Algorithme de Newton-min

L'algorithme de Newton-min est un algorithme de résolution de problèmes de complémentarité linéaire . On peut le voir comme l'algorithme de Newton semi-lisse appliqué à l'équation linéaire par morceaux équivalente . Il est bien défini si la matrice est non dégénérée.

L'algorithme modifier

Le problème de complémentarité linéaire modifier

Rappelons brièvement le problème de complémentarité linéaire, qui est décrit ailleurs. Étant donnés une matrice réelle carrée  , non nécessairement symétrique, et un vecteur  , un problème de complémentarité linéaire consiste à trouver un vecteur   tel que

 

Les inégalités vectorielles doivent être comprises composante par composante :   signifie   pour tout indice  . Le symbole   ci-dessus est utilisé pour désigner la transposition du vecteur à sa gauche. On écrit souvent ce problème de manière concise comme suit :

 

Comme   et   doivent être positifs, l'orthogonalité requise de ces deux vecteurs revient à demander que leur produit de Hadamard soit nul :

 

Un point   vérifiant cette égalité est dit complémentaire pour le problème   (on dit aussi qu'il s'agit d'un nœud, voir ci-dessous). Par ailleurs, un point   vérifiant   et   est dit admissible pour le problème  . Le problème   consiste donc à trouver un nœud admissible.

Nœud modifier

Un point complémentaire s'appelle aussi un nœud. Lorsque   est non dégénérée, on peut définir un nœud en se donnant un ensemble d'indices   et en calculant la solution unique   de

 

  désigne le complémentaire de   dans  . Ce nœud est noté

 

Comme il y a   ensembles d'indices  , il y a au plus   nœuds distincts, deux ensembles d'indices pouvant en effet conduire au même nœud (par exemple, il y a un unique nœud si, et seulement si,  ).

L'algorithme de Newton-min modifier

L'algorithme consiste à résoudre  , au moyen d'itérations de Newton non lisse[1] appliquées à l'équation équivalente suivante, formulée au moyen de la C-fonction min :

 

L'algorithme de Newton-min requiert que   soit non dégénérée.

Algorithme de Newton-min — On se donne un point/itéré initial   et un seuil de tolérance  . L'algorithme de Newton-min définit une suite d'itérés  , qui sont des nœuds, jusqu'à ce qu'un test d'arrêt soit satisfait. Il passe de   au nœud   par les étapes suivantes.

  1. Test d'arrêt : si  , arrêt.
  2. Sélection d'indices : on choisit   tel que

     

  3. Nouvel itéré :  .

En pratique, il faut prendre   ; la valeur nulle de cette tolérance est admise uniquement pour simplifier l'expression des résultats de convergence ci-dessous. Il s'agit donc d'une méthode de Newton semi-lisse dans laquelle le système linéaire à résoudre à chaque itération est posé en utilisant une pseudo-jacobienne de   en  . On exclut souvent de   les indices   pour lesquels  , dans le but de minimiser l'ordre   du système linéaire à résoudre à l'étape 3 de chaque itération.

Les premières traces de cet algorithme se trouvent chez Chandrasekaran (1970[2]), mais il semble bien que ce soit Aganagić (1984[3]) qui l'ait clairement présenté et étudié, d'ailleurs sous une forme un peu plus générale que celle présentée ici. Il fut ensuite redécouvert et généralisé aux problèmes de commande optimale quadratiques par Bergounioux, Ito et Kunisch (1999[4]).

Propriétés de l'algorithme modifier

Convergence modifier

Voici quelques résultats de convergence connus pour cet algorithme en fonction de la classe de matrices à laquelle   appartient (on suppose ci-dessous que  ).

  • Si   est non dégénérée et si   a une solution, l'algorithme converge localement, en un nombre fini d'étapes[5].
  • Si   est une  -matrice, la convergence locale est superlinéaire[6] et la convergence globale est assurée si   ou  , mais ne l'est pas nécessairement pour   (il existe des contre-exemples)[7].
  • Si   est suffisamment proche d'une  -matrice, l'algorithme converge globalement, avec   croissante[6].
  • Si   est une  -matrice, l'algorithme converge globalement, avec   croissante dès la seconde itération (pour l'ordre de   induit par  )[3] et en au plus   itérations[8].

Complexité modifier

Le seul résultat connu semble bien être celui de Kanzow (2004), déjà mentionné ci-dessus.

  • Si   est une  -matrice, l'algorithme de Newton-min converge en au plus   itérations, quels que soient le vecteur   et le point initial.

Autre propriété modifier

L'algorithme a aussi été utilisé pour caractériser les  -matrices : une matrice   est une  -matrice si, et seulement si, quel que soit  , l'algorithme de Newton-min ne fait pas de cycle de 2 points, lorsqu'il est utilisé pour résoudre  [9].

Annexes modifier

Notes modifier

  1. (en) L. Qi, J. Sun (1993). A nonsmooth version of Newton’s method. Mathematical Programming, 58, 353–367.
  2. (en) R. Chandrasekaran (1970). A special case of the complementary pivot problem. Opsearch, 7, 263–268.
  3. a et b (en) M. Aganagić (1980). Newton’s method for linear complementarity problems. Mathematical Programming, 28, 349–362 (1984).
  4. (en) M. Bergounioux, K. Ito, K. Kunisch (1999). Primal-dual strategy for constrained optimal control problems. SIAM Journal on Control and Optimization, 37, 1176–1194.
  5. (en) A. Fischer, C. Kanzow (1996). On finite termination of an iterative method for linear complementarity problems. Mathematical Programming, 74, 279–292.
  6. a et b (en) M. Hintermuüller, K. Ito, K. Kunisch (2003). The primal-dual active set strategy as a semismooth Newton method. SIAM Journal on Optimization, 13, 865–888.
  7. (en) I. Ben Gharbia, J.Ch. Gilbert (2012). Nonconvergence of the plain Newton-min algorithm for linear complementarity problems with a P-matrix. Mathematical Programming, 134, 349-364. doi lien Zentralblatt MATH
  8. (en) Ch. Kanzow (2004). Inexact semismooth Newton methods for large-scale complementarity problems. Optimization Methods and Software, 19, 309–325.
  9. (en) I. Ben Gharbia, J.Ch. Gilbert (2012). An algorithmic characterization of  -matricity. SIAM Journal on Matrix Analysis and Applications, 34, 904-916. Rapport de recherche INRIA RR-8004 doi


Articles connexes modifier

Ouvrages généraux modifier

  • (en) R. W. Cottle, J.-S. Pang, R. E. Stone (2009). The linear complementarity problem. Classics in Applied Mathematics 60. SIAM, Philadelphia, PA, USA.