Ōkuninushi
Ōkuninushi (大国主) est l’une des divinités kami les plus importantes du panthéon shintô. Il est avec Amaterasu et Susanoo l’une des rares divinités à porter le qualificatif de « Grand ». Il est la divinité tutélaire du sanctuaire d'Izumo (出雲大社 ) qui est après celui d'Ise (voire avant) le plus important du Japon. Et où chaque année, au mois d'octobre, toutes les divinités du pays sont censées se réunir.
Domiciles | |
---|---|
Père | |
Mère |
Kushinada hime ou 刺国若比売 (d) |
Fratrie |
Takiribime Oyatsuhime and Tsumatsuhime (d) Isotakeru-no-kami (d) Suseri-hime (d) Ukanomitama Toshigami Yamato no ōkuni tama no kami Kumanokusubi (en) Amatsuhikone Tagitsuhime Ikutsuhikone (en) Ichikishimahime Amenohohi Oshihomimi Wakumusubi (en) |
Conjoints |
Suseri-hime (d) Ya kami hime (d) Nunakawa hime (en) Totori no kami (d) Kamuyatate hime no mikoto (d) Takiribime Tagitsuhime Ko-no-Hana |
Enfants |
Kotoshironushi Ki no mata no kami (d) Torinarumi no kami (d) Honoakari (d) Shitateruhime Ajisukitakahikone Takeminakata (en) Isetsuhiko (en) |
Son nom signifie : Grand maître du Pays (ou des provinces). Il a la lourde tâche de consolider le pays, ce qu’il réalise avec l’aide de Sukunahikona, mais qu’il achève après le départ de ce dernier pour la région du Tokoyo, en parcourant le pays.
Dans les divers récits du Kojiki, Nihon shoki, mais aussi les Fudoki, la divinité porte différentes appellations : Ōnamuchi (大汝命 dans le Harima no kuni no fudoki, Ōanamochi (大穴持命) dans l'Izumo no kuni no fudoki, Ōkunitama (大国魂神) dans divers sanctuaires du Japon (notamment celui de la ville d’Inazawa dans le sanctuaire de Konomiya), Kakuriyo no Ōkami (幽世大神) dans certains norito.
On retrouve souvent cette divinité présentée comme étant le fils de Susanoo. Cependant, d’après le Nihon shoki (I, 53), il ne serait qu’un descendant direct de la divinité Brave et Impétueuse. En réalité, il est le fils d’Ame no fuyu kinu no kami et de Sasu kuni waka hime. En outre, il est le père de Kotoshiro nushi no kami (事代主神 ) qu’on retrouve comme divinité tutélaire du sanctuaire de Nagata (長田神社 ) dans la ville de Kobe) qui joua un rôle majeur dans la rétrocession du territoire lors de la venue du petit fils de la déesse du soleil.
Rétrocession du Pays central des Plaines de roseaux
modifierEn effet, régnant sur le pays d’Izumo, le Grand maître du pays reçu la visite de deux Supérieurs : Take mika zuchi (Brave terrible tonnerre) et Tori bune (Céleste bateau oiseau) qui vinrent lui annoncer le message d’Amaterasu et de Taka mi musubi indiquant que la divinité du soleil avait décidé de faire de son petit-fils Ninigi, le seigneur de ce pays. Et par ce fait, ils demandaient la soumission d’ Ōkuninushi. Ce dernier demanda l’avis de son fils Kotoshiro qui répondit : « Mon père devrait respectueusement se retirer et je ne ferai pas d’opposition. » Et ainsi, le Pays central des Plaines de roseaux fut cédé aux divinités du Ciel. Dans une autre version du Kojiki, l’un des fils d’Ōkuninushi refusant le conseil de Kotoshiro, défia Take mika zuchi dans une épreuve de force. Take mi nakata no kami (Brave et ferme kami à l’auguste nom) portant sur un bout de ses doigts un rocher répondit après la réponse de son frère Kotoshiro : « j’aimerais mesurer mes forces contre lui » (Take mika zuchi). Après lui avoir demandé la permission de prendre sa main, le contact de celle-ci avec la main du fils d’ Ōkuninushi la changea immédiatement en un glaçon. Alors Take mika zuchi saisissant la main de son antagoniste l’écrasa et la jeta. Sur quoi s’enfuyant vers la mer de Suwa dans le pays de Shimanu (aujourd’hui Shimano), il fut rattrapé par le Supérieur céleste. Alors qu’il était sur le point de se faire tuer, Take mi nakata no kami supplia la divinité céleste de l’épargner et consentit à respecter les ordres de son père et de suivre les conseils de son frère Kotoshiro.
Fonctions de la divinité
modifierŌkuninushi est une divinité humaine, à ce titre, il ne porte aucun élément naturaliste comme Amaterasu ou Susanoo. Cependant, outre son rôle dans la consolidation du pays, il a d’autres fonctions. Il est le kami (divinité) de l’agriculture, de la médecine, et peut également être vu comme une divinité de la fécondité. Dans les croyances populaires, il est souvent assimilé comme étant Daikokuten personnage souvent représenté avec Ebisu et faisant partie des sept Divinités du Bonheur. Une confusion longtemps présente entre Daikoku (大黒, Daikokuten ) traduisible par le « Grand noir » et Daikoku (大国 , « Grand pays »), l’une des nombreuses appellations d’Ōkuni nushi, due à une homophonie des caractères composant leur nom. Pour cela, il est vu comme une divinité de l'abondance et de la richesse.
Arbre généalogique
modifierReferences
modifier- Nakayama Kaoru, « Ōyamatsumi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- Chamberlain (1882). Section XIX.—The Palace of Suga.
