François-Gabriel-Alfred Potiquet, né le à Magny-en-Vexin et mort le à Nogent-l'Artaud, est un ingénieur civil, agent-voyer, collectionneur de manuscrits et de timbres, auteur du premier catalogue de timbres postaux au monde, paru en 1861.

Biographie modifier

Premières années (1820-1840) modifier

Alfred Potiquet naît le à Magny-en-Vexin, au 21, rue de Crosne. Il est le fils de Thomas-François Potiquet et de Louise-Aimée Séron [1]. Résumé : voir

Biographie de Thomas-François Potiquet (1789-1842), père d’Alfred Potiquet, écrite juste après son décès, en 1842 [2]. Voir résumé [3].
Voici encore un des enfants du Pays qui vient de disparaître. Il eut une carrière modeste, mais bien remplie, utile.
Thomas-François POTIQUET est né à Saint-Gervais, canton de Magny, département de Seine-et-Oise, le .
Entré à l’École centrale du département de l'Eure où il fut l’un des bons élèves, il en sortit fort jeune, après avoir achevé complètement ses études. Lorsque M. Verdière, ancien curé de Saint-Gervais, quitta, on 1805, l’École centrale de l’Eure, où il était chargé d’un cours, pour créer à Saint-Gervais « La Petite Chartreuse », pensionnat libre, M. Potiquet vint dans cet établissement comme professeur. À la fin de l’année 1806, il s’en éloigna et se fit commis de librairie à Paris.
Racheté du service militaire en 1808, par suite d'un changement de numéro obtenu à prix d'argent, il dût cinq ans après, à cause des événements, se rendre sous les drapeaux. Il fut incorporé dans le 2e régiment de lanciers de la Jeune Garde, le  ; il devint brigadier le 10 du même mois, fourrier le 1er mars suivant, maréchal des logis le et maréchal des logis chef le lendemain, 20 juin. Il fit les campagnes de 1813 et 1814 et se trouvait à notre désastre de Waterloo, le 18 juin 1815. Son régiment (le 3e lanciers), chargea sept fois, dans la journée, sur les dragons rouges anglais. Aussi, lorsque la compagnie à laquelle appartenait M. Potiquet arriva, dans la nuit du 18 au 19 juin, sous les murs de Charleroi, se trouvait-elle réduite à quelques hommes ; elle n’avait plus un seul officier.
Dans les terribles batailles auxquelles il assista, M. Potiquet ne reçut que deux blessures sans gravité : un coup de lance dans le côté gauche et un coup de sabre sur la main droite.
Au mois de juillet 1815, M. Potiquet faisait partie de l’armée renvoyée de Paris et dite de la Loire. On le chargea des travaux matériels du licenciement de son régiment, qui fut envoyé à Auch (Gers). Il ne reçut l’autorisation de rentrer dans ses foyers que le .
À ce moment de son existence, M. Potiquet hésita sur la voie qu’il devait prendre : il rentra comme professeur à La Petite Chartreuse. À la mort du directeur de l’établissement (), M. Potiquet s’associa avec son beau-frère, M. Pic de Replonge, aussi professeur dans la maison, pour en continuer l'exploitation. La Petite Chartreuse ne put se soutenir. Dans ces circonstances, M. Potiquet se présenta à la Sorbonne le , pour subir l'examen de Bachelier ès-lettres : il fut reçu. Il fonda alors à Magny, rue de Crosne, une École latine d'externes (), convertie en Pensionnat, immédiatement après son mariage, par une décision de la Commission de l’Instruction publique du 26 novembre de la même année. Cette pension prospéra jusqu’à la mort de Mme Potiquet, arrivée le .
Lorsque la Garde nationale fut organisée régulièrement dans le département de Seine-et-Oise, M. Potiquet fut élu le 30 juillet 1831, deuxième lieutenant de la compagnie de grenadiers de la ville de Magny. Le , il fut élu lieutenant en premier de cette même compagnie. Il était à cette époque, secretaire du Comité cantonal pour la surveillance l’Instruction primaire.
Peu de temps après, M. Potiquet crut devoir abandonner sa pension. Au mois d’août 1835, il alla habiter le village de Saint-Gervais dans lequel il était né.
À la suite d’une brûlure complète du pied gauche, causée par le renversement d'un vase contenant de l’eau bouillante, M. Potiquet fut obligé à garder la chambre, puis le lit ; et après plus d’une année de cruelles souffrances, il s’éteignit le .
B…
Saint-Gervais, près Magny. Mai 1842.

