Utilisateur:Pierre Chambert-Protat/Brouillon

(Brouillon d'une refonte de la page de Florus de Lyon)

Biographie

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Annotations de Florus de Lyon sur le sermon 20 de saint Augustin (Genève, Bibliothèque de Genève, lat. 16, fol. 16v)

Nous savons peu de choses de sa vie, qu'il semble avoir passée tout entière à la cathédrale de Lyon.

Débuts

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Florus lui-même désigne l'Église de Lyon comme sa «sacrosainte génitrice et nourrice», sa «mère», «au sein de qui [il a] été nourri dès l'enfance[1]». La date de sa naissance n'est pas connue mais Walafrid Strabon, dans une lettre à l'archevêque de Lyon Agobard, vers 828, le présente comme un homme déjà célèbre mais encore jeune[2]. Ces éléments font penser que Florus est né à Lyon vers 805-810, et a été élevé par l'école cathédrale de Lyon, récemment réformée par l'évêque Leidrat, proche de Charlemagne et d'Alcuin, selon le programme voulu par la Cour.

Vers l'époque où Walafrid écrit, une lettre à l'évêque Barthélemy de Narbonne est co-signée par Agobard, un certain Hildigisus, et Florus[3]. Ces trois noms apparaissent également sur la liste des clercs de la cathédrale de Lyon, dans le livre des confraternités de l'abbaye de Reichenau[4]. Ce détail tend à confirmer la renommée précoce de Florus évoquée par Walafrid, mais les causes exactes de cette renommée restent inconnues.

En 835, Florus dit avoir rempli depuis plusieurs années dans l'Église de Lyon des fonctions d'administration, de doctrine et de prédication[5]. La nature exacte de ces responsabilités reste indéterminée, mais on le voit étroitement associé aux travaux de son évêque: il prépare notamment des dossiers de citations (bibliques, patristiques et juridiques) dont Agobard se sert ensuite comme arguments d'autorité dans ses propres ouvrages, notamment antijudaïques[6].

À cette première période appartiennent vraisemblablement la lettre de Florus à Eldrade de Novalèse sur le psautier latin[7], ainsi que son De actione missarum, un commentaire de la liturgie de la messe composé essentiellement à partir d'extraits des Pères de l'Église[8].

La crise amalarienne

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Une première crise s'ouvre avec la déposition d'Agobard. L'évêque de Lyon s'était fortement engagé en faveur des fils de Louis le Pieux lors de leur rébellion contre leur père, et paie cet engagement lorsque ce dernier est rétabli en 835. Cité à comparaître pour être jugé, il fait défaut et est déposé, la gestion du diocèse étant alors confiée à deux administrateurs, Moduin d'Autun et Amalaire de Metz.

Le premier appartient au réseau lyonnais: Moduin est évêque d'Autun, un siège suffragant de Lyon, et il est à la tête des clercs de l'église Saint-Georges à Lyon; Florus fait appel à lui comme à un condisciple, élevé comme lui par l'Église de Lyon. Amalaire ne jouit pas de cette proximité, et dès son arrivée à Lyon il tente d'introduire une réforme liturgique appuyée sur ses propres commentaires de la messe, que le scriptorium de la cathédrale est mis en demeure de copier. Dans sa lettre au concile de Thionville (835), Florus se présente comme le porte-parole d'un parti de clercs lyonnais indignés par ces mesures et résolus à n'en rien faire: «je préfèrerais me couper les trois premiers doigts, ceux dont on se sert pour écrire», écrit Florus[9].

Cette opposition est d'autant plus radicale que, aux dires de Florus, les écrits d'Amalaire sont pleins d'hérésies. Agobard, depuis son exil à Pavie, se bat sur la même ligne. Cette approche permet aux Lyonnais de déplacer le débat: en attaquant l'orthodoxie d'Amalaire, ils évitent les questions beaucoup plus délicates que sont le pouvoir princier sur les sièges épiscopaux, ou bien l'attitude personnelle d'Agobard dans la rébellion des fils de Louis le Pieux.

En 838 un concile réuni à Quierzy finit par condamner Amalaire et rétablir Agobard comme archevêque de Lyon, mais ce retournement de situation est attribuable à la réconciliation de l'empereur avec ses fils, plutôt qu'à une véritable victoire de la campagne instiguée par Florus et Agobard. Néanmoins Florus considère désormais Amalaire comme un hérétique condamné: quinze ans plus tard il se scandalise qu'on se réfère encore à lui, et proclame que tous les exemplaires des ouvrages d'Amalaire auraient dû être brûlés à sa mort (survenue en 850).

Entre-deux-crises

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Nous avons peu d'indications sur l'emploi du temps de Florus lors de la décennie qui suit le retour d'Agobard. Celui-ci meurt le 6 juin 840, et en février 841 lui succède Amolon, "un de ses diacres". Certains historiens modernes se sont étonnés que ce personnage dont nous ne savons rien ait été préféré au célèbre Florus, proche collaborateur d'Agobard. En tout cas, Florus travaille aux côtés d'Amolon comme autrefois auprès d'Agobard, fournissant encore des arguments d'autorité au grand ouvrage antijudaïque d'Amolon.

C'est vraisemblablement aussi durant cette décennie que Florus compile son De Pascha, un manuel historique et pratique sur le calcul de la date de Pâques, dont Mannon de Saint-Oyen prend une copie intégrale en 848.

  1. Carmen XXIV, dans MGH Poet. II, p. 556, v. 11-12; lettre au concile de Thionville de 835, dans MGH Conc. II/2, p. 770, l. 32-34; lettre au concile de Quierzy de 838, ibid. p. 773, l. 1-3.
  2. Référence nécessaire.
  3. Référence nécessaire.
  4. Zürich, Zentralbibliothek, Ms. Rh. hist. 27, f. 60v-94. Le nom de Florus apparaît dans la colonne de gauche, troisième ligne en partant du bas. Hildigisus figure quelques lignes plus haut et Agobard est mentionné en premier.
  5. Lettre au concile de Thionville de 835, dans MGH Conc. II/2, p. 770, l. 32-34.
  6. Blumenkranz
  7. Cipolla, Bogaert
  8. Duc
  9. Lettre au concile de Thionville de 835, dans MGH Conc. II/2, p. 770, l. 1-4.