Corruption au Liban

La corruption au Liban qui atteint des proportions très importantes à la suite de la guerre du Liban est analysée comme une corruption post-conflit[1]. En 2020, le pays se place au 149e rang sur les 180 pays étudiés par l'Indice de perception de la corruption de Transparency International avec un score de 25 % en 2020[2]. Le refus populaire de la corruption a été l'un des moteurs de nombreuses manifestations libanaises à grande échelle dans l'histoire récente.

Formes de corruption modifier

De nombreux dirigeants du pays sont d'anciens chefs de guerre corrompus, qui ont bénéficié d'une amnistie en 1991 en échange d'un arrêt des combats. Des membres du gouvernement auraient souvent distribué des profits et contrats à des membres de leur famille, des amis ou des alliés politiques[3],[4].

Dans de nombreuses sociétés post-conflit, les populations civiles n'ont souvent pas d'autre choix pour survivre en temps de guerre que de pratiquer elles aussi la corruption, ce qui tend à perpétuer le pouvoir des groupes les plus puissants et les plus corrompus[5]. De même au Liban la corruption est répandue à tous les échelons de la société et n'est pas limitée au gouvernement. Les habitants utilisent leurs réseaux familiaux et politiques pour des faveurs administratives ou des emplois, une démarche appelée wasta (en), un genre de népotisme. La pratique est courante et est devenue une norme sociale, du fait de l'impossibilité de faire certaines démarches ou d'accéder à certains postes sans celle-ci[6].

Réactions modifier

 
Manifestation anti-corruption à Tyr en 2019.

Manifestations populaires modifier

L'anti-corruption est l'un des facteurs moteurs derrière la plupart des contestations sociales de grande ampleur dans l'histoire moderne du Liban. Notamment les manifestations de 2015-2016 contre la crise des ordures[7] ou les manifestations de 2019-2021 contre une augmentation de taxe[8],[9].

Programmes anti-corruption modifier

Plusieurs partis anti-système adoptent des lignées de campagne anti-corruption, comme notamment Beirut Madinati (en), parti qui se présenta aux élections municipales de Beyrouth de 2016[10]. Bien que le parti n'ait pas remporté les élections, le parti gagne une ampleur sans précédent pour un groupe détaché du statu quo relativement rigide de la politique libanaise[11]. En remportant 40% des voix, le groupe oblige l'alliance du 14-Mars et l'alliance du 8-Mars à former une coalition, ces deux groupes politiques étant historiquement rivaux[12].

Lutte contre la corruption modifier

En mai 2020, la Chambre des députés a adopté une loi instaurant une Commission nationale pour la lutte contre la corruption[13]. Cette commission a finalement été formée fin janvier 2022, après une longue paralysie du Conseil des ministres[14].

Notes et références modifier

  1. (en) Charles Adwan, « Corruption in Reconstruction: The Cost Of National Consensus in Post-War Lebanon », sur www.semanticscholar.org, (consulté le )
  2. « Transparency International - Lebanon », sur www.transparency.org (consulté le )
  3. « Au Liban, cette corruption tentaculaire à l'origine de la colère populaire », sur L'Obs (consulté le )
  4. (en) Jane Ferguson, « Why Lebanon’s People Are Turning on Their Politicians », sur The New Yorker (consulté le )
  5. Philippe Le Billon, « La corruption liée aux reconstructions d'après-guerre : Juguler la corruption au lendemain des conflits », Rapport mondial sur la corruption, Economica, 2005, p. 87-105, (ISBN 9782717850253), lire en ligne
  6. Transparency International e.V, « Wasta: How personal connections are denying citizens opportunities and basic services », sur www.transparency.org (consulté le )
  7. « Protesters enforce Naameh dump closure », sur The Daily Star (en) (consulté le ).
  8. (en-US) Anne Barnard, « Lebanese Protesters Aim for Rare Unity Against Gridlocked Government », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « The rampant corruption spurring Lebanon protests », sur Arab News, (consulté le )
  10. (en) rsaleh, « Beirut Madinati », sur Civil Society Knowledge Centre, (consulté le )
  11. « Beirut Madinati vows to continue work in the capital, says won 40 pct. of votes | News , Lebanon News | THE DAILY STAR », sur www.dailystar.com.lb (consulté le )
  12. « Hariri indicates clean sweep of Beirut local elections | News , Lebanon News | THE DAILY STAR », sur www.dailystar.com.lb (consulté le )
  13. ALDIC, « Loi No. 175 du 08/05/2020 relative à la lutte contre la corruption dans le secteur public et à la création d’une Commission Nationale pour la lutte contre la corruption » (consulté le )
  14. Claude Assaf, « "Optimisme prudent" des activistes après la formation de la commission contre la corruption », L'Orient-Le Jour, (consulté le )

Voir aussi modifier