Utilisateur:Leonard Fibonacci/Actes de Pierre

Les Actes de Pierre sont un texte de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle qui a été déclaré apocryphe par la Grande Église et qui a manifestement existé en plusieurs versions. Ils ont probablement été initialement été rédigés en grec, mais cette version est entièrement perdue. Ils n'existent plus dans une version complète. Le témoin le plus complet de ce texte se trouve dans les Actes de Verceil, une ré-écriture en latin de ces Actes plus conforme aux vues de la Grande Église qui laisse entrevoir environ les deux-tiers du texte original. Cette version semble être un remaniement d'une version attribuée à un pseudo-Linus. Quelques scènes qui ont été supprimées ou remaniées dans la version en latin peuvent être reconstituées sur la base du récit du martyre de Pierre de la version en copte. C'est dans ces fragments en copte qu'apparaît "la fille de Pierre" pour la première fois.

Réécriture plus logique

La première version des Actes de Pierre qui a servi de base à l'écriture des autres versions semble être la version de Leucius Charinus, qui faisait partie d'un "gros livre" appelé "Itinéraires des Apôtres", qui comprenait les itinéraires ou les Actes de Pierre, de Jean, d'André, de Thomas et de Paul (cf. Photios de Constantinople). Cette version est complètement perdue. L'Itinéraire de Pierre a vraisemblablement servi pour élaborer l'Écrit de base des écrits pseudo-clémentins dans le dernier quart du IIe siècle, peut-être dans le cadre de la mission des Elkasaïtes venus d'Apamée pour tenter de rapprocher les 2 mouvements. Sur la base de cette version, c'est peut-être aussi dans cette période ou juste après qu'ont été écrit la première version des Actes de Pierre et de Simon, probablement la version dite du pseudo-Linus qui n'est connue que par des fragments en Copte. Ils ont ensuite été remaniés à plusieurs reprises pour donner les Actes de Pierre en latin qui ont été reconstitués (Actes de Verceil). Il a donc existé au moins 3 versions successives de ce texte, sinon quatre. Selon Epiphane de Salamine, Leucius Charinus était un disciple de l'apôtre Jean d'Éphèse.

Finalement, un auteur de la Grande Église écrira les Actes de Pierre et Paul du Pseudo-Marcellus et c'est cette version là qui sera retenue comme orthodoxe.


Les Actes de Pierre et de Simon se composaient vraisemblablement de deux parties: la première à Jérusalem, la seconde à Rome, culminant dans le récit du martyre.

La première version des Actes a vraisemblablement été écrite par Leucius Charinus et portait le nom d'Actes de Pierre et de Simon[réf. nécessaire], c'est aussi lui qui a écrit la première version de l'Itinéraire de Pierre, qui a servi pour élaborer l'Écrit de base des écrits pseudo-clémentins dans le dernier quart du IIe siècle, peut-être dans le cadre de la mission des Elkasaïtes venus d'Apamée pour tenter de rapprocher les 2 mouvements. Ils ont ensuite été remaniés à plusieurs reprises pour donner les Actes de Pierre en latin qui ont été reconstitués. Il a donc existé au moins 3 versions successives de ce texte, sinon quatre.

Encyclopaedia universalis modifier

La première mention de l'ouvrage intitulé Actes de Pierre se trouve chez Eusèbe (Histoire ecclésiastique, III, III, 2). Pourtant il est cité par Hippolyte, Origène et plusieurs autres. Il semble avoir été composé en 190 environ, en Syrie ou en Palestine. On n'en possède pas le texte complet, mais divers recoupements permettent d'en reconstituer les trois quarts.

La plus grande partie nous est parvenue dans une version latine appelée Actes de Verceil (Actus Vercellenses) à cause du lieu où fut découvert le manuscrit. Le véritable titre en est Actus Petri cum Simone. L'ouvrage raconte, en effet, qu'après le départ de Paul de Rome pour l'Espagne (récit probablement ajouté après coup), Simon le Magicien arrive à Rome et trouble les chrétiens par ses miracles. À Jérusalem, le Christ apparaît à Pierre et lui apprend que la communauté romaine a succombé au charme de Simon. Pierre arrive en hâte à Rome et va reconquérir les fidèles par un grand concours de miracles, où Simon et lui rivalisent d'originalité. La lutte suprême a lieu sur le Forum où, après diverses merveilles, Simon s'envole vers le ciel. Mais il en retombe et meurt. C'est le triomphe pour Pierre ; beaucoup de païens viennent à lui et adoptent la chasteté totale. Mais c'est aussi sa perte, car le préfet de Rome va le livrer à la mort. Ce récit, conservé en latin, se trouve aussi dans un texte grec (Martyre du saint apôtre Pierre). On y lit l'épisode bien connu du Quo vadis et l'histoire de la crucifixion la tête en bas. On trouve les textes grec et latin de cet ouvrage dans R. A. Lipsius et M. Bonnet, Acta apostolorum apocrypha (Leipzig, 1891) ; une édition française en a été donnée par L. Vouaux (Les Actes de Pierre, Paris, 1922).

