Utilisateur:Leonard Fibonacci/Clément d'Alexandrie - Stromates

Sur Flavius Josèphe modifier

Selon Clément d'Alexandrie « Flavius Josèphe de Judée, auteur d'une histoire des Juifs, établit une supputation chronologique dans laquelle il dit que, depuis Moïse jusqu'à David, il s'est écoulé cinq cent quatre-vingt cinq ans; depuis David jusqu'à la deuxième année du règne de Vespasien, onze cent soixante dix-neuf ans; et depuis cette époque jusqu'à la dixième année du règne d'Antonin, soixante-dix-sept ans. En sorte que depuis Moïse jusqu'à la dixième année du règne d'Antonin, Josèphe compte en tout dix-huit cent quarante et un ans. »

  1. Ce qui veut dire que Clément considérait que Josèphe était encore vivant en 147 !!
  2. Ce qui veut dire qu'il lisait un autre texte que ce que nous connaissons. Ce n'est pas dans la version en slavon.
  3. Dans la version de Clément, un scribe écrivant à l'époque d'Antonin le Pieux a probablement ajouté cette indication. Le plus fou c'est que Clément la met au compte de Flavius Josèphe sans se rendre compte de l'énormité de ce qu'il écrit !

Ce qui est écrit à la fin du livre VI de la Guerre des Juifs: « 1. [435] C'est ainsi que fut prise Jérusalem, la deuxième année du principat de Vespasien, le huit du mois de Gorpiée[57]. Prise cinq fois auparavant, elle était pour la seconde fois dévastée. Car le roi d'Egypte Azochée, après lui Antiochos[58], ensuite Pompée[59], enfin Sossius avec Hérode[60] s'emparèrent de la ville et la laissèrent intacte. Le roi de Babylone qui les précéda, dès qu'il fut maître de Jérusalem, la dévasta, quatorze cent-soixante-huit ans et six mois après sa fondation. Son premier fondateur fut un chef de Chananéens qui, dans notre langue maternelle, porte le nom de « roi juste » (Melkisedekk ?); tel il fut en effet. Aussi fut-il le premier qui sacrifia à Dieu, en qualité de prêtre, le premier aussi qui construisit le sanctuaire et appela Jérusalem la cité nommée jusque-là Solyme. David, roi des Juifs, en chassa le peuple des Chananéens pour y établir le sien ; quatre cent-soixante-dix-sept ans et six mois après lui, les Babyloniens détruisirent la ville. Depuis le roi David qui, le premier des Juifs, régna sur elle, jusqu'à sa destruction par Titus, Il s'écoula onze cent-soixante-dix-neuf ans ; depuis sa fondation jusqu'à sa dernière catastrophe, deux mille cent-soixante-dix-sept ans. On voit que ni son antiquité, ni sa grande richesse, ni la diffusion de son peuple dans le monde entier, ni la réputation partout acceptée de son culte ne la préservèrent de la ruine. Telle fut donc l'issue du siège de Jérusalem.

Fin du livre VI »

On voit donc que le texte que lisait Clément a complétement été remanié puisque l'indication « depuis Moïse jusqu'à David, il s'est écoulé cinq cent quatre-vingt cinq ans » est aussi absente de nos versions et qu'il n'y a même aucune mention de Moïse. Les seuls qui étaient intéressés par ce type de chronographie étaient les Juifs et les Chrétiens. Il est impossible que de telles modifs aient été faites par un Juif, car le judaïsme est hostile, ou au minimum indifférent, à l'œuvre de Josèphe pendant 1000 ans, jusqu'à la publication du Yosippon. Dès la fin du IIe siècle, Clément lisait donc une version de Josèphe modifiée par des Chrétiens et qui était une version différente de la version uniquement connue en langue slavonne. => Il y a donc eu entre la persécution de Domitien et le règne d'Antonin le Pieux, au moins deux versions de la Guerre des Juifs modifiés par des chrétiens qui ont connu une certaine diffusion !!

Chronologie de Jésus modifier

La citation ci-dessus se trouve immédiatement après les considérations chronologiques suivantes:
« Or, notre Seigneur est né la vingt-huitième année du gouvernement d'Auguste (+1[1]), lorsqu'on ordonna le premier dénombrement (+6). Ce qui prouve la fidélité de cette date, c'est qu'il est écrit dans l'Évangile selon saint Luc :

« Or, la quinzième année de l'empire de Tibère César, le Seigneur parla à Jean, fils de Zacharie. »

Il est encore écrit dans le même évangile (Luc):

« Quand Jésus se présenta pour être baptisé, il entrait dans sa trentième année. »

Et quant à sa prédication qui ne devait durer qu'un an, le même évangile nous l'apprend aussi en ces termes:

« Il m'a envoyé pour prêcher durant l'année de grâce du Seigneur. » (année jubilaire en 34)

