Attentats des bus à Fajja

Les Attentats des bus à Fajja est un attentat ayant eu lieu le 30 novembre 1947 à Fajja (en) en Palestine mandataire. Un bus de la compagnie Egged qui se rendait de Netanya à Jérusalem a été attaqué par des militants arabes, puis un autre bus a été attaqué, tuant sept Juifs. Il s'agit du premier attentat de la guerre civile de 1947-1948, après l'adoption par les Nations unies du plan de partage de la Palestine, qui a eu lieu la veille. Les motifs de l'attentat sont controversés.

Les évènements

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Le premier bus était le bus Egged n°2094 à destination de Jérusalem, qui avait quitté Netanya vers 7h30 avec 21 passagers[1]. Le bus traversait le village de Fajja (en), aujourd'hui dépeuplé, lorsqu'il a été intercepté par trois Arabes faisant des signes de la main, que le chauffeur du bus a pris pour des auto-stoppeurs. Alors qu'il ralentissait le véhicule, il a été accueilli par des coups de feu, ce qui a fait dérailler le train de la route[2].

Les assaillants ont pris le bus d'assaut et ont abattu plusieurs personnes. Cinq Juifs ont été tués, dont une femme de 22 ans qui se rendait à son mariage et un homme qui a été tué en essayant de protéger sa femme[2].

Vingt-cinq minutes plus tard, un deuxième bus se rendant à Hadera[2] a subi le même traitement. Deux passagers ont été tués[3],[4].

Mordechai Olmert, le père du futur Premier ministre Ehud Olmert, était l'une des personnes ayant survécu à la seconde attaque[5].

Conséquences et contexte historique

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L'attentat s'est produit un jour après que les Nations unies eurent voté un plan de partage de la Palestine mandataire qui prévoyait de diviser la région administrée par les Britanniques en deux États : Un État arabe et un État juif[1]. Une grève générale arabe a été déclarée, ce qui a alimenté la crise[6]. L'embuscade fut également le premier attentat de la guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire[7].


L'Agence télégraphique juive a rapporté les attaques au milieu d'une flambée de violence arabe contre les Juifs le 30 novembre, comme le meurtre de Moshe Goldman lors d'une manifestation contre la partition à Haïfa, sous le titre « Six Juifs tués alors que les Arabes réagissent à la partition ; le Haut Comité appelle à la grève générale »[8]. Cependant, le nouvel historien Benny Morris a contesté ce récit, en avançant la théorie qu'il s'agissait de représailles pour l'assassinat de la famille Shubaki (en), le meurtre de cinq Arabes palestiniens par le Lehi près de Herzliya, dix jours avant l'incident (qui se vengeaient à leur tour parce que l'un des membres de la famille avait informé les Britanniques des activités du Lehi)[9],[10]. Selon Morris, le service de renseignement de la Haganah était majoritairement d'avis que le principal motif des attaquants était de se venger des meurtres de Shubaki, ce que confirmait un tract arabe affiché peu de temps après sur les murs de Jaffa[11]. Morris a toutefois noté dans une étude ultérieure que les motifs exacts n'étaient pas clairs[7]. L'universitaire américain Robert Rotberg (en) affirme que même les textes historiques arabes font référence aux attaques du bus de Fajja comme étant le début de la guerre de 1947, et que si la théorie de Morris sur les Shubakis est correcte, alors les Arabes ont mal présenté leur propre cas[4].

Références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Fajja bus attacks » (voir la liste des auteurs).
  1. a et b (en-US) « Another tack: Transcending all other considerations », sur The Jerusalem Post | JPost.com, (consulté le )
  2. a b et c (en-US) « Another Tack: Forget the 30th of November », sur The Jerusalem Post | JPost.com, (consulté le )
  3. (en-US) Sam Pope Brewerspecial To the New York Times, « PALESTINE'S ARABS KILL SEVEN JEWS, CALL 3-DAY STRIKE; Buses Fired On From Ambush -- Higher Committee Adopts Plans Against Partition MOSLEM WORLD INDIGNANT Flag Torn Down as Mob Attacks U.S. Legation in Damascus -- Holy War Threatened PALESTINE'S ARABS KILL SEVEN JEWS TROUBLE ERUPTS IN PALESTINE AND SYRIA », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b (en) Robert I. Rotberg, Israeli and Palestinian Narratives of Conflict: History's Double Helix, Indiana University Press, (ISBN 978-0-253-21857-5, lire en ligne)
  5. (he) תום שגב, « החלל הראשון », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. (en-US) « Lashing Back - Israel's 1947-1948 Civil War », sur World History Group, (consulté le )
  7. a et b (en) Benny Morris, Righteous Victims: A History of the Zionist-Arab Conflict, 1881-1999, Knopf, (ISBN 978-0-679-74475-7, lire en ligne) :

    « On the morning of November 30 a band of Arabs ambushed a bus near Kfar Syrkin, killing five Jews and wounding several others. Twenty-five minutes later they let loose at a second bus, killing two more people. It is unclear whether the ambushes were triggered by the passage of the UN resolution or by a desire to avenge an earlier LHI raid, which had left five Arabs dead. Another Jew was murdered on November 30 by Arabs on the border between Jaffa and Tel Aviv. These were the first casualties of the first Arab-Israeli war. »

  8. « Six Jews Killed As Arabs React to Partition; Higher Committee Calls General Strike », Jewish Telegraph Agency, no 273,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. R.F.T.I.B. Morris, B. Morris, J.A. Clancy-Smith, M. Benny, I. Gershoni, R. Owen, C. Tripp, Y. Sayigh et J.E. Tucker, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Middle East Studies », (ISBN 978-0-521-00967-6, lire en ligne), p. 139 :

    « Traditionally, Zionist historiography has cited these attacks as the first acts of Palestinian violence against the partition resolution. But it is probable that the attacks were not directly linked to the resolution – and were a product either of a desire to rob Jews... or of a retaliatory cycle that had begun with a British raid on a LHI training exercise (after an Arab had informed the British about the exercise), that resulted in several Jewish dead... The LHI retaliated by executing five members of the beduin Shubaki clan near Herzliya...; and the Arabs retaliated by attacking the buses on 30 Nov.... »

  10. Itamar Radai, Palestinians in Jerusalem and Jaffa, 1948: A Tale of Two Cities, Taylor & Francis, coll. « Routledge Studies on the Arab-Israeli Conflict », (ISBN 978-1-317-36805-2, lire en ligne), p. 237 :

    « In November they again strove to cool tempers, following an attack on a Jewish bus on its way to Holon, in retaliation against the killing of five men of the Shubaki family by LEHI gunmen (who were in turn taking revenge because one of the members of the family had informed to the British about LEHI activities, leading to executions). »

  11. B. Morris, 1948: A History of the First Arab-Israeli War, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-15112-1, lire en ligne), p. 76 :

    « …the majority view in the HIS—supported by an anonymous Arab flyer posted almost immediately on walls in Jaffa—was that the attackers were driven primarily by a desire to avenge an LHI raid ten days before on a house near Raganana belonging to the Abu Kishk bedouin tribe. »