Utilisateur:PW1949/Brouillon2

Carrière française

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Alice Guy entre à 21 ans comme secrétaire au Comptoir Général de la Photographie ou Louis Gaumont est employé. En 1895, la société est vendue, Léon Gaumont en prend la direction et va fabriquer le chronophotographe Demeny, un concurrent des appareils des frères Lumière

Gaumont s'intéresse uniquement à la technique et aux reportages mais sa secrétaire lui arrache l'autorisation de tourner un film de fiction. De 1897 à 1907 elle dirigera toute la partie création de la maison Gaumont.

"Le rôle de metteur en scène était complexe: scénario, choix des acteurs, entente avec les décorateurs, les costumiers, les meubliers. Enfin répétition, mise en scène, éclairage.Le film terminé, c'était la vérification,le coupage et le montage" [1]

La production est d'abord modeste par rapport à celle de Pathé, mais elle devient importante dès 1904[2] et en 1905 Gaumont fera construire un grand studio aux Buttes Chaumont: lacité Elgé. [3]

En 1904 Alice Guy embauche brièvement Zecca qui réalise les méfaits d'une tête de veau[4]. Elle se rend compte qu'elle a besoin d'assistants et embauchera Etienne Arnaud, Louis Feuillade, le décorateur Menessier ...

Ses réalisations passent du cinéma d'attraction (montrant une scène unique d'une minute, 20m de film) à un cinéma narratif comme l'assassinat du courrier de Lyon (1904, tourné à Fontainebleau), la Esmeralda ( 1905, tourné à la cité elgé) ou Madame a des envies ( 1906, ou on voit, peut être pour la première fois au cinéma, des gros plans).

En 1906 elle tourne sa Vie du Christ, inspirée de la bible de James Tissot, une production à gros budget pour l'époque avec 300 figurants et 25 tableaux, soit plus de 600m de film.

Alice Guy réalise aussi des phonoscènes entre 1902 et 1906, à l’aide du chronophone,qui synchronise un disque avec le film. Elle enregistre des chanteurs de l’opéra, des chansonniers populaires comme Dranem ou Mayol.

Sa production fut de plusieurs centaines de films dans tous les genres possibles, mais fort peu subsistent aujourd'hui.

En 1907, elle épouse Herbert Blaché, un opérateur d'origine anglaise à l'agence Gaumont de Berlin, rencontré à l'occasion du tournage de Mireille en Provence. Gaumont enverra Blaché aux Etats Unis pour développer une franchise du chronophone et Alice le suivra. C'est Louis Feuillade qui la remplacera à la tête des studios.

Carrière américaine

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Alice et son mari s'installent aux Etats Unis à Flushing, près de New York, et tentent sans grand succès de promouvoir le chronophone. En 1910 ils montent leur propre société, la Solax,dont Alice est présidente, directrice de production, son mari "instigateur" et G. Magie directeur commercial[5]. Deux ans plus tard la compagnie peut construire de nouvelles installations à Fort Lee (New Jersey). Solax sera la plus grande maison de production des Etats Unis avant qu' Hollywood n'assoit sa suprématie. Alice place un grand panneau sur les plateaux "be natural".

Elle tourne des mélodrames ( falling leaves 1912), des westerns ( greater love hath no man 1911), des films sur la guerre de sécession( for the love of the flag 1912). Elle s'intéresse souvent aux problèmes ethniques[6] ( Across the mexican line (1911), a man is a man (1912), making of an american citizen (1913)) Ensuite les films s'allongent sur 3 bobines ( 45mn) avec Fra Diavolo en 1912 et Dick Whittington cat en 1913

Le couple travaille ensemble mais dès que son mari n'est plus en contrat avec Gaumont, en 1913, elle le nomme président de la Solax[7]. Trois mois plus tard Herbert Blaché démarre sa propre compagnie, Blaché features, qui absorbera la Solax.

Durant la guerre il faut des films encore plus longs ( 5 bobines) et le problème de la distribution devient majeur à cause de la prédominance de la Motion Picture Patents company d'Edison.[8]

Pour résoudre ce probléme les Blaché rejoignent la Popular Plays and Players. Alice tourne the lure (1914), un film (perdu) très osé pour l'époque puisqu'il s'agit de traite des blanches, en 1916 sept longs métrages dont Ocean Waif, un gentil mélo, et en 1917 elle dirige the Empress, une histoire de chantage.

