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Espace Comedia

Créé en 1991 par la transformation de l'un des plus anciens cinémas de la ville de Toulon mais aussi de France, l’Espace Comedia assure d'octobre à juin une programmation de théâtre, musique, cinéma, spectacles jeune public. Il est géré et animé par le Théâtre de la Méditerranée et dirigé par André Neyton.

La création dans les années 20

En 1919, Joseph Rosa, photographe offi­ciel de l’Opéra de Toulon, passionné de cinéma et dépositaire d'un brevet concernant un nouveau système d'éclairage de studio, le « Rosa Lux », achète une vaste grange dans le quartier du Mourillon qu'il aménage intégralement. C'est alors la grande époque du cinéma muet. Dès 1921, le premier cinéma du Mourillon voit le jour, il s'appellera Le Comédia. Rosa arpente les rues de Toulon avec sa voiture pour en faire la publicité. De Charlot à Keaton, en passant par Valentino, c’est au Comédia que les Toulonnais assisteront au premier film parlant, Le chanteur de jazz avec Al Jolson.

Des années 30 au bombardement de 1943

Sept ans plus tard, Rosa décide de passer la main. Plusieurs gé­rants vont alors se succéder, de Féraud à Paron, puis Marchand. A l'époque déjà, les Mourillonnais tremblent de voir disparaître leur Comé­dia. Mais en pleine guerre, le 24 novembre 1943, le cinéma est rasé lors d'un bombardement. Ce n'est qu'au milieu des années 1950 que la salle rouvre. A l'époque les cinémas fleurissent, après le Royal, le Rex, et le Fémina, c'est le Gaumont qui ouvre place de la Liberté.

Les années 80, Wisen et le Club Comoedia

Dès 1984, c'est Albert Wisen, l'un des Monsieurs Cinéma du tout Toulon, qui s’installe au Comoedia. Désormais, on peut y admirer sur la façade un Tati géant qui surplombe la place. Le Comoedia compte alors deux salles, trois cents places, une bibliothèque et une cafétéria. On y projette jusqu'à quatre films par jour. Le patron du Gaumont, M. Delpuech, et la Number One d'Utopial, sont présents à l'inauguration qui se fera avec la projection long métrage néo-zélandais, Utu. Désormais, le Comoedia ce sera également théâtre, jazz, mime, conférences et dîners. En parallèle, le club « Comœdia » voit le jour. Il permet aux Toulonnais d’acheter un fragment de la salle, afin d’éviter qu’il ne soit transformé en supermarché. En échange, ils pourront assister à des avant-premières, des dîners-débats avec Bertrand Tavernier, André Dussolier, ou encore Toscan du Plantié. Wisen est alors sou­tenu par des élus, comme François Trucy ou Sabine Girard-Reydet, mais aussi par de nombreux par­ticuliers et asso­ciations. Tout le monde se mobilise, personne n'étant prêt à accepter le choc de la disparition du Comœdia.

Des années 90 à aujourd'hui, longtemps le seul théâtre de Toulon

Mais les années passant, le Comédia finira par fermer ses portes. Enfin, pas vraiment, puisqu'il sera sauvé des eaux par André Neyton, homme de théâtre, prêt à lui offrir une nouvelle vie. Et c’est tout ce qu'aurait souhaité Joseph Rosa. En plus du cinéma, de la danse, et de la musique, ce sera maintenant avant tout un Théâtre ! Et ce avec le soutient de la Ville de Tou­lon, du Conseil Général du Var et du Ministère de la Culture. De lourds travaux plus tard, c’est maintenant un salle de spectacle de 220 places avec un plateau de 110m2 qui voit le jour, mais aussi une seconde petite salle qui servira de lieu de tra­vail, et qui sera utilisée pour les formes plus intimistes. Le maître des lieux, André Neyton, possède sa propre compagnie de théâtre, le Centre Dramatique Occitan, depuis le début des années 70. Il a beaucoup bourlingué. Après deux structures sous forme de chapiteaux mobiles, il a d'abord créé le Théâtre de la Porte d'Italie bien connu à Toulon. Depuis 1984, il dirige aussi Le Théâtre de la Méditerranée, une structure promouvant les échanges culturels méditérranéens. C'est donc tout naturellemnent, qu'il décide de poser ses valises au Comédia, qui devient alors l'Espace Comedia.

Comme un hommage au cinéma muet des années 20, l’inauguration débute alors par la projection d'un Buster Keaton accompagné en direct au piano. Puis, comme un presque hasard, après Utu en 1984,  c’est Ubu de Jarry, par le Nada Théâtre, qui fera l'ouverture théâtrale de ce 14 mars 1991. S’en suivra le mer­veilleux faiseur de bulles, Peb Bou, et le grand marionnettiste Jordi Bertran. Une inauguration en grande pompe en présence de Pierre Joffard, pré­fet du Var, Maurice Arreckx, pré­sident du Conseil Général du Var, Fran­çois Trucy, sénateur maire, Louis Colombani, député du Var, Mau­rice Delplace, maire de La Garde, etc. Tous prendront un à un la parole, évoquant avec émotion les souvenirs familiaux du cinéma muet des années 20.

Très vite, l’impulsion méditerranéenne démarre, et c’est le Théâtre National Grec avec Ioanna Gavakou, qui poursuit les festivités avec un stage profes­sionnel sur la Tragédie Antique. Depuis lors, s'en suivront près de 600 spectacles, et plus de 100 000 spectateurs. Régulièrement en danger, l'Espace Comedia est depuis des décennies sauvé par l’énergie et la détermination sans faille du maître des lieux qui fait en sorte que, contre vents et marrées, le spectacle continue dans l'une des plus anciennes salles de France !