Yves Bamberger

ingénieur, chercheur et enseignant français

Yves Bamberger est un ingénieur, chercheur et enseignant français. Il a notamment dirigé la R&D d'EDF. En 2022, il est élu vice-président de l’Académie des technologies.

Biographie modifier

Famille modifier

Yves Robert Bamberger est né à Paris le 10 décembre 1947 de parents enseignants[1].

Il est parfois confondu avec son frère Alain Bamberger qui a été directeur de la recherche de l'École nationale des ponts et chaussées, puis directeur général adjoint de l'Ecole polytechnique, et préside le Réseau national des écoles doctorales sciences pour l’ingénieur[2].

Formation modifier

Yves Bamberger est ancien élève de l’École Polytechnique (X1966). Sa promotion compte notamment Jean-Pierre Bourguignon, Jean-Louis Gergorin, Alain Lipietz et Dominique Vignon[3].

Comme la promotion suivante (X1967), elle est marquée par les événements de mai 1968. Les élèves sont alors tous masculins car l’École restera fermée aux femmes jusqu’en 1972. Ils sont encasernés sur le site de la Montagne Sainte-Geneviève[4] et portent l’uniforme au quotidien[5].

Le 11 mai, ils votent néanmoins la grève en assemblée générale[5]. Les cours et les examens sont suspendus. Avec son condisciple Jean-Pierre Bourguignon, Yves Bamberger anime le courant réformiste qui porte un programme de modernisation (contenu de l’enseignement, organisation des études, fonctionnement de l’École)[6]. Le mouvement débouchera, entre autres, sur l’introduction de la biologie, de l’informatique ou de l’économie dans les enseignements. À l’issue de ces deux ans de scolarité et de son service militaire, Yves Bamberger intègre l’École nationale des Ponts et Chaussées en 1969.

Carrière professionnelle modifier

Chercheur et enseignant modifier

Diplômé de l'École des Ponts en 1971, Yves Bamberger commence sa carrière comme chercheur en mécanique des structures au sein du Laboratoire Central de l'établissement, le LCPC : ses travaux portent notamment sur des problèmes de vibrations, de stabilité et de propagations d’onde[7].

Il est également professeur dans l'École. D’abord en mécanique (de 1971 à 1988), puis en résistance des matériaux (de 1988 à 2000). Cet enseignement fournira la matière à un Mécanique de l’ingénieur en 4 tomes aux éditions Hermann. Yves Bamberger donnera également des cours à Polytechnique, entre 1983 et 1995, et introduira plusieurs disciplines nouvelles aux Ponts, ainsi que la filière Génie Industriel[7].

Chez EDF modifier

En parallèle de ces activités dans le supérieur, Yves Bamberger rejoint EDF en 1980 à la Direction des Études et Recherches (DER) afin de créer un département « Mécanique et Modèles Numériques » pour contribuer aux traitements des questions de mécanique posées par le nucléaire.

En 1988, il prend la direction du service Informatique et Mathématiques appliquées, où il lance le développement du « supercomputing » pour répondre aux besoins de l’énergéticien. En 1991, il devient secrétaire général de la Mission Informatique et Télécommunication en charge de conseiller les Directions générales d’EDF et GDF sur ces questions. Il préconisera la connexion des systèmes d'information au protocole émergent TCP/IP, ou Internet, et donc l'abandon du projet de normalisation du réseau interne de transmission informatique, hérité du plan Calcul[8],[9]. En 1999, après quatre ans passés à la Production et au Transport, il crée puis dirige une Direction des Systèmes d’Information et de l’Informatique, restructurant ce domaine éclaté entre différents services.

En 2002, il prend la suite de Gérard Menjon à la nouvelle direction EDF R&D, qui succède à l'historique DER. Là, il travaille notamment sur l’électricité décarbonée et sur les réseaux « intelligents ». Dans le même temps, il fait progresser la simulation et la modélisation dans les travaux de ses équipes[10],[11].

Il s'attache aussi à la valorisation de la recherche[12]. À cet égard, il introduit la notion de « valeur actualisée nette » des projets de recherche, comme outil d'évaluation prospectif, en rapportant les bénéfices attendus par projet sur une estimation des coûts de mise en œuvre[13]. Il est à l'origine de l'implantation de la R&D d'EDF sur le pôle de Saclay. Préparé dans la confidentialité avec son équipe au printemps 2008, le projet est validé par le comité exécutif du groupe à l'été 2008 avant d'être présenté aux salariés en septembre 2008[14],[15],[16]. La dossier sera ensuite piloté par Bernard Salha, nommé Directeur R&D à partir de 2010, tandis qu'Yves Bamberger devient conseiller scientifique du PDG jusqu'en 2014.

Académie des technologies modifier

Yves Bamberger est l'un des membres fondateurs de l'Académie des technologies en 2000. Il y intervient régulièrement sur les questions énergétiques et de décarbonation de la production électrique[17],[18].

Élu président du comité des travaux en 2017[19], il impulse la réorganisation en pôles thématiques. Il devient Vice-président de l'Académie en 2022[20],[21] et préside la même année le Comité énergie du CAETS, Association internationale des académies des technologies et de l’ingénierie[22].

CIGREF modifier

Yves Bamberger est président du Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises d'octobre 1993 à septembre 1995[23], période durant laquelle la démocratisation de l'informatique s'installe. Il défend alors le passage du CIGREF à une expression publique afin de relayer les attentes spécifiques des DSI et des autres professionnels du secteur auprès des constructeurs[24].

