Utilisateur:Leonard Fibonacci/Développement du mouvement

Jean-Paul Yves Le Goff s'interroge : « Comment l’expansion d’une religion nouvelle aussi foudroyante que celle que décrivent les premiers chapitres des Actes des Apôtres aurait-elle pu se faire sans qu’il n’en reste aucune trace ni chez les historiens de l’époque, ni dans les témoignages des personnalités liées directement ou indirectement à ces événements ? Ce n’est pas seulement de Jésus de Nazareth que Flavius-Josèphe ne parle pas (ou parle en des termes si problématiques) ; ce n’est pas seulement non plus Pierre, Paul, André, Etienne, et les autres qu’il oublie. Il ignore totalement à la fin du 1er siècle l’apparition d’une nouvelle religion en Palestine au premier siècle, alors qu’il vient d’en écrire l’histoire très détaillée.

Si l’apparition et l’expansion du christianisme avaient été celles que décrivent les Actes des Apôtres, il eut été impossible qu’elle passa inaperçue. C’est par milliers que les juifs se convertissent en Palestine – pour ne rien dire de ce qui se passe dans la diaspora – et parmi ces juifs palestiniens qui se convertissent, les prêtres du judaïsme se comptent également en grandes quantités : « Il y eut environ 3000 personnes, ce jour-là qui se joignirent à eux (Actes 2, 41) » ; « Parmi les auditeurs de la parole, beaucoup étaient devenus croyants, leur nombre s’élevait à environ 5.000 personnes » (4, 4) ; « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme » (4,32) ; « Des multitudes de plus en plus nombreuses d’hommes et de femmes se ralliaient, par la foi, au Seigneur » (5, 14) ; « La parole de Dieu croissait et le nombre des disciples augmentait considérablement à Jérusalem ; une multitude de prêtres obéissait à la foi » (6, 7). »

Les remarques de JPY Le Goff sont difficilement contestables sur ces points. Même s'il existe d'autres sources, notamment juives et païennes, qui attestent l'existence de Jésus, JPY Le Goff a raison sur un point: rien dans les thèses des historiens modernes n'explique qu'il ne « reste aucune trace ni chez les historiens de l’époque, ni dans les témoignages des personnalités liées directement ou indirectement à ces événements ». De même, rien n'explique réellement que Flavius Josèphe « ignore totalement à la fin du 1er siècle l’apparition d’une nouvelle religion en Palestine au premier siècle, alors qu’il vient d’en écrire l’histoire très détaillée. »

La seule explication c'est qu'il a strictement été interdit de parler de ces événements tant le fait qu'un homme comme Jésus ait survécu à sa crucifixion était embarrassante dans la société antique romaine et que cette simple annonce a déclenché des troubles et des révoltes parmi les Juifs d'Alexandrie et d'Antioche, lorsqu'elle a secrètement filtrée, et un peu plus tard à Rome même. Une partie des Juifs estimant que la survie de Jésus à cette crucifixion était un signe donné par Dieu de l'arrivée de la fin des temps pendant lesquels Satan n'était pas enchaîné et qu'il était temps de déclencher l'affrontement final pour instaurer le règne de Dieu sur Terre. La prédication des envoyés de l'église de Jérusalem a toutefois été tolérée, car elle avait pour effet de calmer ces bouffées de révoltes messianiques, puisque les envoyés (apôtres) disaient que Jésus demandait d'attendre son retour, qui serait un retour de gloire (parousie). Cet interdit a été maintenu et même renforcé pendant la révolte et n'a été assoupli que par les Flaviens, car il y avaient un très grand nombre de Flaviens et de leurs soutiens qui s'étaient ralliés au mouvement de Jésus, mais sur des bases qui n'étaient pas messianistes car ils n'avaient pas compris complètement le double-sens des paroles de Jésus. Les Flaviens ont donc permis la publication de certains textes comme les évangiles, mais les empereurs ont continué à détruire tous les écrits qui auraient décrit le mouvement de façon historique. Une seule exception les Actes des Apôtres, mais avec le traitement qui a été décrit par Boismard et Lamaouille, ils sont rendus presque totalement inutilisables comme texte historique.

Pour ce qui est de Flavius Josèphe, la réponse est que justement l'une des missions que lui ont confié les Flaviens a été de rendre méconnaissable les membres du mouvement ainsi que le mouvement lui-même et que visiblement — la censure impériale aidant — il y a parfaitement réussi puisque 2000 ans après, le lourd secret des Flaviens n'est toujours pas mis au jour. Par ailleurs, Josèphe dit lui-même que Titus a désiré que cette histoire ne soit racontée que par ses seuls écrits, les autres n'étant que de la même veine, notamment les notes de campagne de Vespasien et de Titus. Il y avait aussi un écrit d'un général de Vespasien, gageons qu'il ne trahissait en rien le secret, sinon il n'aurait pas été toléré. La destruction de l'Histoire de Juste de Tibériade est immédiatement venue corriger une erreur de la censure car Domitien n'avait pas été informé de la manip et de son importance. Cela a coûté la vie de certains en 95 et 96 provoquant l'assassinat de Domitien lui même.