Angelo Lauret, né le 26 septembre 1927 à Petite-île (97429) et mort le 10 avril 2021 à Saint-Pierre (97410) est une figure emblématique du syndicalisme agricole à La Réunion.

Angelo Lauret
Angelo Lauret en septembre 2009
Fonction
Président
Chambre d'agriculture de La Réunion
-
Biographie
Naissance

Petite-île (97429)
Décès
(à 93 ans)
Grands Bois Les Hauts (97410)
Sépulture
cimetière de Grands Bois
Nationalité
Française
Activité
petit exploitant agricole,
militant syndical et politique
Père
Emile Lauret
Mère
Angèle Alexandrine (née Lepinay)
Conjoint
Lucia Anise née Folio
Enfant

Christian - Christelle - Marie Annick - Marie Huguette - Brigitte Martine

dcd: Ariste Leonel - René Nicole - Thérèse Josie
Autres informations
Organisation
Confédération Générale des Planteurs de la Réunion
Religion
catholique non pratiquant
Parti politique
Parti Communiste Réunionnais
Membre de
Distinction

Officier du Mérite Agricole
Chevalier de l'Ordre du Mérite Agricole

Chevalier de la Légion d'honneur
Titres honorifiques
Lauréat du Prix Départemental du Mérite Agricole
signature d'Angelo Lauret
Signature


Militant de la première heure à la FDSEA[1], il adhère au Parti communiste réunionnais dans les années 1960.

Cofondateur et Président de la CGPER[2]. en 1975, il se distingue pour son combat mené durant plus de 30 ans pour la défense et la reconnaissance du petit agriculteur réunionnais.

Biographie modifier

Enfance modifier

9ème enfant issu d’une fratrie de 13, Renel Angelo Lauret fait ses premiers pas dans les hauts de La Petite-île. A cette époque ses parents, frères et sœurs sont au service de François Payet qui les héberge dans une case en paille[3], sur ses terres de Manapany-Les-Hauts.

Au début de l’année 1930,

Grâce au breuvage salutaire d'un tisaneur, il survit miraculeusement à une épidémie de fièvre typhoïde qui emporte en l'espace de 15 jours, sa sœur aînée et ses 2 frères âgés respectivement de 19, 14 et 10 ans[4].

Lorsque son père Emile (1890-1962) abandonne un peu plus tard son domicile, les enfants restent avec leur mère Alexandrine (1892-1975) et garantissent avec elle la vie du foyer ainsi que l’exploitation de la propriété.

Du haut de ses 6 ans il s’engage à son tour dans cette dynamique établie et se rend utile sur le terrain pour gagner 1 franc CFA par jour[4].

Au décours des années 1930,

Ses parents se réconcilient et décident de quitter les lieux en espérant trouver une vie meilleure à Grands-bois-les-hauts, sur la commune de Saint-Pierre.

Curieux et particulièrement intéressé par les activités de type scolaire, Angelo apprend progressivement à lire et à écrire avec ses sœurs cadettes scolarisées en primaire[4].

Adolescence et jeunesse modifier

A l'instar de ses frères aînés, il élève quelques poulets, lapins et autres cabris, qu’il va pouvoir marchander de façon occasionnelle. Du lever au coucher du soleil, il travaille pour des petits exploitants agricoles alentour: nettoie les terrains en friches, prépare le sol pour des plantations futures, fouille les racines de vétiver, plante et cultive la canne, le maïs, le manioc et autres graines comestibles. Les journées sont longues et physiquement épuisantes en ce temps-là où la terre ne peut être remuée qu'à mains nues en s'aidant de quelques outils rudimentaires.

Chemin faisant, il trouve l'opportunité de vivre une expérience différente à l’usine de Grands bois quand il est recruté comme « garçon de corvées ». Œuvrant quelque temps aux côtés des engagés malgaches et africains, il ne se résigne pas à subir indéfiniment la tyrannie des « commandeurs » qui dirigent et persécutent les ouvriers en proférant invectives et menaces, le fouet à la main[4].

