Utilisateur:Leonard Fibonacci/Saint Gamaliel - Étienne et Kfar Gamala

Gamaliel l'Ancien est un saint chrétien fêté le jour de la translation de ses reliques. Cette translation aurait eu lieu le 2 août selon les Églises orthodoxes et le 4 août selon l'Église catholique. (Voir à ce sujet l'article saint Gamaliel sur orthodoxwiki)

La tradition chrétienne garde le souvenir de l'apparition de Gamaliel au prêtre Lucien, curé de Cafargamala (Kfar-Gamala) le vendredi 3 août 415, le rabbi indiquant où se trouvait sa relique qui aurait été alors retrouvée dans le même tombeau que celle de son fils Abibas, ainsi que saint Étienne et saint Nicodème[1]. Saint Étienne reposerait depuis à Pise en Italie. Une représentation de cette tradition figure sur des tapisseries conservées au Musée national du Moyen Âge à Paris, une autre sur un panneau du retable de saint Étienne du Maître d'Uttenheim, en provenance de la cathédrale de Bressanone, maintenant au musée Anne-de-Beaujeu de Moulins. Les Reconnaissances (Recognitiones, 1, 65) indiquent que Gamaliel s'est secrètement converti à la « Doctrine de Vérité » avec un de ses fils Abibas/Abibon/Diboan. La « Doctrine de Vérité » est le nom donné à ce que les Actes des Apôtres appellent la "Voie du Seigneur" (Jésus). Il s'agit d'un proto-christianisme qui se situe à l'intérieur du judaïsme de l'époque. Gamaliel et Abibas auraient été baptisés en même temps que Nicodème par les apôtres Pierre et Jean. Selon les textes relatifs à l'invention de leurs reliques en 415, Nicodème, Gamaliel et Abibas partageaient le même tombeau, ils n'étaient donc pas seulement associées par leur baptême commun.

Malgré l'hésitation sur la date exacte (2, 3 ou 4 août), on peut retenir qu'en 415, les chrétiens de Palestine avaient de bonnes raisons de penser que Étienne, Gamaliel, son fils Abibas et Nicodème (Naqdimon ben Gourion ?) étaient associés au point de partager la même sépulture.

Étienne est fêté à 2 reprises dans le martyrologe romain, le 4 août comme jour de l'invention de ses reliques et le 26 décembre comme jour de sa mort. La tradition chrétienne indique qu'Étienne a été exécuté dans la même année que la crucifixion de Jésus et que Paul s'est converti sur le chemin de Damas lui aussi au cours de cette même année.

Nous avons donc la chronologie suivante :