En 1832, sa mère meurt, emportée par l’épidémie de suette. En août 1835, la famille va demeurer à Saint-Gervais. Alfred se passionne pour l’histoire naturelle, réunit, dessine de nombreuses collections de coquillages, de plantes et d’insectes, empaille et monte des oiseaux.

Vers le milieu de 1839, Alfred Potiquet va passer deux à trois mois à Marines chez un oncle, puis neuf à dix mois chez un autre oncle, agent-voyer à Claye-Souilly (Seine-et-Marne), auprès de qui il complète son instruction et acquiert les connaissances spéciales du métier [4].

Carrière professionnelle (1840-1875) modifier

En juin 1840, il est nommé agent-voyer central de l’arrondissement de Meaux, c’est-à-dire employé préposé spécialement au service des chemins vicinaux, sous la direction de l’ingénieur ordinaire.

Son père meurt le .

En 1843, il parvient à entrer dans le corps des conducteurs des ponts et chaussées, à Paris. Les étapes de sa carrière sont les suivantes :

  • conducteur auxiliaire, le  ;
  • conducteur embrigadé, le  ;
  • conducteur principal, le .

Ayant obtenu la permission d’utiliser les listes de Berger-Levrault pour composer un catalogue de timbres, Potiquet ajoute des informations en provenance de sa collection personnelle et, collaborant avec Eugène Lacroix (le propriétaire d’une librairie spécialisée) et avec Eugène Edard de Laplante (un marchand de timbres parisien), il publie le la première édition de son catalogue des timbres-poste « créés dans les divers états du globe ». Cette édition, illustrée mais sans indication des cotes, est vendue en librairie au prix de 2 fr. 50. C’est le premier catalogue au monde de l’histoire de la philatélie. Le succès obtenu permet de publier rapidement, en mars 1862, une deuxième édition revue, corrigée et augmentée, qui répertorie 1080 timbres et 132 objets de bureaux de poste, pour un prix moitié (1 fr. 25).

En 1870-1871, il participe aux travaux de défense de Paris.

Retraite (1875-1883) modifier

 
Tombe d'Alfred Potiquet au cimetière de Magny-en-Vexin

Il prend sa retraite le . Comme il dispose enfin de tout son temps, il renoue avec son village d’enfance et entreprend des recherches historiques sur Magny-en-Vexin.

En 1877, il est atteint d’une affection de l’estomac, qui l’astreint longtemps à vivre exclusivement de lait pur, et à travailler avec ménagement.

Sa santé s’améliore lorsqu’il rend sa dernière visite à Magny-en-Vexin, le . Quelques jours après, un rhumatisme articulaire le cloue au lit pour de longues semaines, lui laissant ou aggravant une maladie du cœur, qui a pour conséquence un eczéma sévère, qui le réduit à garder constamment la chambre, à passer ses jours et ses nuits dans un fauteuil. Rentré à Paris vers la fin de l’été 1881, Alfred Potiquet va encore passer à Nogent-l'Artaud la belle saison suivante. Son état empire graduellement, malgré quelques intermittences qui lui permettent de sortir pour aller travailler dans les bibliothèques. L’une des conséquences de l’albuminurie dont il souffre est une amaurose croissante, qui l’empêche progressivement de lire et d’écrire. Le 4 avril 1883, il part à Nogent-l'Artaud.

Il meurt le à Nogent-l'Artaud[5]. Suivant ses dernières volontés, son corps est ramené à Magny-en-Vexin, où il est inhumé [6].

Publications modifier

 
Couverture du catalogue Potiquet
2e édition revue, corrigée et augmentée,
mars 1862.

Philatélie modifier

Recherche historique modifier

Alfred Potiquet est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de Magny-en-Vexin, son village natal, et de ses environs, notamment[9] :

