Raltégravir

composé chimique
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raltégravir
Image illustrative de l’article Raltégravir
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Identification
Nom UICPA N-(2-(4-(4-fluorobenzylcarbamoyl) -5-hydroxy-1-méthyl-6-oxo-1,6-dihydropyrimidin -2-yl)propan-2-yl)-5-méthyl -1,3,4-oxadiazole-2-carboxamide
No CAS 518048-05-0
No ECHA 100.124.631
Code ATC J05AX08
PubChem 54671008
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C20H21FN6O5  [Isomères]
Masse molaire[1] 444,416 3 ± 0,020 2 g/mol
C 54,05 %, H 4,76 %, F 4,27 %, N 18,91 %, O 18 %,
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité "bonne"
Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique Antirétroviral : Inhibiteur d'intégrase
Voie d’administration Orale
Grossesse Contre-indiquée
(catégorie C)
Précautions surveiller la créatine kinase

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le raltégravir est la dénomination commune internationale de l'Isentress, un inhibiteur de l'intégrase du VIH qui a obtenu son AMM européenne le [2]. Cette molécule, brevetée par les laboratoires Merck & Co., est également connue sous son ancien nom de code, MK-0518[3]. Plus précisément, il s'agit d'un inhibiteur de transfert de brins (INtegrase Strand Transfer Inhibitor, INSTI).

Posologie et effets secondaires modifier

La posologie habituelle est de 400 mg, deux fois par jour (un essai conduit par Merck a évalué l'efficacité d'une monoprise quotidienne de 800 mg mais a conclu que cette posologie était moins efficace[4],[5],[6]). En 2018, a été commercialisé une spécialité à 600mg, permettant une monoprise quotidienne de 1200 mg (équivalents aux 800 mg). Les comprimés ne doivent pas nécessairement être ingérés avec des aliments, contrairement à d'autres antirétroviraux.

Les effets secondaires les plus courants sont : nausées, vertiges, diarrhées, lipodystrophie. Chez certains patients on a pu observer une augmentation du taux de créatine kinase, sans pouvoir établir que ce problème était dû au médicament[7]. Chez d'autres, très peu nombreux, une dépression préexistante a empiré temporairement à l'instauration du traitement sous Isentress, nécessitant même une hospitalisation dans un cas[8]. Plus de quatre ans après l'approbation du médicament par la FDA, celle-ci a fait rajouter début un avertissement dans la notice des boîtes d'Isentress, afin de prévenir de la survenue, dans quelques cas très rares, du syndrome de Stevens-Johnson chez certains patients[9].

Le raltégravir étant une des seules molécules agissant sur l'intégrase du virus disponibles à l'heure actuelle ; on ne connaît pas de possibles effets secondaires à long terme (éventuel risque de cancer[10]). De plus, on ne sait pas ce qu'il advient de l'ADN proviral, qui n'est plus intégré au génome de la cellule. Les essais sur les animaux ont montré une activité délétère sur le fœtus[11].

Efficacité et accessibilité modifier

La molécule semble très puissante, malgré le peu de recul qu'on ait sur son utilisation. Elle permet notamment d'atteindre une charge virale indétectable plus rapidement qu'avec une trithérapie comprenant de l'éfavirenz[12].

Certaines souches de virus sont cependant résistantes à ce médicament, du fait d'une mutation sur le gène de l'intégrase[13].

Le médicament a obtenu l'accord de la FDA pour une mise sur le marché aux États-Unis en . Le prix d'une boîte de 60 comprimés (30 jours de traitement) était de 902,31 [14] en France lors de la mise sur le marché, mais Merck a revu le prix à la baisse : le prix pour un mois de traitement est en 2011 de 772,43 [15].

À noter également : le raltégravir se diffuse bien dans le système nerveux central[16] et le tractus génital[17], ce qui permet de diminuer respectivement le vieillissement du cerveau et la possibilité de contamination en cas de rapport sexuel non protégé. Le raltégravir est efficace contre le VIH-2[18], contrairement aux INNTI.

Le raltégravir a également fait ses preuves en tant que remplaçant de l'enfurvitide[19],[20],[21]; l'Isentress remplaçant les injections biquotidiennes de Fuzeon, jugées difficiles à vivre par les patients. L'essai Trio (ANRS 139) a montré que dans le cadre d'une multithérapie, l'Isentress permettait d'obtenir, en association avec d'autres molécules récentes, un résultat «spectaculaire» sur des patients en échec thérapeutique[22].

 
Comprimés d'Isentress

Synthèse de la molécule modifier

   

K. M. Belyk, H. G. Morrison, P. Jones et V. Summa, 2007. Brevet WO 2006060730.

Perspectives modifier

Deux essais visant à dispenser un traitement sans analogues nucléosidiques ou nucléotidiques ont été conduits : l'essai Spartan (raltégravir associé à de l'atazanavir non boosté), dont les résultats sont mitigés, et l'essai Progress (raltégravir associé au Kaletra), plus concluant[23].

La molécule, associée au maraviroc, permettrait de diminuer l'inflammation du système nerveux central causée par le VIH[24].

Des essais sont conduits afin de déterminer si l'Isentress, en association avec d'autres molécules, antirétrovirales ou non, permettrait de diminuer voire de supprimer les réservoirs viraux.