  • pessah 36, crucifixion de Jésus ;
  • 40 jours après, Jésus laisse ses disciples à Jérusalem en gravissant le mont des oliviers pour partir vers l'Est ;
  • le jour de la Pentecôte, une cinquantaine de jours après sa crucifixion, les disciples révèlent que Jésus est toujours vivant ;
  • Abgar V écrit à Tibère pour lui demander de renvoyer Ponce Pilate, Antipas et Caïphe pour les punir d'avoir fait crucifier Jésus ;
  • Tibère répond qu'il ne pourra faire cela que lorsque la révolte des enfants d'Ibérie (l'actuelle Géorgie) aura triomphé et aura installé l'un des leurs sur le trône d'Arménie. Nous sommes bien en 36 ;
  • été/automne 36 : l'armée d'Antipas est taillée en pièce par l'armée d'Arétas IV près de Gamala. La cavalerie de Batanée s'est retournée contre l'armée d'Antipas au cours de la bataille pour lui faire payer le meurtre du Baptiste. Abgar V a pour sa part fourni un détachement "de braves Arméniens", probablement à cause des tergiversations de Tibère ;
  • Dosithée a pris la succession du Baptiste en l'absence de Simon le Magicien qui se trouvait en Égypte lorsque le Baptiste a été tué. Simon ne parviendra à revenir en Samarie que vers 37/38 ;
  • Dosithée organise un rassemblement messianiste armé au sommet du mont Garizim qui est réprimé par Ponce Pilate ;
  • Prenant comme prétexte la protestation du conseil des Samaritains, Ponce Pilate est renvoyé par Lucius Vitellius à la fin de l'année 36 ;
  • Profitant de l'absence de gouverneur, Paul, Caïphe et le Sanhédrin exécutent Étienne (26 décembre 36) et lancent une violente répression contre les partisans de Jésus qui en quelques mois sont devenus des milliers. Jacques précipité au bas des marches du Temple est laissé pour mort, mais n'a qu'une jambe cassée. Jacques et Pierre se réfugient avec une partie de l'Église à Jéricho, mais Philippe et Zacchée se réfugient en Samarie.
  • Paul apprend que l'Église va organiser une grande réunion "au pays de Damas" afin de proclamer la "nouvelle Alliance" avec Dieu comme l'avait fait les membres du Yahad lors de l'invasion romaine en -64. Paul prend l'indication "au pays de Damas" au premier degré sans savoir que c'est un euphémisme pour désigner Qumrân, à quelques km au sud de Jéricho.
  • Paul demande à Caïphe des lettres pour que les Juifs de Damas l'aident à réprimer le mouvement de Jésus. Nous sommes juste après le meurtre d'Étienne et donc fin 36 ou début 37.
  • Paul arrive au pays de Damas avant le 15 janvier 37. Jésus se montre à lui toujours vivant. Il est possible que cela se passe en Batanée pas loin de Nazara, le berceau familial de Jésus.
  • Jésus envoie Paul, chez son frère Judas Thaddée dans la rue droite de Damas. Au bout de 3 jours Paul perd "son aveuglement" et accepte la démonstration d'Ananias qui lui a "démontré" par les Écritures que Jésus est le Messie ;
  • Paul part alors en Arabie Pétré où il restera plus de deux ans.
  • Vitellius vient à Jérusalem lors de la Pessah 37 et renvoie Caïphe, Antipas ne sera renvoyé qu'en 39 ;
  • Au retour de Paul à Damas la ville est désormais administrée par les Nabatéens. Arétas IV a probablement obtenu ce territoire à administrer en échange de son retrait de la tétrarchie de Philippe qui est vide de toutes troupes arabes lorsque Agrippa Ier arrive dans son nouveau royaume en été 38. Les monnaies montrent que cette administration nabatéenne ne se termine que sous le règne de Néron ;
  • L'ethnarque du roi Arétas (le cheikh du roi Arétas) cherche à arrêter Paul, mais les membres de l'église locale l'exfiltre de la ville. Nous sommes au plus tard en 40, date limite pour la mort d'Arétas.
  • Sortie de Damas, Paul retourne à Jérusalem dont il était parti 3 ans auparavant.

Il n'y a pas lieu de suivre Jacques de Voragine qui au XIIIe siècle estime qu'il faut inverser les dates concernant Étienne qui d'après lui serait mort le 4 août et dont les reliques auraient été inventées le 26 décembre, avec des arguments spécieux et anti-historiques[2].

Remarque modifier

La question de savoir si Gamaliel l'Ancien est le père de celui que Flavius Josèphe et les sources rabbiniques appellent Jésus fils de Gamaliel ne semble bizarrement ne jamais avoir été traitée par les historiens. Dans l'immense foisonnement de livres qui paraissent sur ce sujet, l'hypothèse n'apparaît même pas, même chez des auteurs non-historiens. Pourquoi ? Jésus fils de Gamaliel est parfois appelé Jésus fils de Gamala ou Jésus de Gamala. On peut rapprocher cette appellation avec le fait que Gamaliel a été inhumé à à Kfar Gamala. La double appellation fils de Gamaliel/fils de Gamala tend à confirmer que Jésus fils de Gamaliel/Gamala aurait été un fils de Gamaliel l'Ancien. La Gamala en question est Gamala de Judée, mais dans sa Vita, Flavius Josèphe entretient volontairement la confusion, puisqu'il donne plusieurs informations complètement contraire à ce qu'il avait écrit dans la Guerre des Juifs sur ce qui s'est passé dans la ville fortifiée de Gamala située dans le Golan et qu'il choisit l'appellation Jésus de Gamala pour parler de Jésus fils de Gamaliel, tout en introduisant dans ce texte de 18 pages, HUIT autres Jésus qu'il est très difficile de distinguer les uns des autres là où dans la guerre des Juifs il ne mentionnait que 2 Jésus en Galilée, mais en s'arrangeant pour leur donner les mêmes caractéristiques, ce qui a conduit nombre de traducteurs à "corriger" de bonne foi Jésus fils de Ioupha en le remplaçant par Jésus fils de Sapphas. À noter aussi que malgré la multiplication des Jésus dans la Vita AUCUN n'est désigné par l'appellation "Jésus fils de Ioupha".

  1. cf. (en) Alberdina Houtman, Marcel Poorthuis, Joshua Schwartz, Sanctity of Time and Space in Tradition and Modernity, éd. Brill, Leyde, 1998.
  2. Jacques de Voragine, Légende dorée, article Étienne 26 décembre.