André Boris
André Pierre Louis Boris, né le à Toul (Meurthe-et-Moselle) et mort le à Paris, est un militaire français, général de corps d'armée au Service de l'inspection générale de l'artillerie (1940).
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Biographie
modifierSon père, Paul Léon Boris, est notaire[1] de profession et sous-lieutenant d'infanterie, attaché à la trésorerie de l'armée des Vosges en 1870.
Par sa mère, Gabrielle Alexandre, il est le neveu du général René Alexandre (1864-1932), polytechnicien, général de division, et le neveu de l'ingénieur des Ponts et Chaussées, Paul Alexandre. André Boris est également lié à la famille de Paul Léon époux de Madeleine Alexandre fille de Paul Alexandre et Jeanne Lévy.
André Boris est cousin[2] de Georges Boris, directeur de cabinet de Léon Blum en 1938 et épouse Marguerite Blum le au Consistoire israélite de Paris. « Les Boris sont patriotes, républicains et résolument laïques »[3].
Il a fait ses études au collège de Toul où il obtient les premiers prix de version grecque, histoire et géographie[réf. nécessaire]. Son livret scolaire mentionne à plusieurs reprises « élève intelligent studieux, a fait les efforts les plus consciencieux, progrès remarquable, travail méthodique, bon élève, sérieux, avec plus de réflexion et de maturité, fera de bonnes études »[4]. Il intègre l’École polytechnique en 1895, puis l’École supérieure de guerre en 1910. Durant l'affaire Dreyfus, bien que convaincu de l'innocence du condamné, il garde une confiance totale dans la justice rendue ; il entretient alors une correspondance avec Justin Dennery, également futur général[5].
Le général Boris assure la présidence du Tribunal militaire qui, à Toulouse, condamne en Charles de Gaulle pour refus d’obéissance à 4 ans d’emprisonnement et cent francs d’amende[6]. Il aide également à créer le réseau Camouflage du matériel[6]. Bien que laïc, il prend part en aux débats de l'assemblée générale de l'Association des rabbins français sur la politique de l'État français vis-à-vis de la communauté[7]. Le général Boris est mis d'office à la retraite en vertu de son appartenance à la « race juive » conformément aux lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy. Il rédige, en tant que le plus ancien dans le grade le plus élevé des officiers israélites, une lettre de protestation[8] adressée au maréchal Pétain[9] le [10] au nom de tous les dégradés[11].
Il se réfugie à Nîmes[12] et anime le Comité d'assistance aux réfugiés[13] où il contribue avec le HICEM à aider l'émigration des Juifs du Gard[14].
À son décès, le colonel Fort écrit : « De passage à Paris, je n'ai pas manqué de faire une visite au Val de Grâce à mon ancien et vénéré chef le général Boris. C'est avec une grande douleur que j'ai appris que le général était décédé le . Croyez bien que je suis très affecté par la disparition prématurée d'un chef bon, juste et particulièrement qualifié pour les postes les plus élevés et qui avait toujours été pour moi d'une grande bienveillance. La France a perdu un chef que la trahison vichyste a essayé d'humilier. Mais le dévouement et l'affection des anciens subordonnés du général l'ont toujours soutenu dans l'épreuve. Fort, colonel d'artillerie en retraite, Metz. »
Carrière militaire
modifier- 1906 : lieutenant
- 1910 : capitaine à l’état-major d’une division.
