Villa Sésini

bâtiment et centre de torture en Algérie
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La villa Sésini est une bâtisse néo-mauresque construite à la fin du XIXe siècle sur les hauteurs d'Alger.

Villa Sésini
La villa Sésini vue de l'extérieur
Présentation
Type
Destination initiale
Villa privée
Destination actuelle
Style
Commanditaire
Alexandre Sésini
Propriétaire
Ville d'Alger
Localisation
Pays
Algérie
Commune
Coordonnées
Carte

Historique

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La villa a été construite par Me Alexandre Sésini, notaire à la rue Bab Azzoun à Alger. En 1926, la ville d'Alger l'a classée comme monument naturel[1]. En 1927, le consulat d'Allemagne s'y installe[2]. Elle abrita après l'indépendance durant un temps le siège du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Elle est transformée en centre de détention et de torture pendant la guerre d'Algérie[3].

Après l'indépendance de l'Algérie, la villa Sésini fut employée, en coordination avec Cuba, pour la formation militaire de révolutionnaires latino-américains[4].

Par arrêté du ministre algérien de la Culture en date du , la villa est classée sur la liste des biens culturels protégés.

Centre de torture

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Pendant la guerre d'Algérie, c'était un centre de détention   et de torture de membres présumés du Front de libération national. C'était le QG des légionnaires du 1er REP[5] lors de la bataille d'Alger.

Les historiennes R. Branche et S. Thénault

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Analysant une lettre du procureur Jean Reliquet, envoyée au ministre de la Justice François Mitterrand, les historiennes R. Branche et S. Thénault précisent :

« Certains signes montrent que Paris a peut-être davantage l’oreille ouverte aux violations des droits de l’homme que par le passé. Dans cette lettre, par conséquent, Jean Reliquet revient avec insistance à la question des tortures [...] Autrement dit, il ne connaît que la partie émergée de l’iceberg car il ne dispose que des informations qui lui parviennent en sa qualité de procureur général [...]. Pourtant, à cette époque, la torture est massivement pratiquée à Alger et pas uniquement en vue d’obtenir des renseignements, comme on l’a souvent dit, mais bien pour terroriser la population [...] elle touche désormais tout le monde, « sans distinction de race, ni de sexe ». Autrement dit, des Européens aussi sont torturés par l’armée française. Et l’ampleur prise par la pratique de la torture « pour tous » dans ces mois-là est bel et bien une nouveauté. Des communistes, des progressistes, des membres des centres sociaux ont été arrêtés, détenus au secret, torturés à Alger dans les premiers mois de l’année 1957, par le 1er RCP[6] mais aussi par d’autres. Un régiment en particulier semble d’ailleurs s’être « spécialisé » dans les Européens : le 1er REP, des légionnaires basés à la villa Sesini [...]. Aucune distinction de sexe n’est opérée : les femmes aussi sont détenues puis torturées, ce qui constitue là encore une nouveauté[7]. »

Témoignages

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Aussaresses et Jean-Marie Le Pen

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Paul Aussaresses, officier parachutiste, qui a témoigné avoir torturé dans son livre Services spéciaux, Algérie 1955-1957 : Mon témoignage sur la torture[8] affirme avoir croisé l'officier de renseignement Jean-Marie Le Pen à la villa Sésini[9].

L'ancien appelé Henri Pouillot

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Villa Sésini à Alger.

L'appelé Henri Pouillot du 584e BMT, a été affecté dans cette villa pour effectuer la fin de son service militaire, pendant la guerre d'Algérie, de à . Il décrit son expérience dans un livre intitulé La Villa Sésini[10], et dans un autre intitulé Mon combat contre la torture[11]. Son témoignage est mis en doute lors de son procès en diffamation contre le général Maurice Schmitt mais la cour juge que le général est coupable de diffamation, l'ayant accusé de viol. Pouillot n'a pas été capable de fournir des documents militaires attestant de son affectation[12].

Le témoignage de Louisette Ighilahriz

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Louisette Ighilahriz est une combattante indépendantiste algérienne arrêtée pour avoir posé des bombes sur des civils, puis torturée par les forces françaises. Elle rencontrera Henri Pouillot, aux côtés duquel elle témoignera contre la torture présumée systématisée par l'État français pendant la guerre d'Algérie[13],[14].

Le témoignage de Nassima Hablal

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Nassima Hablal est une combattante indépendantiste algérienne arrêtée pour avoir été secrétaire du Comité de coordination et d'exécution, puis torturée par les forces françaises. Elle témoigna avec Nassima Guessoum contre la torture[15],[16].

Notes et références

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  1. Bulletin municipal officiel de la ville d'Alger no 639 page 422 - séance du 26 novembre 1926 - http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32731184v
  2. L'Écho d'Alger, no 6366, du 15 mars 1927
  3. Malika Rahal, Fabrice Riceputi, « J’ai pu apercevoir le docteur Asselah », sur Mediapart (consulté le )
  4. Ahmed Ben Bella, « Ainsi était le « Che » », sur Le Monde diplomatique,
  5. Robin-Escadrons, chap. XIII, p.  180
  6. 1er régiment de chasseurs parachutistes
  7. Raphaëlle Branche et Sylvie Thénault, « Justice et torture à Alger en 1957 : apports et limites d’un document » in Enseigner la guerre d'Algérie et le Maghreb contemporain, actes de la DESCO Université d'été octobre 2001, p. 44-57
  8. Édité chez Perrin en 2001
  9. « Paul Aussaresses : « J'ai croisé Le Pen à la villa Sésini » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Henri Pouillot 2001
  11. Henri Pouillot, (préf. Georges Doussin, postface Mouloud Aounit), Mon combat contre la torture, éd. Bouchène, coll. Escales, (ISBN 2-912946-90-5) [présentation en ligne]
  12. Florence Aubenas, « «Je vous jure, j'ai été torturée» », Libération,‎ (lire en ligne)
  13. Voir France 2, Envoyé spécial, 7 février 2002.
  14. « Justice, Guerre d'Algérie : un viol en appel », L'Obs, (consulté le )
  15. « Nassima Hablal, la liberté en héritage | L'Humanité », sur www.humanite.fr, (consulté le )
  16. « Nassima Hablal, l'héroïne de l'ombre... », sur Djazairess (consulté le ).

Annexes

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Bibliographie

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  • Henri Pouillot, La Villa Susini : tortures en Algérie, un appelé parle, juin 1961-mars 1962, Paris, Tirésias, coll. « Ces Oubliés de l'histoire », , 151 p. (ISBN 978-2-908-52788-9, OCLC 421959867)
  • Louisette Ighilahriz et Anne Nivat, Algérienne, Paris, Calmann-Lévy : Fayard, , 273 p. (ISBN 978-2-213-60942-3, OCLC 421726413)

Articles connexes

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