Les étoiles de la Solax furent Olga Petrova, Bessie Love, Blanche Cornwall et son partenaire Darwin Karr, Vinnie Burns et Claire Whitney. Lee Beggs, Mace Greenleaf, Marion Swayne, Billy Quirk...

Durant l'année 1917 Alice produit et tourne pour Popular Play and players et pour US Amusements mais ensuite elle n'est plus que réalisatrice pour d'autres sur un scénario imposé.

Son mari la quitte avec une actrice pour Hollywood en 1918. le cinéma est alors devenu une grande industrie ou les indépendants ont peu de place.

Elle tourne the great adventure en 1918 qui est un succés commercial mais tarnished reputations en 1920 (scénario de Leonce Perret) est un échec.

Les studios démodés de Fort Lee sont vendus pour apurer les dettes et elle est complètement ruinée

Après l'Amérique

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Elle divorce, son ex mari continue une carrière de réalisateur à Hollywood, mais elle décide de rentrer en France en 1922 avec ses deux enfants. Elle ne pourra y retrouver d'emploi dans le cinéma.

Elle retourne en 1927 Aux Etats Unis pour tenter de retrouver ses films, en vain.

Elle suivra sa fille Simone, écrira des contes pour enfants sous le nom de Guy Alix et donnera quelques conférences .

Elle aura un hommage discret de la cinémathèque grâce à Louis Gaumont en 1957.

Victor Blachy l'interviewera alors qu'elle a 90 ans en 1953[9]. Elle mourra en 1968 aux Etats unis à l'age de 95 ans sans avoir pu faire publier ses mémoires.

Vie personnelle

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Alice Guy était une femme de bonne famille qui a du travailler jeune à cause de revers de fortune de sa famille. La chance a voulu qu'elle soit présente à la naissance du cinéma en fréquentant les Lumiere, Marey, Demeny, Eiffel, Zola.[10] Elle réussit dans ce milieu d'hommes parce qu'au début on ne prête guère attention aux films de fiction, ce qui lui permet de montrer ses qualités dans les multiples tâches que demande la production et la réalisation d'un film, puis de conserver son poste quand la maison Gaumont grandit avec le cinéma.

Elle suit son mari aux Etats Unis ou elle met au monde sa fille, Simone, en 1908. En 1910 elle monte son propre studio alors qu'elle est enceinte de son deuxième enfant, Reginald.

En 1917 ses deux enfants tombent gravement malades et elle part avec eux pour la Caroline du Nord ou elle sera aussi volontaire de la croix rouge.

En 1918 son mari la quitte. En 1920 elle faillit être emportée par la grippe espagnole alors qu'elle termine la direction de son dernier film.

Elle suivra ensuite sa fille dans ses postes aux ambassades des Etats Unis : France, Suisse (durant la guerre et jusqu'en 1947), France, Etats Unis, Belgique puis retour aux Etats Unis ou elle s'éteindra.

Elle essaiera de refaire du cinéma en France sans succès. Elle n'aura pas beaucoup plus de succès ensuite pour faire reconnaître son oeuvre à laquelle on ne s’intéressera vraiment qu'après sa mort.

Héritage

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Alice Guy est la première femme réalisatrice, la seconde étant Loïs Weber ( qui travailla sous ses ordres). "La fée aux choux" est un des premiers film de fiction mais elle écrit elle même que "l'arroseur arrosé" lui est antérieur.[11] Elle a initié de nombreuses techniques nouvelles: l'utilisation des gros plans, les "reaction shots"[12], le masquage, la surimpression et même la projection du film à l'envers.

Elle réalisera aussi le premier film sur le tournage d'un film[13] et s'intéressera dans ses films aux problèmes ethniques et à la condition des femmes.[6]

Elle osera détruire une voiture (Mickey's Pal. 1912 [14]), un bateau ( Dick Whittington and his cat 1913) , produire des explosions ( Yellow traffic 1913), utiliser des centaines de rats (à la recherche d'un appartement 1906, the sewer 1912, the pit and the pendulum 1913)ou des animaux sauvages ( Beast of the jungle 1913)[15]. Toutes choses devenues banales mais de vraies audaces à l'époque.