- Chamberlain (1882). Section XX.—The August Ancestors of the Deity-Master-of-the-Great-Land.
- Kadoya Atsushi, « Susanoo », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- « Susanoo | Description & Mythology », sur Encyclopedia Britannica
- (en) J. Herbert, Shinto: At the Fountainhead of Japan, Taylor & Francis, coll. « Routledge Library Editions: Japan », (ISBN 978-1-136-90376-2, lire en ligne), p. 402
- (ja) « 大年神 » [archive du ], Kotobank (consulté le )
- (ja) « 大年神 » [archive du ], Kokugakuin University (consulté le )
- Mizue Mori, « Yashimajinumi », sur Kokugakuin University Encyclopedia of Shinto
- (en) L. Frédéric, Louis-Frédéric et K. Roth, Japan Encyclopedia, Belknap Press of Harvard University Press, coll. « Harvard University Press reference library », (ISBN 978-0-674-01753-5, lire en ligne)
- « My Shinto: Personal Descriptions of Japanese Religion and Culture », sur www2.kokugakuin.ac.jp (consulté le )
- “‘My Own Inari’: Personalization of the Deity in Inari Worship.” Japanese Journal of Religious Studies 23, no. 1/2 (1996): 87-88
- « Ōtoshi | 國學院大學デジタルミュージアム » [archive du ], (consulté le )
- « Encyclopedia of Shinto - Home : Kami in Classic Texts : Kushinadahime », sur eos.kokugakuin.ac.jp
- « Kagutsuchi », sur World History Encyclopedia (en)
- (en) M. Ashkenazi, Handbook of Japanese Mythology, ABC-CLIO, coll. « Handbooks of world mythology », (ISBN 978-1-57607-467-1, lire en ligne), p. 213
- (en) B.H. Chamberlain, Kojiki: Records of Ancient Matters, Tuttle Publishing, coll. « Tuttle Classics », (ISBN 978-1-4629-0511-9, lire en ligne)
- Philippi, Donald L. (2015). Kojiki. Princeton University Press. p. 92.
- Chamberlain (1882). Section XX.—The August Ancestors of the Deity-Master-Of-The-Great Land.
- (en) R. A. B. Ponsonby-Fane, Studies In Shinto & Shrines, Routledge, (ISBN 978-1-136-89294-3, lire en ligne)
- « Encyclopedia of Shinto - Home : Kami in Classic Texts : Futodama », sur eos.kokugakuin.ac.jp (consulté le )
- (en) Donald L. Philippi, Kojiki, Princeton University Press, , 104–112 p.
- Kadoya Atsushi et Yumiyama Tatsuya, « Ōkuninushi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- Kadoya Atsushi, « Ōnamuchi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- The Emperor's Clans: The Way of the Descendants, Aogaki Publishing, 2018.
- (en) Varley, H. Paul., Jinnō Shōtōki: A Chronicle of Gods and Sovereigns, Columbia University Press, (ISBN 9780231049405, lire en ligne), p. 89
- Kadoya Atsushi, « Kotoshironushi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- Sendai Kuji Hongi, Book 4 (先代舊事本紀 巻第四), in (en) Kokushi-taikei, vol. 7 (国史大系 第7巻), Keizai Zasshisha, , 243–244 p. (lire en ligne)
- Chamberlain (1882). Section XXIV.—The Wooing of the Deity-of-Eight-Thousand-Spears.
- Tanigawa Ken'ichi (de) 『日本の神々 神社と聖地 7 山陰』(新装復刊) 2000年 白水社 ISBN 978-4-560-02507-9
- Nishioka Kazuhiko, « Isukeyorihime » [archive du ], Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- 『神話の中のヒメたち もうひとつの古事記』p94-97「初代皇后は「神の御子」」
- (ja) デジタル版 日本人名大辞典+Plus, « 日子八井命とは », sur コトバンク (consulté le )
- Maral ANDASSOVA, « Emperor Jinmu in the Kojiki », Japan Review, no 32, , p. 5–16 (ISSN 0915-0986, JSTOR 26652947, lire en ligne)
- (en) « Visit Kusakabeyoshimi Shrine on your trip to Takamori-machi or Japan », sur trips.klarna.com (consulté le )
- 『図説 歴代天皇紀』p42-43「綏靖天皇」
- Anston, p. 143 (Vol. 1)
- (en) Allan G. Grapard, The Protocol of the Gods: A Study of the Kasuga Cult in Japanese History, University of California Press, (ISBN 978-0-520-91036-2, lire en ligne)
- (en) Tenri Journal of Religion, Tenri University Press, (lire en ligne)
- (en) Tomoaki Takano et Hiroaki Uchimura, History and Festivals of the Aso Shrine, Aso Shrine, Ichinomiya, Aso City., Aso Shrine,
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) William George Aston, Nihongi: Chronicles of Japan from the Earliest Times to A.D. 697 [« Nihongi, Chroniques du Japon du Japon des temps les plus reculés à l’an 697 »], Rutland (Vermont), Tokyo, Charles E. Tuttle Company, , 443 p., p. 53.
- Jean Herber, Les Dieux nationaux du Japon, Albin Michel, , 340 p., p. 164-166.
- Pierre Vinclair, Kojiki. Chronique des faits anciens, Le corridor bleu, , 233 p., p. 68.
- Atsuhiko Yoshida (deuxième article), « La mythologie japonaise, essai d'interprétation structurale », Revue de l'histoire des religions, t. 161, no 1, , p. 25 à 44. Concernant Ōkuninushi, voir p. 35-42.
Articles connexes
modifier- Daikokuten
- Ōkuninushi-jinja (Osaka)
- Izumo-taisha