Conseils d'administrations, conseils scientifiques et autres activités. modifier

Yves Bamberger a été membre du Gartner Research Board (New York), membre du Board de l’Electric Power Research Institute (Palo Alto) et membre de la première plate-forme européenne sur les smartgrids.

En tant que personnalité qualifiée, il a été membre du conseil d'administration de l'Institut français du pétrole et de l'Institut de physique du globe de Paris[25].

En tant que président des conseils d'administration du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées[26] et de l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité, Yves Bamberger a préparé la fusion qui donnera naissance à l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux[27], qui fusionnera lui-même en 2020 avec l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée pour créer l'Université Gustave Eiffel.

Il a été membre des conseils scientifiques de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie[25].

Il a été membre du Haut Conseil de la science et de la technologie et continue de siéger aujourd'hui dans les jurys de l'European Council Research.

Publications modifier

  1. Tome 1, "Systèmes de corps rigides", 1981. 326 p.
  2. Tome 2, "Milieux déformables", 1981. 288 p.
  3. Tome 3, "Solides déformables", 1997. 468 p.
  4. Tome 4, "Fluides", 1997. 296 p.
  • François Voldoire co-auteur, Mécanique des structures : Initiation, Approfondissements, Applications. Paris : Presses de l'École nationale des Ponts et Chaussées, 2008. 682 p. Conception et calcul des structures de bâtiment.
  • Hans B. Püttgen co-auteur, L’électricité, au cœur de notre futur bas-carbone. Sauvegarder notre niche écologique. Lausanne : EPFL Press, 2021. 347 p. Électricité. Electricity: Humanity's Low-carbon Future. Safeguarding Our Ecological Niche. Singapour : World Scientific, 2021. 484 p.

Décorations modifier

Yves Bamberger est Officier de la Légion d’honneur et Officier des Palmes académiques.

Références modifier

  1. « 2009 - Davantage d'électricité moins de CO2 par M. Bamberger, directeur de la R&D de EDF (part 1/8) » (consulté le )
  2. « REDOC SPI : pour les élèves-ingénieurs intéressés par une thèse », sur Monde des grandes écoles et universités, (consulté le )
  3. « "La jaune et la rouge", revue mensuelle de l'AX, n°208, 01/10/1966 »
  4. « De 1958 à 2018 », sur École polytechnique, école d'ingénieur (consulté le )
  5. a et b « Mai 68 à l'École polytechnique : quand les étudiant·e·s se réapproprient les contenus de leurs cours », sur Ingénieurs sans frontières, (consulté le ).
  6. Emmanuel Grison, « L’ouragan », Bulletin de la Sabix. Société des amis de la Bibliothèque et de l’Histoire de l'École polytechnique, no 46,‎ , p. 31–50 (ISSN 0989-3059, DOI 10.4000/sabix.937, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b « Plaquette École des Ponts ParisTech, Leçons Inaugurales de la première année 2012-2013, Yves Bamberger, La Fée électricité au service du développement durable. ».
  8. « RETINA – Conservatoire des Télécommunications du Réseau Electrique français (clone) » (consulté le )
  9. Mardis de l'innovation, « 2/4 - Une Innovation "système d'information" - Freins à l'Innovation, retour sur quelques exprériences », (consulté le )
  10. Mardis de l'innovation, « 3/4 - Une Innovation "scientifique" - Freins à l'Innovation, retour sur quelques exprériences », (consulté le )
  11. « La production d'énergie pourrait décliner avant 2040, selon les chercheurs d'EDF », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « EDF R&D, actif d'une entreprise nouvellement cotée ! », sur www.ecole.org (consulté le )
  13. François Ailleret, « La recherche-développement à EDF », dans État et énergie XIXe-XXe siècle, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », (ISBN 978-2-11-129456-1, lire en ligne), p. 419–427
  14. « L'histoire du site EDF Lab Paris-Saclay »
  15. « Léonard Laborie. À la recherche d’EDF. De la DER à la R&D. Comité d’histoire de l’électricité et de l’énergie. Histoires électriques. EDF a 70 ans, Fondation EDF, 2016. »
  16. « Aux sources du Centre R&D EDF de Paris-Saclay (2). », sur epa-paris-saclay.fr, (consulté le )
  17. Catherine Moal, « Yves Bamberger (Académie des technologies) : « Les conclusions de l’Ademe doivent être prises avec une très grande prudence » », sur www.alliancy.fr (consulté le )
  18. « Les objectifs chiffrés et atteignables du GIEC », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  19. « L'Académie des technologies renouvelle sa gouvernance », L'Usine nouvelle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « L'ancien président d'Airbus aux manettes de l'Académie des technologies », sur Les Echos, (consulté le )
  21. « Denis Ranque est élu Président de l’Académie des technologies, Yves Bamberger Vice-Président », sur Le Monde du Droit,
  22. (en-US) « About CAETS – International Council of Academies of Engineering and Technological Sciences » (consulté le )
  23. « Les Administrateurs », sur Histoire-cigref.org (consulté le )
  24. « Entretien avec Yves Bamberger - Vidéo Dailymotion », sur Dailymotion, (consulté le )
  25. a et b « Légifrance, "Yves Bamberger" », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  26. « Recherche : un nouveau contrat d'objectifs pour le LCPC », Le Moniteur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. « Rapport annuel commun 2010 INRETS/LPCP, Éditorial, Yves Bamberger, Hélène Jacquot-Guimbal et Guy Bourgeois. »

Liens externes modifier