Distinctions

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Elles sont modestes au regard de sa carrière.

  • Exposition universelle de 1900 et exposition de Lille : diplôme de collaboratrice
  • Exposition universelle de Saint louis 1903, Liège 1905, Milan 1906 : Médaille d'or
  • Palmes académiques 1907 : en tant que "directrice de théâtre"
  • Légion d'honneur en 1953
  • Hommage à la cinémathèque en 1957


Controverse autour de ses débuts

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Les débuts de la carrière d'Alice Guy sont l'objet de discussions en France. Une partie des historiens la situait en 1896[16] avec comme premier film ''la fée aux choux'' alors que d'autres datait ce film de 1900 [17]. En 2011 M Gianati[18] à proposé le film ''sage femme de première classe'' et la date de 1902 comme début de carrière.

Une telle différence d'appréciation est due au long oubli qui a entouré Alice Guy. Mélies a lui aussi connu l'oubli mais il en sort en 1929 alors qu'en 1933 "Le Temps" publie encore que la première femme metteur en scène fut Germaine Dulac [19]. Il faut attendre 1957 pour que la cinémathèque lui rende un hommage discret et elle meurt en 1968 sans avoir trouvé d'éditeur pour publier ses mémoires[20]. Cet oubli et l'absence de preuves directes font que l'on peut réécrire l'histoire suivant le sentiment personnel que l'on a d'elle.

Dés 1914[21] et jusque dans ses mémoires Alice déclare avoir débuté en 1896. Léon Gaumont confirmait cette date.[22]

L'original de la "la fée aux choux" de 1896 aurait été tourné en 60mm[23]et il n'existe plus [24]. Ce n'est qu'en 1996 que l'on a découvert une copie 35mm[25] qui correspond peut être à l'original.

Bibliographie

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  • Alice Guy, Autobiographie d'une pionnière du cinéma, Denoel 1976
  • Victor Bachy, Alice Guy-Blaché, 1873-1968. La première femme cinéaste du monde, institut Jean Vigo 1993
  • Alison McMahan, Alice Guy Blaché, Lost Visionary of the Cinema, Continuum 2002
  • Joan Simon (ed.),Alice Guy Blaché, Cinema pioneer, Yale University 2009
  • De Lucas Ramon,La pionera occulta: Alice Guy en el origin del cine, Thèse université de valence 2012


  1. Mémoires d'Alice Guy p 81
  2. Histoire du cinéma T2 Sadoul
  3. la cité Elgé( du nom des initiales de Léon Gaumont) sera avant la guerre de 14 le plus grand studio au monde
  4. Zecca travaille normalement pour Pathé mais se retrouve brièvement sans emploi " à vendre du savon à Belleville" d'après les mémoires D'Alice Guy. M Gianati donne 1903 pour cette embauche, Sadoul et McMahan 1904
  5. Mr. H. Blache is the presiding spirit of the new company, and Mr. George A. Magie ... is the business manager...But chiefest and most valuable of all the assets of the new company is the artistic personality of Mme. Blache. Moving picture world Octobre 1910
  6. a et b Alice Guy. Lost visionary of ciname McMahan 2002
  7. "Je lui avais abandonné les rênes avec plaisir. Je n’assistais à aucune réunion des conseils où la Sales Co. composait les programmes; j’aurais, disait Herbert, gêné les hommes qui désiraient fumer leur cigares en paix et cracher à leur aise tout en discutant des affaires" Alice Guy. Mémoires
  8. La MPPC d'Edison distribue par sa filiale la General Film Company. En 1910 Les indépendants créent la Motion Picture Distributing and Sales Company, qui éclate en 1912 en des sociétés qui deviendront productrices de films: Sales Company, Universal et Mutual film corporation ( qui sera la productrice des premiers films de Chaplin)
  9. Alice Guy. La première femme cinéaste au monde. Victor Blachy 1993
  10. On m'a demandé souvent pourquoi j'avais choisi une carrière si peu féminine. Or je n'ai pas choisi cette carrière ma destinée était tracée… Autobiographie Alice Guy
  11. Courriers à louis Gaumont 1954 BIFI LG371B50
  12. plan montrant la réaction d'un témoin de la scène principale
  13. intitulé aujourd'hui Alice Guy tournant une phonoscéne
  14. l’évènement est suffisamment inhabituel pour que Photoplay lui consacre un encadré
  15. dans ses mémoires l'unique limitation qu'elle trouve à sa condition de femme réside dans ses vêtements qui lui interdisent par exemple "de monter dans un arbre" et dans son manque de force physique
  16. Slide, Blachy Jeanne et Ford, McMahan et les auteurs anglo-saxons en général
  17. Lacassin, Sadoul, Pinel, Mitry, Deslandes, Manonni
  18. Alice Guy a t'elle existé?
  19. ans le "courrier du cinéma" du Temps du 23 Septembre quelques lignes " Germaine Dulac fut chez nous la première femme metteur en scène Après elle vint en Amérique Dorothy Azner .." Dans le numéro du 30 Septembre on lit "Mme Blaché proteste et revendique pour elle le titre de "première femme metteur en scène dans une longue lettre ....( elle écrit :) " de 1897 à 1907 j'ai dirigé la production de la maison Gaumont, ayant sous mes ordres des artistes de talent tel Feuillade, Jasset, etc...".
  20. Elles furent publiées en 1976
  21. Interview au New jersey Star
  22. dans une note manuscrite sur "les premiers client"s on lit: "Ce furent des forains, les Grenier qui avaient une grande loterie. Alice Guy qui réalisa les premiers films Gaumont , à partir de 1896, raconte qu'elle fut invitée....". BIFI LG364-B50
  23. avec le chronophotographe Demeny 60mm, seul caméra/projecteur Gaumont à cette date
  24. This film was so successful that it sold eighty copies and had to be remade at least twice, as the original prints disintegrated Interview au New Jersey star 1914
  25. elle fait partie de 17 films que possédait vers 1900 un ingénieur Suédois, Sieurin