  • 1876. Éphémérides du canton de Magny.
  • 1876 et 1878. Jean-Baptiste Santerre, peintre, sa vie et son œuvre.
  • 1877. Biographies anciens seigneurs, artistes, hommes de lettres, savants, etc. du canton de Magny-en-Vexin.
  • 1877. Par-ci, par-là dans le canton de Magny-en-Vexin. Histoires et historiettes recueillies par Alfred Potiquet.
  • 1878. Recherches historiques et statistiques sur Magny-en-Vexin.
  • 1878. Bibliographie du canton de Magny-en-Vexin, 2e édition.
  • 1878. Notice sur l’église de Magny-en-Vexin.
  • 1879. Armorial du canton de Magny-en-Vexin ; 2e édition corrigée, 1939.
  • 1879. Les Prieurs de Notre-Dame de Magny et les Commandeurs de Louvières et du Vaumion seigneurs en partie de la ville de Magny-en-Vexin.
  • 1879. Quelques paragraphes ajoutés à Par-ci, par-là dans le canton de magne-en-Vexin, histoires et historiettes.
  • 1879. Magny-en-Vexin en 1787.
  • 1880. Les Foires et les marchés du canton de Magny-en-Vexin.
  • 1880. Conspiration royaliste à Magny-en-Vexin. (1795) ; en ligne sur Gallica.
  • 1880. Tableau général de l’Élection de Chaumont et Magny en 1872.
  • 1880. Souvenirs du canton de Magny-en-Vexin, croquis et plans ; en ligne sur Gallica (30 croquis).
  • 1881. Bibliographie du canton de Magny-en-Vexin. Supplément.
  • 1881. Armoiries des villes et des anciennes communautés du Vexin.
  • 1882. Biographies des personnes remarquables du canton de Magny-en-Vexin.

Enfin, avec quelques plans autographiés, une étude sur la société de l’Arquebuse de Magny, adressée par lui à la Société historique et archéologique de Pontoise et du Vexin.

Ponts-et-Chaussées modifier

  • 1857. Recueil, par ordre chronologique, de lois, décrets, ordonnances, règlements, etc., concernant le service des Ponts-et-Chaussées, suivi d’une table alphabétique des matières, 5 vol. in-8o, Paris, Gabriel Jousset, Clet et Cie, 1ère éd. 1857 ; 2e éd. 1872 ; 3e éd. 1881.
  • 1861. Dictionnaire des contraventions aux règlements sur la police de la grande voirie et à la loi sur la police du roulage, 1 vol. 8o.
  • 1864. Organisation du corps des Conducteurs des ponts et chaussées, brochure in-8o.
  • 1864 à 1870. Mémento des Conducteurs des ponts et chaussées, publié dans le Portefeuille des Conducteurs et de Garde-Mines.
  • 1867. Organisation des Employés secondaires des ponts et chaussées, brochure in-8o ; édition in-12, 1871.
  • Grande voirie
    • 1866. Notice sur les plantations, brochure in-8o.
    • 1869 et 1874. Note sur les Plans d’alignement des traverses, in-8o.
  • 1871. L’Institut national de France, ses diverses organisations, ses membres, ses associés, ses correspondants, 1 vol. in-8o. Cet ouvrage a obtenu le prix de statistique décerné en 1872 par l’Académie des Sciences.

Cartes et plans modifier

Reconnaissance modifier

  • Lauréat de l’Institut national de France (1872).
  • Chevalier de la Légion d’honneur ().
  • Une place de son village natal Magny-en-Vexin porte son nom.
  • M. Feuilloley[10], Épîtres à M. Alfred Potiquet, lauréat de l'Institut (Académie des sciences)… 1875-1877-1881, 1881 ; texte sur Gallica.
  • L’exposé des motifs d’une proposition de loi concernant la réorganisation du corps des ponts et chaussées, présentée en 1881 par 168 députés de toute opinion évoque des conducteurs qui « bien que s’étant distingués, illustrés, même à divers titres, n’ont pu parvenir au grade d’ingénieur ou de sous-ingénieur à cause des obstacles excessifs résultant des programmes, et, après avoir cité M. Bourdaloue, célèbre par ses travaux de nivellement, et ajoute, au sujet [d’Alfred Potiquet] : « Un autre conducteur n’est-il pas l’auteur d’ouvrages administratifs, juridiques, statistiques et historiques, dont les premiers se trouvent dans le cabinet de tout fonctionnaire des ponts et chaussées, dans chaque bureau du ministère des travaux publics, et rendent journellement d’incontestables services à l’administration tout entière ? […] »
  • Hommage nécrologique dans les Bulletin de la Société des Conducteurs et des Gardes-Mines, n(os) 26 et 27, 1883 : « Notre regretté camarade fut, pendant de longues années, chef de bureau de l’ingénieur ordinaire du département de la Seine, et depuis longtemps déjà ses avis faisaient autorité dans les matières administratives qui sont du ressort des ingénieurs en chef. Il s’était, en outre, acquis une certaine notoriété par la publication de divers ouvrages administratifs, juridiques, statistiques et historiques, et de diverses cartes géographiques des grands réseaux de chemins de fer, ainsi que du plan de Paris. À ces divers titres, Alfred Potiquet doit être rangé parmi ceux de nos camarades qui ont honoré le corps des ponts et chaussées. On peut affirmer que tous ceux qui l’ont connu l’ont estimé. Beaucoup l’ont aimé. [P. Praly] »

Bibliographie modifier

  • Victor Bourselet et Henri Clérisse, Mantes et son arrondissement, imprimerie Am. Beaumont, 1933, p. 356
  • A. Th. Bourgeois, Biographie — François-Gabriel-Alfred Potiquet, suivi d’une notice sur Adolphe-Alexandre Quatrelivre, 1884.

