İsmail Beşikçi
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Faculté des sciences politiques de l'université d'Ankara (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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İsmail Beşikçi, né en 1939 à İskilip (province de Çorum) est un sociologue turc, connu pour ses travaux consacrés aux Kurdes.

Biographie modifier

Né le dans une famille turque proche du pouvoir, il étudie les sciences politiques à l'université d'Ankara de 1958 à 1962. En 1964, il obtient un poste d’assistant en sociologie à l'université d'Erzurum. En 1965 il obtient son doctorat en présentant sa thèse intitulée « Le changement à l'Est et les problèmes structurels - Le cas de la tribu nomade des Alikan » (Doğuda Değişim ve Yapısal Sorunlar/ Göçebe Alikan Aşireti)[1],[2],[3].

En 1969, il publie son premier ouvrage, L’ordre de l’Anatolie de l’Est : fondements économiques et ethniques (Doğu Anadolu'nun Düzeni, Sosyo-Ekonomik ve Etnik Temeller). Il est alors démis de ses fonctions à l’Université d’Atatürk[4]. Dans les semaines qui suivent le coup d'État de 1971, il est inculpé de « propagande séparatiste » et « atteinte au caractère indivisible de la nation turque » par une Cour d'exception, exclu définitivement de l'université et condamné à treize ans de prison[3]. En 1974, il bénéficie de l'amnistie générale décrétée par e gouvernement d'Ecevit, mais il sera à nouveau jugé pour ses travaux sur les Kurdes, suspectés de « séparatisme ». En 1979, il est emprisonné et ne sera libéré qu'en 1987. Une vingtaine de procès seront à nouveau ouverts contre lui à partir de 1989 par les Cours de Sûreté de l'État. Ses ouvrages Le Kurdistan : colonie inter-étatique et Sciences-Idéologie officielle-État- Démocratie et la Question kurde, publiés en 1990, ont été saisis. Pour ces deux livres, il est condamné à trois ans d'emprisonnement et incarcéré en 1993. Il est amnistié en 1999[4]. En tout, il sera condamné huit fois et passera dix-sept ans en prison pour ses écrits[5],[1]. En 1999, il est à nouveau jugé et, cette fois, condamné à deux cent ans de prison[6].

Comme il s'est toujours clairement distancié de la violence politique, il est considéré par Amnesty International comme un prisonnier de conscience[5].

Thèses modifier

Les conceptions d'Ismail Besikçi évoluent au fur et à mesure qu'il approfondit ses recherches. Au départ, à l'époque où il rédige sa thèse, ses analyses sont influencées à la fois par le marxisme et le kémalisme, comme l'est l'essentiel de la gauche turque. Il reprend du mouvement national kurde l'idée du Kurdistan colonisé, mais dont le sous-développement doit être dépassé par une intégration à une Turquie de type socialiste. Il considère, à ce moment-là, le nationalisme kurde et ses représentants comme des « éléments réactionnaires » qui font obstacles au développement[3].

En revanche, à partir des années 1970, il change complètement son analyse du rôle du kémalisme au Kurdistan. En effet, la politique kémaliste au Kurdistan se donne pour justification la lutte contre les « oppresseurs » que seraient les cheikhs, les aghas et les chefs de tribus[3]. Les analyses que fait désormais Ismail Besikçi l'amènent à mettre en lumière les politiques de déportation de population, de destruction de l'identité ethnique du peuple kurde par l'assimilation forcée et la répression violente[3]. Pour lui, le sous-développement des régions kurdes n'est pas dû à un hypothétique manque de ressources, mais à une politique délibérée de l'État turc[7],[8].

Contrairement au Parti des travailleurs du Kurdistan qui a abandonné depuis longtemps l'idée d'un État kurde pour prôner une solution démocratique qui ne touche pas aux frontières existantes, Besikçi considère toujours que l'indépendance politique du Kurdistan est une nécessité[7].

Travaux modifier

  • Doğu Mitinglerinin Analizi, 1967
  • Doğu Anadolu da Göçebe Kürt Aşiretlerinde Toplumsal Değişime, 1968
  • Doğu'da Değişim ve Yapısal Sorunlar, 1969
  • Doğu Anadolu'nun Düzeni, Sosyo-Ekonomik ve Etnik Temeller, 1969
  • Devletlerarası Sömürge Kürdistan, 1990
  • Bilim, Resmi Ideoloji, Devlet, Demokrasi ve Kürt Sorunu, 1990
  • Bir Aydın, Bir Örgüt ve Kürt Sorunu, 1990
Traduits en allemand
  • Kurdistan : internationale Kolonie, Frankfort, ISP Verlag, 1991, 236 p. (ISBN 978-3-883-32188-2)
  • Wir wollen frei und Kurden sein – Brief an die UNESCO, Neuer Isp-Verlag 2002, (ISBN 3883321214)
Traduits en anglais
  • Kurdistan & Turkish Colonialism: Selected Writings. Londres, Kurdistan Solidarity Committee and Kurdistan Information Centre, 1991.
  • International Colony Kurdistan, Londres, Gomidas Institute, 2015, 164 p. (ISBN 978-1909382206)

Notes et références modifier

  1. a et b (tr) « İsmail Beşikçi Kimdir? - Güncel İsmail Beşikçi Haberleri », sur sabah.com.tr (consulté le )
  2. Sabri Cigerli et Didier Le Saout, les mutations de la question kurde en Turquie et au Moyen-Orient, Paris, Maisonneuve et Larose, , 422 p. (ISBN 978-2-7068-1885-1), p. 35
  3. a b c d et e (en) Martin van Bruinessen, « Ismail Beşikçi: Turkish Sociologist, Critic of Kemalism, and Kurdologist », The Journal of Kurdish Studies, vol. V,‎ , p. 19-34
  4. a et b Salih Akin, « Les Kurdes et le Kurdistan dans le discours scientifique turc », Journal of Kurdish Studies,‎ , p. 51-60
  5. a et b (en) Michael M. Gunter, Historical Dictionary of the Kurds, Toronto/Oxford, Scarecrow Press, , 410 p. (ISBN 978-0-8108-6751-2), p. 26
  6. Kendal Nezan, « La communauté internationale refuse au Kurdistan ce qu'elle négocie pour le Kosovo. L'Occident complice du calvaire kurde. », Libération,‎ (lire en ligne)
  7. a et b « De Lausanne à Lausanne, «pour un Kurdistan indépendant» », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Martin van Bruinessen, « Ismail Beşikçi: Turkish sociologist, critic of Kemalism, and kurdologist », The Journal of Kurdish Studies, vol. V,‎ , p. 19-34

Liens externes modifier