- 1914 : état-major 70e division infanterie de réserve
- 1916 : état-major 3e armée
- 1918 : chef d’escadron, E.M. 4e armée
- 1919 : état-major 20e régiment
- 1924 : lieutenant-colonel
- 1927 : colonel
- 1931 : général au brigade, le
- 1933 : directeur de l’artillerie au ministère de la Guerre
- 1938 : commandant de la 4e région militaire, prend officiellement possession de son commandement le 01/07/1938
- 1939 : général du corps des armées, , 4e CA
- 1940 : général de Corps d’armée, service Inspection générale de l’artillerie
- 1942 : mis d'office à la retraite le « en raison de son appartenance à la race juive »
- 1944 : réintégré le en vertu de l’ordonnance « en qualité de Juif »
Décorations
modifier- Chevalier de la Légion d’honneur , la présente nomination comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme[15]
- Diplôme de président d'honneur de la 145e section de la Fédération nationale des sous-officiers des Armées de terre, de mer et de l'air,
- Officier de la Légion d’honneur, le [16]
- Commandeur de la Légion d’honneur, le
- Croix de guerre belge, , royaume de Belgique, le ministre de la Défense nationale
- Croix militaire conférée par le roi de Grande-Bretagne, , grande chancellerie de la Légion d'honneur, ordres étrangers
- Décoration de 5e classe de l'ordre impérial du Soleil levant (Japon),
- Nommé au troisième rang de commandeur de l'ordre du Ouissam alaouîte chérifien, le
Documentation
modifier- Philippe E. Landau, « André Boris, général de division, inspecteur général de l'artillerie, membre du Consistoire central », Archives juives : Revue d'histoire des Juifs de France, vol. 27, no 2, (ISSN 0003-9837, présentation en ligne).
- Archives du général Boris déposées au Service historique de la Défense à Vincennes, cote 13 YD 635
Références
modifier- Journal des notaires et des avocats , p. 15, 1887
- Jean-Louis Cremieux-Brilhac, Georges Boris : trente ans d'influence : Blum, de Gaulle, Mendès France, Paris, Gallimard, , 460 p. (ISBN 978-2-07-012762-7), p. 20
- Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Georges Boris, Trente ans d’influence. Blum, de Gaulle, Mendès France., Paris, NRF/Gallimard, , 460 p. (ISBN 978-2-07-012762-7)
- Collège de Toul, Livret scolaire de l'élève Boris André Pierre Louis, années scolaires 1890-1894
- Philippe E Landau, L'Opinion juive et l'affaire Dreyfus, Albin Michel, , 160 p. (ISBN 978-2-226-30612-8, lire en ligne)
- B.Dv., « En juillet 1940 de Gaulle était condamné à Toulouse », La Dépêche, (lire en ligne)
- Simon Schwarzfuchs, Aux prises avec Vichy : Histoire politique des Juifs de France (1940-1944), Calmann-Lévy, , 446 p. (ISBN 978-2-7021-5097-9, lire en ligne)
- Lettre conservée au Centre de documentation juive contemporaine, ref. CLXIX-105
- Le Monde, Daniel Amson, Vichy promulgue le statut des juifs , 7 et 8 octobre 1990
- André Kaspi, Les Juifs pendant l'Occupation, Le Seuil, , 420 p. (ISBN 978-2-02-136064-6, lire en ligne).
- Béatrice Philippe, Etre juif dans la société française : Du Moyen-Âge à nos jours, éditions Complexe, coll. « Questions au XXe siècle », , 471 p. (ISBN 978-2-87027-672-3, lire en ligne), p. 296
- L. Simon, Les juifs à Nîmes et dans le Gard durant la Deuxième Guerre mondiale de 1939 à 1944, p. 14, Éd. Lacour, 1985
- Nelcya Delanoë (préf. Laurent Joly), D'une petite rafle provençale, Paris, Éd. du Seuil, , 219 p. (ISBN 978-2-02-111389-1, lire en ligne), chap. 8
- (en) Robert W. Parson, Every word you write-- : Vichy will be watching you : surveillance of public opinion in the Gard Department 1940-1944 : the postal control system during Vichy France, Tucson, Ariz, Wheatmark, , 398 p. (ISBN 978-1-60494-883-7, lire en ligne), p. 54
- Ordre no 1246 du 4 août 1915 du GQG des Armées de l'Est
- Journal officiel de la République française. Lois et décrets, p. 13164, 28 décembre 1827