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Des élections législatives samoanes de 2021 ont lieu le afin de renouveler pour cinq ans l'ensemble des sièges du Fono, le parlement monocaméral des Samoa[1].
Les Samoa sont une république parlementaire, s'inspirant du modèle de Westminster[2]. Quarante-sept députés sont élus par les citoyens autochtones, à travers autant de circonscriptions uninominales. Les deux autres députés sont élus par les 'électeurs individuels' (individual voters), principalement non-autochtones - c'est-à-dire des citoyens naturalisés, ou des descendants d'Européens et d'Asiatiques installés dans le pays pendant la période coloniale. Seules les personnes portant un titre de matai (titre traditionnel de chef de famille) peuvent être élues députés, y compris pour les deux sièges non-autochtones. Le droit de vote s'acquiert à l'âge de 21 ans[3],[4].
À la suite d'un amendement constitutionnel adopté à l'unanimité par le Parlement en 2013, au moins cinq sièges au Parlement doivent être occupés par des femmes. Si moins de cinq femmes sont élues, des sièges supplémentaires seront créés pour cette législature, et alloués aux candidates ayant obtenu les meilleurs résultats dans le pays[5]. Quatre femmes ayant été élues députées dans les circonscriptions générales lors des élections de 2016, une seule députée supplémentaire est élue via le quota, portant à cinquante le nombre de députés pour la législature 2016-2021[6].
Après les élections, le nouveau Parlement procède à l'élection du Premier ministre. Le chef de l'État, pour sa part, est élu par le Parlement tous les cinq ans ; le premier mandat de Tuimalealiifano Va'aletoa Sualauvi II, chef de l'État au moment des législatives de 2021, arrive à terme en 2022.
Il existe deux partis politiques représentés au Parlement lors de la législature de 2016 à 2021 : le Parti pour la protection des droits de l'homme (HRPP ; conservateur, au pouvoir), et le parti Tautua Samoa (TSP). Le HRPP a remporté toutes les élections depuis 1982[7], et dispose de quarante-sept sièges sur cinquante durant la législature 2016-2021[8]. En 2019 et en 2020 toutefois, deux députés, La'auli Leuatea Polataivao Schmidt et Faumuina Wayne Fong, sont exclus du parti en raison de leurs désaccords avec le Premier ministre, et siègent dès lors sans étiquette[9]. Et en la vice-Première ministre et ministre des Ressources naturelles, Fiame Naomi Mata'afa, quitte le gouvernement et est exclue à son tour du parti en raison d'un désaccord sur la politique menée par le Premier ministre. Elle siège dès lors comme simple députée sans étiquette[10].
Le parti Tautua Samoa est très fragilisé, n'ayant obtenu que deux sièges aux élections de 2016. Le chef du parti, Afualo Wood Salele, n'est lui-même pas député et le parti n'est pas reconnu en tant que tel au Parlement, n'ayant pas les huit sièges nécessaires à cette reconnaissance[11]. Olo Fiti Afoa Vaai, élu sans étiquette en 2016, rejoint le parti après son élection, mais le quitte début 2019 et siège dès lors comme député d'opposition indépendant[12],[13].
Le Parti des Samoa d'abord (Samoa First Party), mené par l'avocate Unasa Iuni Sapolu, est né en 2018. Il fait campagne contre une loi de 2008 qui facilite le bail de terres autochtones coutumières à des fins commerciales. Le parti veut également interdire toute immigration chinoise[14],[15],[16]. Le Parti démocrate national est né en et mené par Vui Masinamua Seinafolava[1],[17]. Le Parti des Samoa souveraines et indépendantes est fondé le par deux femmes, Fesola'i Logomalieimatagi Tepa Toloa et Fagalilo Agnes Su'a, pour permettre aux Samoans de gérer librement leurs terres coutumières et les ressources de celles-ci[18]. Fin est fondé le parti Tumua ma Puleono, dont le nom est l'association de titres honorifiques des îles d'Upolu et de Savaii[19].
