Conjecture de Littlewood

En mathématiques, la conjecture de Littlewood est un problème ouvert (en avril 2024) en approximation diophantienne, proposée par John Edensor Littlewood vers 1930. Elle affirme que pour deux nombres réels quelconques et ,

est la distance à l'entier le plus proche.

Formulation et explication modifier

On peut voir la conjecture comme suit: on choisit un point   dans le plan, puis on considère la suite de points

 

Pour chacun d'entre eux, on multiplie la distance à la droite la plus proche avec la coordonnée entière   par la distance à la droite la plus proche avec la coordonnée entière  . Ce produit sera certainement au plus égal à 1/4. La conjecture ne dit pas que cette suite de valeurs converge ; ce n'est généralement pas le cas, en fait. La conjecture concerne la limite inférieure et dit qu'il existe une sous-séquence pour laquelle les distances décroissent plus vite que l'inverse, c'est-à-dire en   avec la notation de Landau.

En d'autres termes, la conjecture dit que pour tout   et   il y a une infinité d'entiers  , tel que l'égalité soit réalisée.

Connexion à d'autres conjectures modifier

Il et connu que la conjecture est une conséquence d'un résultat en géométrie des nombres, concernant le minimum, pour un point d'un réseau non nul dun produit de trois formes linéaires en trois variables réelles : l'implication a été montrée en 1955 par John Cassels et Peter Swinnerton-Dyer[1]. Elle peut être formulée d'une autre manière, en termes de théorie des groupes. Il existe une autre conjecture, pour   : elle s'exprime en termes de  ,  Γ = SLn(Z) et du sous-groupe   des matrices diagonales dans  .

Conjecture.— Pour tout   tel que   est relativement compact dans  ), l'ensemble   est fermé.

Cette conjecture est à son tour est un cas particulier d'une conjecture générale de Margulis concernant les groupes de Lie.

Résultats partiels modifier

Borel a montré en 1909 que l'ensemble exceptionnel des couples réels   ne respectant l'énoncé de la conjecture est de mesure de Lebesgue nulle[2]. Manfred Einsiedler, Anatole Katok et Elon Lindenstrauss ont montré [3],[4] qu'il doit avoir une dimension de Hausdorff nulle[5]; et est en fait une union dénombrable d'ensembles compacts de dimension de Minkowski-Bouligand nulle. Ce résultat a été prouvé en utilisant un théorème de classification des mesures pour les actions diagonalisables des groupes de rang supérieur, et un théorème d'isolement prouvé par Lindenstrauss et Barak Weiss.

Ces résultats impliquent que des paires non triviales vérifiant la conjecture existent : en effet, étant donné un nombre réel   tel que  , il est possible de construire un   explicite tel que   vérifie la conjecture[6].

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Littlewood conjecture » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) John William Scott Cassels et Henry Peter Francis Swinnerton-Dyer, « On the product of three homogeneous linear forms and the indefinite ternary quadratic forms », Philosophical Transactions of the Royal Society A, vol. 248, no 940,‎ , p. 73–96 (DOI 10.1098/rsta.1955.0010, JSTOR 91633, MR 70653, zbMATH 0065.27905)
  2. Adamczewski et Bugeaud 2010, p. 444.
  3. (en) Manfred Einsiedler, Anatole Katok et Elon Lindenstrauss, « Invariant measures and the set of exceptions to Littlewood's conjecture », Annals of Mathematics, vol. 164, no 2,‎ , p. 513–560 (DOI 10.4007/annals.2006.164.513, MR 2247967, zbMATH 1109.22004, arXiv math.DS/0612721)
  4. Venkatesh 2007.
  5. Adamczewski et Bugeaud 2010, p. 445.
  6. Adamczewski et Bugeaud 2010, p. 446.

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier