Wikipédia:Lumière sur/Franc-maçonnerie sous le Second Empire

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Marie-Auguste Desanlis, grand-maître du Grand Orient à l'avènement du Second Empire.
Marie-Auguste Desanlis, grand-maître du Grand Orient à l'avènement du Second Empire.

La franc-maçonnerie sous le Second Empire se retrouve sous la tutelle du pouvoir de l'Empire autoritaire de Napoléon III. Le Second Empire assimile la franc-maçonnerie, et les francs-maçons en général, à une menace et vise soit à la contrôler soit à la faire disparaître. Refusant de se soumettre au pouvoir impérial, des francs-maçons font le choix de l'exil et s'embarquent pour l'Angleterre. Pour subsister, le Grand Orient de France, principale obédience maçonnique, et la franc-maçonnerie française en général — comme ils l'avaient fait lors des périodes révolutionnaires ou du Premier Empire — se doivent d'accepter de grandes concessions. Pour éviter la dissolution, ils optent pour la solution des « princes protecteurs » chargés d'en prendre la grande maîtrise. La période autoritaire voit l'interdiction des débats politiques, un effacement et une réduction des loges, soumises à une faiblesse des effectifs, avant de connaître de nouvelles dynamiques et un nouvel essor lors de la période libérale du Second Empire.

Durant la guerre de 1870, les obédiences ne soutiennent pas la politique impériale et sont plutôt pacifistes. Après la défaite de Sedan et la proclamation de la République, elles appellent à la lutte contre les armées prussiennes et rompent leurs relations avec la franc-maçonnerie allemande. En 1871, si les obédiences se tiennent à l'écart de la Commune de Paris, une partie des francs-maçons s'engagent ouvertement dans les rangs fédérés, une autre partie appelle à la conciliation pour éviter l'affrontement.

La franc-maçonnerie française fait montre d'une capacité à s'adapter aux contraintes du pouvoir impérial, mais elle est aussi fragmentée, avec des conflits et dissensions entre loges et entre obédiences, parfois entre générations de francs-maçons, qui se focalisent sur la durée des présidences de loges souvent très longues, ou avec des conflits d’ordre politique entre républicains et anti-républicains. Un courant anticlérical né à la Restauration s'installe sûrement pendant toute cette période. Malgré cette fragmentation, la souplesse des institutions maçonniques et la capacité à s'adapter tant au niveau national que local permettent à la franc-maçonnerie en France de se maintenir au travers d'institutions suffisamment malléables pour s’accommoder de tous les régimes.

Au cours de cette période charnière, la franc-maçonnerie française s'engage plus ouvertement dans le débat sociétal. Le Grand Orient de France, tout en restant un ordre initiatique, évolue vers une société philosophique et politique, ayant adopté pour devise le triptyque républicain — Liberté - Égalité - Fraternité. Cela préfigure son engagement dans la société et son action politique au cours de la Troisième République.