Utilisateur:O Kolymbitès/Brouillon2

La liste des victoires de Milon est l'information biographique la plus répandue à son sujet. Pourtant, elle est très probablement incomplète. En effet, elle ne comprend que les victoires lors des concours « stéphanites » où la seule récompense était une couronne, d'olivier (Olympie), de laurier (Delphes) ou d'ache (Némée et Isthme). Aucune victoire lors de concours « chrématites », avec une récompense en argent, comme les Panathénées, ne figure dans la liste, alors même qu'il est plus que probable que Milon en a remportées. Ce palmarès, même incomplet, est impressionnant par sa durée et sa régularité[1]. Malgré tout, le nombre de ces victoires ainsi que leur date reste discuté par les historiens car les sources antiques diffèrent.

Par ordre chronologique, les auteurs antiques évoquant les victoires stéphanites de Milon sont : Simonide (556-467 av. J.-C.)[Ant 1], Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.-C.)[Ant 2], Pausanias (IIe siècle apr. J.-C.)[Ant 3], Eusèbe de Césarée (265-339)[Ant 4], Jean d'Antioche (VIIe siècle)[Ant 5], La Souda (fin du Xe siècle)[Ant 6] et Jean Tzétzès (XIIe siècle)[Ant 7],[2].

Tous les auteurs évoquent les victoires olympiques, mais leur nombre varie : sept pour Simonide, six pour Diodore, six (une « enfant » et cinq « adulte ») pour Pausanias, six pour Eusèbe, Jean d'Antioche, la Souda et Jean Tzétzès[3]. Pausanias est le seul auteur à parler des victoires dans l'épreuve réservée aux « enfants »[N 1] : une à Olympie et une à Delphes. Au total, le Périégète lui confère six titres (un « enfant » et cinq « adulte ») à Oympie et 7 titres aux jeux pythiques (un « enfant » et cinq « adulte »)[3],[4],[5]. Eusèbe de Césarée est le seul à donner un palmarès « complet » pour les quatre concours pentétériques de la « période » : six victoires à Olympie, six victoires à Delphes, dix victoires aux jeux isthmiques et neuf à Némée[3],[5],[6]. Jean d'Antioche fait la même liste, les jeux delphiques non compris : six victoires à Olympie, dix victoires aux jeux isthmiques et neuf à Némée[3].

Milon aurait obtenu son premier titre olympique dans l'épreuve réservée aux « enfants » lors des 60e[N 2] jeux olympiques en 540 av. J.-C.[Ant 8],[4],[7],[6],[8]. Il fut à nouveau couronné lors de cinq ou six jeux olympiques consécutifs dans les épreuves des adultes de 536 à 520 voire 516 av. J.-C.[4],[9],[6],[8]. Milon fut quatre fois consécutives « periodonikès » : vainqueur lors des quatre ans d'une même olympiade[10]. Il arriva que lors d'une compétition, aucun adversaire ne se présentât pour lutter contre lui : il était alors proclamé vainqueur par défaut (« akoniti »)[Ant 9],[10],[11].

La plupart des auteurs lui accordent six victoires à Olympie. Cependant, Simonide dans son épigramme évoque l'inscription sur la base de la statue commémorative de Milon et parle de sept victoires. Simonide est l'auteur le plus proche chronologiquement, presque contemporain, de Milon. Or, le plus souvent, le nombre de victoires qu'il lui confère n'est pas retenu, car la paternité des textes de Simonide n'est pas certaine. Ainsi, l'historien Denys Page[12] considère que la plupart des textes supposés être de Simonide seraient en fait plus tardifs, hellénistiques ou romains. Selon lui, un auteur hellénistique aurait été tenté de donner symboliquement à Milon sept victoires (comme les sept Merveilles du monde ou les sept Sages). L'épigramme pourrait aussi tout à fait être de Simonide, mais avoir subie une simple erreur de copie à un moment de son histoire : « six fois » s'écrivant « hexakis » et « sept fois » « heptakis »[13],[14]. Par ailleurs, Pausanias précise, lorsqu'il évoque le combat de Milon contre son compatriote Timasithéos qu'il venait alors concourir à Olympie pour la septième fois[15].

  1. Alors, un athlète était dans la catégorie « enfant » entre 17 et 20 ans. (Harris 1964, p. 154-155).
  2. Certaines transcriptions d'Aulu-Gelle (Nuits attiques, XV, 16, 1) évoquent une première victoire seulement lors des 62e jeux en 532. (Visa-Ondarçuhu 1997, p. 37).
  1. Épigramme, Anthologie palatine, 24.
  2. Bibliothèque historique (12, 9, 5-6).
  3. Description de la Grèce (6, 14, 5).
  4. Chronique, Livre I, 202-205.
  5. Chronique universelle, fragment 36.
  6. s.v. Μιλωυν (μ 1066).
  7. Chiliades, II, 562.
  8. Scholie à la IVe Idylle de Théocrite. (Visa-Ondarçuhu 1997, p. 37).
  9. Anthologie palatine, 11.316.
  1. Roubineau 2016, p. 29-30.
  2. Roubineau 2016, p. 31 note 13.
  3. a b c et d Roubineau 2016, p. 31.
  4. a b et c Golden 2004, p. 103.
  5. a et b Stevenson 2012, p. 5.
  6. a b et c Harris 1964, p. 111.
  7. Moretti 1959, p. 72 (notice 115).
  8. a et b Stevenson 2012, p. 6.
  9. Moretti 1959, p. 72-76 (notices 122, 126, 129, 133, 139).
  10. a et b Matz 1991, p. 72.
  11. Stevenson 2012, p. 6-7.
  12. Page, D.L. (ed.), Further Greek Epigrams: Epigrams before AD 50 from the Greek Anthology and other Sources, not included in Hellenistic Epigrams or The Garland of Philip. Cambridge: Cambridge University Press., 1981, p. 238.
  13. Stevenson 2012, p. 6-8.
  14. Visa-Ondarçuhu 1997, p. 37-38.
  15. Stevenson 2012, p. 7.