En 1947 il a 20 ans. Appelé sous les drapeaux il accomplit son service militaire à Diego Suarez. Au bout d'une année vécue en pleine insurrection malgache , il revient temporairement chez ses parents et reprend en main son destin de paysan. En avançant à travers champs à bord de sa première charrette bœuf[5] il cherche le moyen de prendre son indépendance, songe au mariage et projette de se fiancer.

En 1950,

Le 3 juillet 1950 il se marie avec sa fiancée Anise Folio, et s’installe avec elle dans sa petite case en bois sous tôles, acquise pour la circonstance et située à quelques pas du Piton de Mont Vert. Trois de ses 8 enfants voient le jour ici. Les 2 premiers décèdent 2 mois après la naissance.

En 1957,

Avec son épouse et son fils unique de 2 ans il décide de revenir définitivement à Grands bois les hauts.

En tant que militant politique et syndical modifier

Au début des années 1960,

Lui-même représentant de la FDSEA, comprend bien que les décisions gouvernementales prises pour la filière canne-sucre avantagent surtout les usiniers[6] et les gros propriétaires fonciers. De même qu'il prend conscience que les revendications portées par le PCR sont justes, conformes aux attentes des milliers de petits planteurs qui s’inquiètent comme lui pour l’avenir de la profession. Avec détermination, il s’engage dans le sillage de Paul Vergès, convaincu que la bataille à mener sera longue et difficile, même risquée[7]; mais elle doit être soutenue.

Militant actif, il assiste aux réunions, distribue des tracts, participe à la diffusion du journal « Témoignages », fait du porte-à-porte, organise des meetings, rejoint les manifestations interdites ou pas, colle des affiches, lance des pétitions, bloque les routes, prend des coups de matraques, évite les embuscades, jusqu'à se faire incarcérer durant plus de quatre mois à la Maison d'Arrêt de Saint-Pierre, à la suite d'une affaire de bagarre entre colleurs et décolleurs d’affiches lors d'une campagne électorale.

En 1964,

Lorsque Paul Vergès entre en clandestinité, le leader du PCR sait qu’il peut compter sur Angelo et d'autres camarades planteurs durant sa cavale[8].

En 1967,

Avec le soutien du PCR il fonde des Comités de survie[9] et anime des réunions de planteurs aux quatre coins de l'île.

En 1969,

Il est élu Président du Comité de Défense des Planteurs qui veut s'opposer à la politique agricole menée par Jean-Paul Virapoullé et Paul Ferrand[10]. Le premier est conseiller en gestion agricole à la chambre d'agriculture et secrétaire de la FDSEA. Le second est Président de la FDSEA, de la FEDECANNE et de la Chambre d'agriculture.

En 1971,

Angelo et ses amis planteurs manifestent et bloquent les usines sucrières, en réclamant la révision des accords conclus entre les industriels et la FEDECANNE.

En 1975,

La FEDECANNE est une fois de plus accusée d’avoir trahi les planteurs qui s’organisent pour la riposte. C’est dans ce contexte que prend forme la Confédération Générale des Planteurs et Eleveurs de la Réunion.(CGPER).

Différents mandats exercés modifier

 
Paul Vergès, Georges Marchais et Angelo Lauret en avril 1979.

1975-1983 : Président de la CGPER

1983-1989 : Premier vice-président de la chambre d’agriculture

1983-1989 : 3ème adjoint au maire de la Petite-île, Christophe Payet

1983-1994 : Président du CTICS[11].et Administrateur de l’ODEADOM[12].

1986-1992 : Conseiller Régional sous la présidence de Pierre Lagourgue.

1989-1995 : Président de la Chambre d’agriculture.

Dès son élection à la Chambre Verte, il exprime son désir d'insuffler une nouvelle dynamique au sein de l'institution. Il affiche son ambition de vouloir travailler avec l'ensemble du personnel. Il souhaite que tous les acteurs se mobilisent et restent à disposition des agriculteurs qui ont besoin d’être formés, guidés, accompagnés sur le terrain.

Entouré d’éminents conseillers et appuyé par un bureau directeur qui fait la part belle à ses compagnons de route de la CGPER, il présente sa feuille de route aux Pouvoirs Publics et reste confiant dans le cap qu'il s'est fixé.