Notes et références modifier

  1. Mme Potiquet, fille de M. Séron, notaire à Nogent-l'Artaud et longtemps maire de ce pays […], décédée le Son fils n’en parlait jamais sans émotion.
  2. B***, Biographie, Thomas-François Potiquet (1789-1842) Ancien Maître de Pension à Magny-en-Vexin, date d’écriture mai 1842 ; publication 1879, Paris, Imprimerie de G. Jousset, rue de Furstenberg, 3 ; en ligne sur Gallica
  3. « M. Potiquet père, originaire de saint-Gervais, avait fait de bonnes études à l’école centrale de l’Eure [équivalent à lycée]. Quoique racheté du service militaire, il fut rappelé sous les drapeaux lors des désastres de la fin de l’Empire et devint maréchal-des-logis-chef dans la jeune garde. Une courte notice, due à la piété filiale et réimprimée en 1879, nous rappelle qu’à Waterloo son régiment, le 3e lancers, chargea sept fois sur les dragons rouges de Wellington. L’escadron auquel appartenait Potiquet se trouva réduit à quelques hommes et ne conserva pas un seul officier.

    Rentré dans ses foyers, après le licenciement de l’armée de la Loire, M. Potiquet occupa, pour la seconde fois, un emploi de professeur dans l’institution de la Petite Chartreuse, que dirigeait à Saint-Gervais, depuis 1805, M. Verdière, ancien curé assermenté de cette paroisse, prêtre de grand mérite et d’un caractère élevé, comme le clergé d’avant 1789 en comptait beaucoup, en raison surtout du milieu où il se recrutait presque exclusivement. Après la mort de M. Verdière () M. Potiquet et M. Pic de Replonges, son beau-frère, également professeur dans la Petite Chartreuse, essayèrent sans succès de conserver ensemble l’établissement. Le premier fonda alors dans notre ville une école latine d’externes, convertie en pensionnat après son mariage. » [A. Th. Bourgeois, 1884].

  4. Source : A. Th. Bourgeois, 1884.
  5. BNF 15307829
  6. Suivant ses dernières volontés, le corps de M. Potiquet fut rapporté à Magny-en-Vexin, le 11 avril, et déposé provisoirement dans le caveau d’attente du cimetière. Il devait être inhumé dans un terrain acquis par la famille, mais le conseil municipal, sur la proposition de M. Basset [maire], offrit au nom de la ville la concession gratuite d’un terrain et l’érection d’un monument funèbre, ce qui fut accepté (délibération du ).

    L’emplacement choisi est situé en face du monument élevé en 1878, par souscription des habitants de la paroisse, à M. le curé Rouillon.

    Comme l’avait prescrit le testament, le corps, déposé dans la terre même, sera recouvert d’une pierre couchée fort simple, portant cette brève inscription :

    FRANÇOIS-GABRIEL-ALFRED
    POTIQUET
    Magny-en-Vexin, 4 décembre 1820.
    Nogent-l’Artaut, 9 avril 1883.
    [A. Th. Bourgeois, 1884.]
  7. (en) « The History of Stamp Collecting Part 4 – Alfred Potiquet » (consulté le ).
  8. « Les premiers catalogues : Alfred Potiquet, Catalogue des timbres-poste émis dans les différents pays du globe, 2e édition, mars 1862 » (consulté le ).
  9. Selon A. Th. Bourgeois.
  10. Guillaume Étienne Feuilloley (1803-1885), ancien maire de Magny-en-Vexin (1855-1863), ancien membre du conseil général de Seine-et-Oise, chevalier de la Légion d’honneur. À ne pas confondre avec le père de l’auteur, Jean-Germain Feuilloley, mort en 1847, ancien commissaire de la marine, ni avec le fils de l’auteur, Marie Guillaume Germain Feuilloley (1845-1930), avocat (président de chambre à la Cour d’appel de Paris, procureur de la République nommé par décret du 25 mai 1898, avocat général à la Cour de cassation).

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :