Anti-facteur de croissance nerveuse

Les anti-facteur de croissance nerveuse ou inhibiteurs du NGF, plus couramment appelés anti-NGF, sont une classe pharmacologique de médicaments qui inhibent l'action du facteur de croissance nerveuse (NGF), une neurotrophine, en ciblant cette molécule ou ses récepteurs.

Les anti-NGF sont étudiés pour leur potentiel thérapeutique dans le traitement de certains troubles douloureux chroniques, notamment l'arthrose et les lombalgies chroniques[1]. En particulier, deux d'entre eux (le tanezumab et le fasinumab) font l'objet d'essais cliniques en tant que traitements potentiels dans l'espèce humaine[2]. Deux autres (le bedinvetmab et le frunévetmab) ont fait leurs preuves et sont commercialisés pour soulager la douleur associée à l’arthrose chez le chien et le chat.

Médecine humaine modifier

Dans les essais cliniques, les anti-NGF ont démontré leur efficacité pour réduire la douleur et améliorer la fonction chez les personnes souffrant d'arthrose du genou ou de la hanche[2]. Bien que ces anti-NGF injectables aient démontré une plus grande efficacité que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les opioïdes dans le soulagement de la douleur[3], les personnes recevant ce traitement étaient aussi plus susceptibles de connaître une progression rapide de la maladie, nécessitant un traitement chirurgical (surtout si elles prenaient également des AINS en même temps)[4].

Médecine vétérinaire modifier

Deux anti-NGF, le bedinvetmab et le frunévetmab, ont fait leurs preuves et sont commercialisés pour soulager la douleur associée à l’arthrose chez le chien et le chat[5].

Mécanisme d'action modifier

Le NGF est impliqué dans la signalisation de la douleur (nociception)[2]. Le rôle exact de la signalisation NGF dans la douleur chronique n’est pas entièrement compris et on pense que de multiples mécanismes sont impliqués. Le NGF est libéré par des cellules immunitaires en réponse à une lésion périphérique et on pense qu'il favorise la sensibilisation neuronale et la germination neuronale. Des taux élevés de NGF sont observés chez les personnes souffrant de douleurs chroniques (lors de cystite interstitielle, de prostatite, d'arthrite, de pancréatite, de maux de tête chroniques, de douleurs cancéreuses et de neuropathie diabétique[6]). L'injection de NGF provoque une allodynie et hyperalgésie[7].

Les anti-NGF peuvent prendre la forme d'anticorps monoclonaux qui se lient au NGF ou de petites molécules qui inhibent les récepteurs du NGF[2]. Ainsi, l'inhibition du NGF peut être obtenue en séquestrant des molécules de NGF libres, en bloquant leur liaison au récepteur ou en inhibant la fonction du récepteur. Les anticorps anti-NGF se sont révélés les plus prometteurs en tant que médicaments potentiels[6].

Références modifier

  1. (en) Oo et Hunter, « Nerve Growth Factor (NGF) Inhibitors and Related Agents for Chronic Musculoskeletal Pain: A Comprehensive Review », BioDrugs, vol. 35, no 6,‎ , p. 611–641 (ISSN 1179-190X, PMID 34807432, DOI 10.1007/s40259-021-00504-8, S2CID 244509341, lire en ligne)
  2. a b c et d « The evolution of nerve growth factor inhibition in clinical medicine », Nature Reviews. Rheumatology, vol. 17, no 1,‎ , p. 34–46 (PMID 33219344, DOI 10.1038/s41584-020-00528-4, S2CID 227065883, lire en ligne)
  3. « Targeting nerve growth factor, a new option for treatment of osteoarthritis: a network meta-analysis of comparative efficacy and safety with traditional drugs », Aging, vol. 13, no 1,‎ , p. 1051–1070 (PMID 33293475, PMCID 7835067, DOI 10.18632/aging.202232)
  4. « Diagnosis and Treatment of Hip and Knee Osteoarthritis: A Review », JAMA, vol. 325, no 6,‎ , p. 568–578 (ISSN 0098-7484, PMID 33560326, PMCID 8225295, DOI 10.1001/jama.2020.22171)
  5. (en) Paul Imrie, « Zoetis announces monoclonal antibody therapies for OA », sur vettimes.co.uk, (consulté le )
  6. a et b « Anti-nerve growth factor in pain management: current evidence », Journal of Pain Research, vol. 9,‎ , p. 373–83 (PMID 27354823, PMCID 4908933, DOI 10.2147/JPR.S89061)
  7. « Nerve growth factor antibody for the treatment of osteoarthritis pain and chronic low-back pain: mechanism of action in the context of efficacy and safety », Pain, vol. 160, no 10,‎ , p. 2210–2220 (PMID 31145219, PMCID 6756297, DOI 10.1097/j.pain.0000000000001625)