De récentes recherches ont également démontré que le raltégravir était actif sur certaines souches du HSV ; des études pourraient mener à la création d'un médicament efficace contre tous les virus de la famille de l'herpès[25].

L'intestin joue un rôle essentiel dans l'immuno-pathogenèse du virus de l'immunodéficience humaine (VIH)[26],[27],[28]. La diminution des niveaux de zonuline est corrélée à une mortalité accrue chez les patients VIH[29]. Les traitements par maraviroc (antagoniste de récepteur de CCR5) et raltegravir (inhibiteur de l'intégrase) augmentent la zonuline[30]. Ces données combinées suggèrent que la voie de la zonuline dans sa fonction d'immunité innée peut protéger contre l'infection par le VIH.

Autres inhibiteurs d'intégrase en développement modifier

Deux autres molécules de la classe des anti-intégrase : l'elvitégravir de Gilead Sciences/Japan Tobacco, le MK-2048, elle aussi développée par Merck & Co. et le dolutégravir de ViiV Healthcare.

Liens externes modifier

Références modifier

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) EPARs for authorised medicinal products for human use : Isentress
  3. Nouvelles molécules en développement : Mythiques anti-intégrases
  4. (en) Merck Testing Once-Daily Isentress sur aidsmeds.com
  5. Raltégravir en une prise par jour sur actions-traitements.org
  6. Isentress Once-Daily Is Less Effective Than Twice-Daily sur aidsmeds.com
  7. Résumé des caractéristiques du produit, page 8
  8. (en) Worsening Depression in Four Patients on Isentress sur aidsmeds.com
  9. (en) FDA Warns of Serious Skin Reactions Among Isentress Users sur aidsmeds.com
  10. Préoccupations concernant le risque de cancer associé au raltégravir (CATIE TraitementSida 173, juin 09) sur actions-traitements.org
  11. Résumé des caractéristiques du produit, page 7
  12. http://www.medscape.com/viewarticle/707219 (en) Compared with patients receiving efavirenz, those receiving raltegravir had a shorter time to achieve viral suppression sur medscape.com
  13. Malet I, Delelis O, Valantin MA, et als. (en) Mutations associated with failure of raltegravir treatment affect integrase sensitivity to the inhibitor in vitro, Antimicrob Agents Chemother, 2008;52:1351-1358
  14. Isentress en pharmacies de ville sur seronet
  15. Fiche de l'Isentress sur doctissimo.fr
  16. http://www.groupesida.ch/filrouge/assets/pdf/remaides-73-suisse.pdf Remaides no 73, page 9
  17. http://www.edimark.fr/ejournaux/croi2010/19fev/breves.php?PHPSESSID=1gcrpsd52f8ml8kmd16ltn6217#1433 "Raltégravir dans le tractus génital : ça passe !" sur edimark.fr
  18. Feuillet d'information : Raltégravir (Isentress) sur catie.ca
  19. Nathalie De Castro, Joséphine Braun, Isabelle Charreau et Gilles Pialoux, « Switch from enfuvirtide to raltegravir in virologically suppressed multidrug-resistant HIV-1-infected patients: a randomized open-label trial », Clinical Infectious Diseases: An Official Publication of the Infectious Diseases Society of America, vol. 49, no 8,‎ , p. 1259–1267 (ISSN 1537-6591, PMID 19757993, DOI 10.1086/605674, lire en ligne, consulté le )
  20. Constance Delaugerre, Isabelle Charreau, Josephine Braun et Marie-Laure Néré, « Time course of total HIV-1 DNA and 2-long-terminal repeat circles in patients with controlled plasma viremia switching to a raltegravir-containing regimen », AIDS (London, England), vol. 24, no 15,‎ , p. 2391–2395 (ISSN 1473-5571, PMID 20683319, DOI 10.1097/QAD.0b013e32833d214c, lire en ligne, consulté le )
  21. Thomas Boulet, Juliette Pavie, Isabelle Charreau et Joséphine Braun, « Impact on health-related quality of life of a switch from enfuvirtide to raltegravir among multidrug-resistant HIV-1-infected patients: a randomized open-label trial (EASIER-ANRS 138) », HIV clinical trials, vol. 11, no 5,‎ , p. 283–293 (ISSN 1528-4336, PMID 21126958, DOI 10.1310/hct1105-283, lire en ligne, consulté le )
  22. Essai ANRS 139 Trio : des résultats spectaculaires sur vih.org
  23. http://www.vih.org/20100716/vienne-2010-j-2-il-parait-que-15993 Vienne 2010, J-2 : Il paraît que…], article de Gilles Pialoux sur vih.org
  24. (en) ART Intensification with Maraviroc (Selzentry) or Raltegravir (Isentress) May Improve Immune Activation and Inflammation sur hivandhepatitis.com
  25. (en) HIV Drug Isentress Could Fight All Herpes Viruses sur aidsmeds.com
  26. Deeks SG, Tracy R, Douek DC.. Systemic effects of inflammation on health during chronic HIV infection. Immunity 2013; 39:633-45; PMID 24138880; https://dx.doi.org/10.1016/j.immuni.2013.10.001 [PMC free article] [PubMed] [CrossRef]
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