Fin , La'auli Leuatea Polataivao Schmidt, exclu du HRPP, fonde le parti Foi en le Seul Vrai Dieu (en samoan, Faatuatua i le Atua Samoa ua Tasi, ou FAST). Il démissionne de son siège de député, se présente sous l'étiquette de son nouveau parti à l'élection partielle qui en résulte fin août, et est réélu. Début , il conclut une alliance avec le Parti démocrate national et le parti Tumua ma Puleono : Les trois partis s'entendent pour présenter un seul candidat commun par circonscription, sous l'étiquette du FAST[20],[21]. En , Fiame Naomi Mata'afa rejoint le parti, et l'ancien Premier ministre puis chef d'État Tui Atua Tupua Tamasese Efi appelle les électeurs à voter pour ce parti[22]. En mars, Naomi Mata'afa est élue cheffe du parti, avec Polataivao Schmidt pour adjoint[23].
À la clôture des candidatures, il y a exactement 200 candidats (23 femmes et 177 hommes), dont 114 présentés par le HRPP. Le parti FAST présente 50 candidats, tandis que le parti Tautua Samoa n'en présente que 14. Le Parti des Samoa d'abord présente six candidats, et le Parti des Samoa souveraines et indépendantes n'en présente qu'une[24]. Les députés sortants Olo Fiti Va'ai et Faumuina Wayne Fong, élus en 2016 pour le HRPP, se présentent à ce scrutin sous les couleurs du parti FAST ; en conséquence, le président du Parlement, Leaupepe Toleafoa Faafisi, prononce leur exclusion du Fono jusqu'à la date des élections[25].
Onze candidatures sont déclarées inéligibles par la commission électorale après la clôture des dépôts. Le nombre final de candidats se monte ainsi à 189, dont 21 femmes. Le PPDH a 105 candidats, le FAST 52, Tautua Samoa 14, Samoa d'abord 5, le PSSI une, et il y a douze candidats sans étiquette[26].
Fiame Naomi Mataafa, vice-Première ministre jusqu'à sa démission du HRPP en 2020, est déclarée réélue dès , étant à nouveau la seule candidate dans sa circonscription de Lotofaga. Le Premier ministre Tuilaepa Sailele Malielegaoi, qui avait été réélu député sans adversaire en 2011 et en 2016, devait affronter deux autres candidats dans sa circonscription de Lepa, mais l'un est disqualifié et l'autre se retire ; il est donc également déclaré réélu fin 2020. Le seul autre candidat déclaré élu sans opposant est Lealailepule Rimoni Aiafi, député sortant de la circonscription de Faleata Sisifo, qui avait affronté trois adversaires en 2016[27],[24].
Le parti FAST mène campagne activement, érigeant des panneaux d'affichage et se rendant dans les villages pour parler aux citoyens. De son côté, le Premier ministre utilise son allocution radio hebdomadaire pour rappeler les mesures prises durant ses vingt-deux ans à la tête du pays. Les deux principaux partis utilisent par ailleurs Facebook[28].
Dans le village de Satapuala, plusieurs matai (chefs) interdisent au parti FAST de faire campagne, afin disent-ils de préserver l'harmonie au village et le soutien des villageois pour le HRPP[29].
Les élections produisent un parlement sans majorité. Au pouvoir depuis 1982, le HRPP perd sa majorité absolue des sièges et se trouve à égalité avec le FAST. Il manque à chacun un seul siège pour atteindre la majorité : celui de l'élu indépendant Tuala Ponifasio, qui se trouve ainsi faiseur de rois[30],[31].
Ce résultat, avec deux partis politiques ayant chacun un grand bloc de députés, est sans précédent dans l'histoire politique samoane. L'historien Malama Meleisea(en) de l'Université nationale des Samoa note qu'il y aura donc, pour la première fois, une opposition parlementaire « viable ». Il perçoit également une évolution dans le comportement des électeurs, appelés à choisir entre des programmes plutôt qu'entre des personnalités[32]. L'égalité en sièges malgré un nombre de voix beaucoup plus élevé pour le HRPP que pour le FAST s'explique toutefois par le fait que le parti au pouvoir a présenté de multiples candidats dans bon nombre de circonscriptions, et a pâti de la division des voix entre ces candidats, au profit de ceux du FAST[33].
Cinq femmes sont élues. Le dispositif prévoyant des sièges supplémentaires réservées aux femmes au cas où moins de cinq seraient élues n'est donc pas activé[34].
Résultats préliminaires des législatives samoanes de 2021[35],[33]