Telles sont les paroles du prophète et de l'Évangile. Ainsi donc les quinze ans que le Sauveur vécut sous le règne d'Auguste, et les quinze autres qu'il vécut sous le régne de Tibère forment les trente ans qui s'écoulèrent jusqu'au jour de sa passion. Depuis ce jour jusqu'à la destruction de Jérusalem, on compte quarante-deux ans et trois mois, depuis la destruction de Jérusalem jusqu'à la mort de Commode, cent vingt-huit ans dix mois et trois jours. En tout, depuis la naissance du Seigneur jusqu'à la mort de Commode, cent quatre-vingt-quatorze ans un mois et treize jours. Il est des historiens qui, poussant plus loin l'exactitude chronologique, ont indiqué non seulement l'année de la naissance du Seigneur, mais encore le jour, et le disent né la vingt-huitième année du règne d'Auguste, le vingt-cinquième jour du mois de pachon. Ceux de la secte de Basilide célèbrent aussi le jour du baptême de Jésus-Christ, en employant à des lectures la nuit qui précède ce jour. Ils disent que ce baptême eut lieu la quinzième année du règne de Tibère-César, le quinzième jour du mois de tubi. D'autres veulent que ce soit le onzième jour du même mois. Il en est qui, recherchant avec le soin le plus minutieux les moindres 94 détails qui se rapportent à la passion de notre Seigneur, disent qu'elle eut lieu la seizième année du régne de Tibère-César, le vingt-cinquième jour du mois de phoménoth ; quelques-uns disent le vingt-cinquième jour du mois de pharmuthi ; d'autres le dix-neuvième jour de ce dernier mois. Il en est même plusieurs d'entre eux qui disent que le Christ est né le vingt-quatrième ou le vingt-cinquième jour du mois de pharmuthi. Il faut, en outre, ajouter à notre tableau chronologique le nombre des jours qui, selon les paroles de Daniel, devaient s'écouler depuis la désolation de Jérusalem jusqu'à sa ruine, et les sept années et sept mois formant le reste du règne de Vespasien. Car, si l'on réunit les deux premières années de ce règne aux dix-sept mois et huit jours écoulés pendant les règnes de Galba, d'Othon et de Vitellius, on obtient de la sorte trois ans et six mois, qui représentent la moitié de la semaine dont parle le prophète Daniel. En effet, il a dit qu'il s'écoulerait deux mille trois cents jours, depuis l'époque où Néron jetterait l'abomination dans la ville sainte, jusqu'à la destruction de cette ville. C'est ce que marquent ces paroles de l'Écriture :

« Jusques à quand la vision et l'abolition du sacrifice, et la désolation du péché commis? Jusques à quand sera foulé aux pieds le sanctuaire et sa force? Et il lui dit : Jusqu'au soir et au matin, deux mille et trois cents jours, et le sanctuaire sera détruit. »

Ces deux mille trois cents jours forment donc six ans et quatre mois, dont une moitié appartient au règne de Néron, et compose la moitié de la semaine du prophète; et dont l'autre moitié se trouve remplie par les règnes de Galba, d'Othon et de Vitellius, et par deux années du règne de Vespasien. C'est pour cela que Daniel dit : « Bienheureux celui qui sera parvenu jusqu'à mille trois cent trente-cinq jours. » Car la guerre a duré jusqu'à ces jours, puis elle a cessé. On trouve aussi ce nombre dans un autre passage du chapitre où nous avons déjà puisé les paroles précédentes ; voici ce passage :

« Et depuis le temps que le sacrifice continuel aura été aboli et que l'abomination sera mise dans la désolation, II y aura douze cent quatre-vingt-dix jours. Bienheureux celui qui aura attendu, et qui sera parvenu jusqu'à treize cent trente cinq jours. »

Flavius Josèphe de Judée, auteur d'une histoire des Juifs, etc. »

  • 69 - 42 (+ 3 mois) = pessah 27
  • 70 - 42 (+ 3 mois) = pessah 28

Pourtant Clément dit bien que Jésus naît la vingt-huitième année du gouvernement d'Auguste (+1) a vécu 15 ans sous Auguste, puis 15 ans sous Tibère. Il prétend même que dans l'Évangile selon Luc il serait écrit « « Quand Jésus se présenta pour être baptisé, il entrait dans sa trentième année. »' », ce qui n'est pas absolument exact, mais l'esprit y est (la citation juste après le baptême est : « Lc 3:23-Et Jésus, lors de ses débuts, avait environ trente ans ». Or même en supposant que comme le décide Clément {{incise|contre l'avis d'[[Irénée de Lyon]) ou de Justin de Naplouse}} que la phrase « Il m'a envoyé pour prêcher durant l'année de grâce du Seigneur. » ne désigne pas l'année jubilaire de 34, mais indique que sa prédication n'a duré qu'un an, Jésus aurait alors été crucifié en 31/32 et pas en 27/28, ce qui fait quand même une différence de 4 ans dans un propos de 4 lignes. Toutefois, la différence est encore plus grande si l'on tient compte que le premier recensement n'a pas eu lieu en +1 comme on peut le déduire de ce qu'écrit Clément, mais en +6.

  1. (+1 = -27 + 28).