Controverse à propos de la fée aux choux

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La discussion portent sur deux points: la date de tournage et la réalisation par Alice Guy

Les partisans d'une date tardive avance deux arguments

  • Si le film est de 1896, il a été tourné en 60mm et il n'est pas possible de le transposer en 35mm. Une étude attentive du chronophotographe [1] montre au contraire que cela est posible
  • Le film apparait seulement dans le catalogue 1901 avec le n° 379. La numérotation des catalogues est une donnée peu fiable, d'autres retirages de 60 mm apparaissent avec les n°377, 378 380 [2]

Les partisans d'un tournage par un autre Alice Guy se base sur une confusion dans ses écrits entre la fée aux choux et sage femme de première classe (1902). Elle fait cette confusion alors qu'elle est très âgée et possède uniquement des photos de tournage du second film [3]

Le film est alors attribué sans aucune preuve à Ducom qui a tourné la biche aux bois, une féérie du Chatelet en 1896. McMAhan, la dernière biographe d'Alice, voit dans la fée aux choux un film de démonstration de Gaumont en vue justement d'obtenir le contrat du Chatelet.[4]

Dés 1914[5] et jusque dans ses mémoires Alice déclare avoir débuté en 1896. Léon Gaumont confirmait cette date.[6]. Si elle a bien débuté en 1896 on ne voit aucune raison de lui refuser la maternité de ce film.

  1. Pour obtenir un film de 20m 35 mmm il faut un film de 35 m 60mm .Dans la nature du 2eme semestre 1896 Mareschal décrit l'appareil avec des bobines de 35m. "La biche aux bois", tournée en 60mm en 96 par Ducom nous est d'ailleurs parvenue en 35mm 17m
  2. Le format 60mm est abandonné dès début 97 par Gaumont. Victor Blachy et McMahan signalent les retirages Courriers Gaumont dans "les premières années de la socièté Gaumont" Collectif 1999
  3. This confusion, one of the rare points where the Autobiographie is clearly unriable is in a way enterely understandable. Adam Williams. Joan Simon p 36
  4. p 15 with a demonstration film like la fée aux choux it would have been easier for Gaumont to win such a contract with the Chatelet
  5. Interview au New jersey Star
  6. dans une note manuscrite sur "les premiers client"s on lit: "Ce furent des forains, les Grenier qui avaient une grande loterie. Alice Guy qui réalisa les premiers films Gaumont , à partir de 1896, raconte qu'elle fut invitée....". BIFI LG364-B50