Le Kiltgang, dans certains régions alémaniques, notamment dans l’Oberland bernois mais peut-être également parfois en Suisse romande, était, entre jeunes gens, un rendez-vous nocturne galant, cette visite impliquant souvent également des rapports sexuels. Cette manière particulière de rechercher une épouse était largement répandue en Europe centrale et en Europe du nord, mais tout particulièrement dans l’espace alpin et préalpin.

Franz Niklaus König, Le Kiltgang, avant 1801

Le mot «Kilt» renvoie au terme germanique «kwelda», qui définit le moment du coucher du soleil.

Le Kiltgang, mentionné à partir du XVIe siècle mais assurément bien plus ancien, était combattu par l’Église protestante,. La pratique bénéficiait néanmoins d’une grande popularité. Une grossesse avant mariage offrait en effet aux fiancés l’assurance de pouvoir avoir des enfants, un aspect très important en milieu rural. C’est pourquoi cet usage était toléré avec une certaine mansuétude, même s’il représentait, pour les femmes, un risque d’enfant illégitime, épisode alors considéré comme un scandale.

Le peintre, lithographe et dessinateur Franz Niklaus König (1765–1835) s’exprime ainsi, en 1814, à propos du Kiltgang: « Le kiltgang (visite nocturne d’un garçon chez les jeunes filles), est une tradition solidement implantée, et irrépressible dans le canton de Berne. Les jeunes gens rendent visite de nuit aux filles, parfois de manière isolée, parfois en groupe. L’accès se fait par la fenêtre, mais tout d’abord on se dit des mots doux, souvent assez drôles, qui entraînent une sorte de capitulation. Puis, dans la chambre du haut, la fille régale son hôte de kirsch. Tout le reste se passe, comme on dit, en tout bien, tout honneur. Je veux bien le croire, même si cela m’est difficile : comment un vigoureux montagnard se résoudrait-il à une simple visite platonique ? Et ferait-il pour cela deux ou trois heures de marche, sur un sentier rocailleux, par vents et intempéries ? D’ailleurs il y a souvent certains symptômes moins platoniques et qui, souvent, et c’est heureux, mènent à l’église. »[1].

Bibliographie modifier

  • Louis Junod, «Le Pays de Vaud a-t-il connu le "Kiltgang"?» Tiré à part de: Archives suisses des traditions populaires, Bâle, t. 43 (1946), p. 164-175.
  • Der Kiltgang. Ein ernstes Freundeswort an christliche Aeltern und Hausväter. Jenni, Bern 1822. Digitalisat

Liens externes modifier

  • Paul Hugger, « Kiltgang » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .

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Références modifier

  1. Wikipedia allemand: Kiltgang