Retraite modifier

En 1993,

Au bout de quatre années d’investiture, des divergences profondes se dévoilent au grand jour entre les membres du Bureau et le Directeur Général. Face au dilemme auquel il est confronté le Président choisit de soutenir sans réserve son bras droit.
L’équilibre de l’institution est sérieusement entravé quand la majorité de l’Assemblée demande la révocation de Guy Signon[13].

 
Angelo Lauret et Guy Signon en juillet 2010.

En janvier 1995,

Le conseil des ministres prononce la dissolution de la Chambre d’Agriculture. Tous les élus s’en vont, Angelo Lauret met un terme à son engagement politique et syndical et prend sa retraite à l'âge de 68 ans.

Guy Signon reste aux commandes avec la délégation spéciale chargée d’expédier les affaires courantes jusqu'au mois d'avril 1995, avant d’être licencié par le nouveau Président Jean-Yves Minatchy[14]. A l'issue d'une longue bataille judiciaire, il sera dédommagé pour le préjudice constaté[15].

Mort modifier

Dans la nuit du 9 au 10 avril 2021 Angelo Lauret s'éteint à son domicile à l’âge de 94 ans. Le Président de la Chambre d'Agriculture Frédéric Vienne, La CGPER, La FDSEA, le PCR ainsi que de nombreux élus et autres responsables politiques et syndicaux de la Réunion lui rendent hommage[16],[17],[18]. Les obsèques ont lieu à l'Eglise paroissiale Notre-Dame du Mont Carmel. Il sera inhumé sur le même site, au cimetière de Grands-Bois où il repose en paix auprès de sa fille Josie.

Hommages modifier

En septembre 2023, une médiathèque porte son nom Angelo Lauret, elle se trouve sur les ruines de l'Usine de Grands Bois[19].

Son nom apparaît sur le fronton du Lycée agricole de Saint-Joseph[20].

Notes et références modifier

  1. FDSEA: Fédération Départementale des syndicats d'exploitants agricoles.
  2. CGPER: Confédération Générales des Planteurs et Eleveurs de la Réunion.
  3. « Dan ti case en paille... Avant sa disparition », sur reunionnaisdumonde.com,
  4. a b c et d Christian Barat, « Mi rappelle », Vi souviens... Conseil Général de la Réunion, 60 ans Départementalisation, 1946-2006,‎ , page 80 à 83
  5. « La Réunion lontan. Planteurs & Charrettes boeuf », sur reunionnaisdumonde.com,
  6. Manuel Marchal, « Canne à sucre : crise et atouts », sur temoignages.re,
  7. Eugène Rousse, « Hommage à un planteur réunionnais victime de la répression : Thomas Soundarom », sur temoignages.re,
  8. Brigitte Croisier, « Bon anniversaire Paul Vergès », sur temoignages.re,
  9. Jérôme l'archiviste, « LAURET Angélo Renel », sur reunionnaisdumonde.com,
  10. Jérôme l'archiviste, « FERRAND Paul Jean Denis », sur reunionnaisdumonde.com,
  11. CTICS: Centre Technique Interprofessionnel de la canne et du sucre.
  12. ODEADOM: Office de développement de l'économie agricole d'outre mer.
  13. Jérôme l'archiviste, « SIGNON Guy », sur reunionnaisdumonde.com,
  14. Jérôme l'archiviste, « MINATCHY Jean-Yves », sur reunionnaisdumonde.com,
  15. Pierrot Dupuy, « Jean-Yves Minatchy condamné à 100.000 € de dommages et intérêts », sur Zinfos974.com,
  16. Matthieu Patou-Parvedy, « Angelo Lauret, figure de l'agriculture réunionnaise est décédé », sur linfo.re,
  17. LP, « Ancien président de la chambre d'agriculture, Angelo Lauret est décédé à 93 ans », sur la1ère.francetvinfo.fr,
  18. clicanoo, « Décès du président fondateur de la CGPER, Angelo Lauret », sur clicanoo.re,
  19. Harry Amourani et Laurent Pirotte, « A Grands-Bois, une médiathèque construite sur les ruines de l'ancienne usine sucrière », sur La 1ère France TV Info, (consulté le )
  20. « Paul Vergès, Jean-Claude Fruteau ou encore Christian Antou auront bientôt leur lycée », sur Clicanoo, (consulté le )

Liens externes modifier