente de ce type[2],[3].

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. Les équipements qui servirent à Gay-Lussac lors de ses expériences sont conservés à l'École polytechnique. L’appareil à deux globes de verre : Gay-Lussac et Regnault ?. Le laboratoire de Gay-Lussac.
  2. Notes de cours d'électrostatique, p. 79, Groupe de Physique Statistique, Equipe 106, Institut Jean Lamour, université de Lorraine.
  3. J.-O. Goussard et B. Roulet, « Free expansion for real gases », Am. J. Phys., vol. 61, no 9,‎ , p. 845–848 (DOI 10.1119/1.17417, Bibcode 1993AmJPh..61..845G).

Lien externe modifier

Articles connexes modifier