L'antigaullisme désigne l'opposition organisée au gaullisme. Elle regroupe des personnalités, groupes et mouvements qui s'opposent aux conceptions politiques et philosophiques du général de Gaulle.

Loin d'être un ensemble doctrinal rigide, l'antigaullisme est un mouvement aussi bien de droite comme de gauche.

Antigaullistes de droite

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Régime de Vichy (1940 - 1944)

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Pour les partisans de Vichy, de Gaulle a bafoué les valeurs d'ordre et d'autorité qui fondent le métier militaire en s'attaquant par le verbe et par les armes au maréchal Pétain. Aussi de Gaulle sera t-il condamné à mort par le gouvernement pour « trahison, intelligence avec l'ennemi et desertion en pays étranger »[1].

Charles Maurras le dénonce comme un traître, qui s'est vendu aux Britanniques, considérés selon lui comme « l'ennemi numéro un »[1].

Cinquième République

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Guerre d'Algérie (1954 - 1962)

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Charles de Gaulle opte à cette époque pour l'autodétermination puis s'achemine peu à peu vers l'indépendance de l'Algérie[2].

Plusieurs hommes politiques de droite ne s'entendent pas sur les mesures prises par Charles de Gaulle lors de la Guerre d'Algérie. Des partisans de l'extrême-droite tels que Pierre Lagaillarde et Guy Forzy, créent à la suite de la Semaine des barricades l'Organisation de l'armée secrète : une organisation antigaulliste et terroriste clandestine, défendant la présence française en Algérie. D'autres politiciens de droite modérée s'insurgent contre la politique d'autodétermination, tels que Roger Duchet, conseiller de la République de 1946 à 1959[1].

Lorsque se tient le référendum sur les Accords d'Évian, plusieurs membres du Centre national des indépendants et paysans (parti classé à droite) appellent à voter contre[1].

L'investiture du président (1959)

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La naissance de la cinquième république provoque une division de la droite. Certains, comme Henri Dorgères, votent l'investiture du Général. D'autres s'y opposent fermement, comme Jacques Isorni, déclarant notamment : « Le défenseur de Louis XVI ne peut voter pour Robespierre »[1].

En 1962, faute de pouvoir le renverser, les antigaullistes de droite censurent le gouvernement Pompidou. Paul Reynaud sera le premier à apposer sa signature sur la motion, votée par 109 députés CNIP sur 121[1].

Politiques menées par De Gaulle (depuis 1946)

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Dès 1946, certains des adversaires de droite de Charles de Gaulle apparaissent au sein même du MRP, longtemps présenté comme fidèle au gaullisme durant la Seconde Guerre mondiale (ses membres étaient des Résistants). Des divergences idéologiques apparaissent, notamment sur l'intégration européenne de la France[3].

Durant le mandat de Charles de Gaulle, certains dénoncent ses politiques économiques et monétaires. Son projet d'instaurer la participation des travailleurs aux bénéfices des entreprises inquiète le patronat et les milieux d'affaires. Gaston Monnerville, président du Sénat, accuse le chef de l'État de « forfaiture »[1].

Antigaullistes de gauche

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Contrairement à la droite, la gauche française n'est pas réellement divisée sur les positions vis-à-vis des politiques menées par de Gaulle, notamment car ce dernier est avant tout un homme de droite. Ainsi, la plupart des hommes politiques de gauche s'opposent aux mesures gaullistes durant la Cinquième république.

Le Parti communiste français

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Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs communistes français rejoignent Charles de Gaulle dans la Résistance, comme Jean Moulin. Néanmoins, les communistes s'opposent plus tard au Général sur les pouvoirs de l'Assemblée constituante, sur les institutions et sur la nature même du régime. Quand est créé le RPF, le PCF accuse de Gaulle de n'être ni démocrate ni républicain mais de défendre le capitalisme et le patronat. Jusqu'en 1958, de Gaulle sera qualifié de « fasciste » ou « d'apprenti dictateur au service du grand capital »[4].

Les socialistes

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Dès 1947, les socialistes, et plus particulièrement Vincent Auriol, élu Président de la République, considèrent le RPF comme un mouvement regroupant entre autres des nostalgiques du Régime de Vichy et des fascistes. Plusieurs socialistes se sont ralliés à de Gaulle lors de la naissance de la Cinquième république, comme Guy Mollet. Mais la pratique gaullienne va très vite s'éloigner de leur conception parlementaire des institutions et les amener l'accuser d'exercer un pouvoir personnel et d'ignorer les réalités du pays. Ils s'opposent notamment à la proposition de De Gaulle d'élire le président de la République au suffrage universel direct[1].

Les figures principales de l'antigaullisme de gauche modérée sont Pierre Mendès France et François Mitterrand, ce dernier étant arrivé au second tour contre de Gaulle lors des élections présidentielles françaises de 1965.

Notes et références

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  1. a b c d e f g et h Claire Andrieu, Phillippe Braud, Guillaume Fiketty, Dictionnaire De Gaulle, Paris, Robert Laffont, , 1265 p. (ISBN 9782221102800), p. 39-41
  2. Tiphanie Louis et professeure d'histoire-géographie au lycée Bouchardon à Chaumont et Évelyne Masson-Viardot, « Allocution de De Gaulle sur l’autodétermination », sur Enseigner de Gaulle, (consulté le )
  3. Bruno Béthouart, « La rupture entre De Gaulle et le MRP (Mouvement républicain populaire) », dans Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier, La recomposition des droites en France à la Libération, 1944-1948, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 400 p. (ISBN 9782753500167, lire en ligne), p. 25-36
  4. Patrice Boyer, « Les droites vues par le Parti communiste français : le discours sur le MRP, le PRL et le RPF, 1946-1947 », dans Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier, La recomposition des droites en France à la Libération, 1944-1948, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, , 400 p. (ISBN 9782753525238), p. 73-83