Jean-Baptiste Cortay

directeur de théâtre français
(Redirigé depuis Bojolay)

Jean-Baptiste Cortay dit Bojolay est un directeur de théâtres né en 1761 à Régny (Loire), actif à Bordeaux de 1796 à 1822. Il en exploite le Grand Théâtre de 1808 à 1822.

Jean-Baptiste Cortay
Le Grand Théâtre de Bordeaux vingt ans après la mort de son directeur Bojolay.
Biographie
Naissance
Décès
Surnom
Bojolay, ou Cortay-Bojolay
Nationalité
française
Activité
directeur de théâtre
Période d'activité
1782-1822

Biographie modifier

Jean-Baptiste Cortay naît en 1761[1] à Régny (département de la Loire)[2]. En 1782 il vit à Lyon, où il sauve de la noyade dix-sept passagers du coche d’eau[3].

Artiste, il est écuyer dans un cirque, puis chanteur[4]. Il emménage à Bordeaux en 1796[5], et on peut penser qu'il gagne alors le sobriquet de Bojolay. Pompier volontaire — il le sera pendant quinze ans — il fait preuve de courage lors de nombreux incendies qui ravagent la ville[2].

La démolition du château Trompette à Bordeaux libère sous le règne de Louis XVI un vaste espace en centre ville. Sur les ruines de ses glacis (à l'emplacement des actuelles des allées de Tourny[4]) Cortay installe en novembre 1797[5] son « théâtre des Pantagoniens », au milieu d’autres salles et baraques foraines. Il y donne pour un public d'ouvriers et de domestiques des spectacles de marionnettes mécaniques[3],[6] qu'il a construites lui-même et qui représentent des personnages de la Bible[2].

En 1801 il rebaptise sa petite salle « théâtre de la Gaîté » et passe au vaudeville[4]. Un incendie la détruit, et il reconstruit sur le même terrain son « théâtre Molière » en 1803[1]. En 1806 le gouvernement lui accorde le droit d'ouvrir une seconde salle sur des terrains nationaux de l'ancien château Trompette, qu'il nomme à nouveau « théâtre de la Gaîté ». Il doit cependant alterner les représentations, exploitant la Gaîté quatre jours par semaine et le Molière les trois autres jours[2].

Mais en 1807 une décision du préfet de la Gironde accorde le monopole des représentations théâtrales du Grand Théâtre, construit en 1780. En contrepartie, est accordée à Cortay une indemnité de 6 000 francs jusqu'en 1820[2] et le droit de poursuivre jusqu'au l'exploitation du Molière[1] et la pleine propriété de la Gaîté[2]. Mais des plaintes déposées par le concessionnaire du Grand Théâtre l'obligent à quitter Bordeaux et conduisent même à une brève incarcération à Fontaineblau[2]. Quand peu après un décret impérial porte à deux le nombre de salles de spectacle autorisées à Bordeaux, Bojolay emporte le marché en faisant valoir la complémentarité de la Gaîté, destinée au peuple, et du Grand Théâtre[2].

En 1808 il obtient la concession du Grand Théâtre[4],[Note 1], par un bail qui sera prolongé à trois reprises, jusqu'en 1820[2]. Il remplace à sa tête un certain Prat, qui n'a pas su en tirer de bénéfices[2]. Il en diversifie l'offre, y proposant toutes sortes de spectacles[2]. Dans cette période, il exploite simultanément les salles du « théâtre Français » et du « théâtre des Variétés » : il tire de celui-ci ses principaux revenus, qui lui permettent de couvrir les charges du Grand Théâtre[2].

S'y produisent alors les acteurs célèbres d'alors : un des Vestris, Mademoiselle Mars, Talma, un des Baptiste, etc. Des pièces y connaissent un vif succès, comme Le Pied-de-Mouton, Tékéli, Hariadan-Barbe-rousse[2].

Cette entreprise lui vaut une fortune personnelle significative : il a la haute main sur l'ensemble des salles bordelaises[2]. C'est lui même qui renonce en 1820 à briguer la reconduction de la concession du Grand Théâtre ; il assistera cependant son successeur, moins féru dans le domaine du théâtre, jusqu'en mars 1822[2].

Sur un grand terrain proche des boulevards, il installe un parc d'attraction, les Folies-Bojolay, qu'il équipe avec des montagnes russes le [4]. Ces dépenses notamment le conduisent à la faillite en avril 1822[2].

Il meurt peu après dans le dénuement[2] à l'hôpital[6].

Hommages modifier

Trois acteurs, Pierre-Louis Belfort-Devaux, Emmanuel Lepeintre et Bernard-Léon jeune, lui dédient en décembre 1820 leur pièce Le Cirque Bojolay, ou Pleuvra-t-il ? Ne pleuvra-t-il pas ?[7], à-propos-parodie-vaudeville en un acte.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Avec « défense d'y introduire jamais sur la scène ni baladins, ni danseurs de corde, ni voltigeurs ».

Références modifier

  1. a b et c « Cortay », sur therepsicore.msh.uca.fr (consulté le )
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Académie Nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts (Bordeaux), Recueil des actes de l'Académie Impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, Lawalle, (lire en ligne), pp. 472 à 486
  3. a et b « Michel Cardoze évoque le chateau Trompette de Bordeaux », sur France Bleu (consulté le )
  4. a b c d et e Albert Rèche, Dix siècles de vie quotidienne à Bordeaux, (Seghers) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-232-14496-7, lire en ligne)
  5. a et b P. Courtault, « La Révolution et les Théâtres à Bordeaux », sur fr.wikisource.org, Paris, Perrin, (consulté le ), in-16, chap. XVII, p. 250
  6. a et b Ernest Maindron, Marionnettes et guignols, les poupées agissantes et parlantes à travers les ages, Paris F. Juven, [1900] (lire en ligne), pp. 261-262
  7. Pierre-Louis Belfort-Devaux (18 ?-1867?), Emmanuel Lepeintre (1790-1847) et Bernard-Léon (1785-1858), Le cirque Bojolay, ou Pleuvra-t-il ? Ne pleuvra-t-il pas ? . A-propos-parodie-vaudeville en 1 acte, par MM. Belfort, Lepeintre et Léon jeune ; représenté pour la première fois sur le Théâtre français de Bordeaux, le 11 décembre 1820, (lire en ligne)