Les Actes de Pierre présentent d'emblée les caractéristiques d'un christianisme très archaïque dans lequel s'expriment des doctrines qui furent très tôt suspectes de subordinatianisme, de docétisme, et surtout de l'ascétisme accusé qu'on appellera plus tard « encratisme » et qui s'oppose au mariage et à la propriété des biens. Ces doctrines entraînèrent le discrédit de l'ouvrage, qui fut mis de côté au Ve siècle, mais continua d'être lu. En raison de son allure romanesque, on ne peut pas en tirer des renseignements historiquement sûrs. En revanche, son contenu doctrinal est une mine inépuisable pour ceux qui s'intéressent aux diverses formes du christianisme primitif.

Les différentes versions modifier

  • Christine M. Thomas, université de Santa Barbara, The Acts of Peter, Gospel Literature, and the Ancient Novel : Rewriting the ..., Santa Barbara Christine M. Thomas Associate Professor in the Department of Religious Studies University of California, p. 55;63;70;etc.
    • Il existe plusieurs versions, une appelée version Linus (saint Lin ?), une autre version Marcellus (probablement la même que celle du pseudo-Marcellus) Dans celle de Linus, Pierre connaît une brève audition avant d'être exécuté (Linus 8), le motif de sa condamnation serait accusatio superstitionis. Le motif invoqué dans le martyrologe grec est celui d'athéisme. Dans le Marcellus, Agrippa s'efface devant la figure de Neron (ou Caesar ?) p. 55

Analyse de Christine M. Thomas modifier

Agrippa et Albinus modifier

Dans les Actes de Pierre apparaissent deux personnages appelés Agrippa et Albinus qui conjuguent leurs effort pour arrêter Pierre et le jeter en prison. Agrippa est préfet et Albinus est qualifié « d'ami de César ». César ici, semble être Néron puisque l'ensemble du récit est situé sous cet empereur[1]. Toutefois, la très belle femme d'Albinus qui est chrétienne organise l'évasion de l'apôtre Pierre[1]. Mais celui-ci sera à nouveau arrêté un peu plus tard et finira crucifié la tête en bas[1]. Bien que le texte prenne la précaution de préciser avant les mentions d'Agrippa et Albinus que « maintenant Pierre était à Rome », on ne peut s’empêcher de voir derrière Agrippa et Albinus le roi Agrippa II et Lucceius Albinus[2]. La fonction du premier était en effet Préfet et vu les postes dont il a bénéficié il est tout à fait vraisemblable qu'Albinus ait pu se parer du titre d'« ami de César »[3]. Il a donc été émis l'hypothèse que l'Albinus des Actes de Pierre ait pu être Lucceus Albinus[2] et que l'arrestation de Pierre, suivi de son évasion, qui est placé avant la mort d'Agrippa Ier dans les Actes des Apôtres aurait pu en fait avoir lieu sous Albinus[3]. En effet, les historiens ont de multiples raisons de penser que cet épisode n'a pas été placé au bon endroit du récit des Actes des apôtres et se situe en tout cas après la mort d'Agrippa Ier.

Toutefois,

Sources et contenu modifier

Le texte primitif dont il ne reste que des extraits et intitulé Actes de l'apôtre Pierre et de Simon, est rédigé en grec durant la seconde moitié du IIe siècle, probablement en Asie mineure. Basé sur les Actes de Jean à Rome, la tradition attribue les deux textes à Leucius Charinus, compagnon de l'apôtre Jean selon Épiphane de Salamine[4].

Des fragments de la première partie, à Jérusalem, ont été conservés en copte. Ils ont été publiés et restitués aux Actes de Pierre par C. Schmidt[5].

La seconde partie est principalement connue (depuis la fin du XIXe s., grâce à Lipsius) par un remaniement latin du IVe siècle conservé dans un unique manuscrit, les Actes de Verceil. Quant à l'original grec, il n'en subsiste que le récit du martyre de Pierre sur un manuscrit du mont Athos ainsi qu'un fragment sur un parchemin d'Oxyrhynque[6]. Par ailleurs, plusieurs ouvrages anciens se sont inspirés de la seconde partie, romaine, comme l'Écrit de base du roman pseudo-clémentin, en particulier de la controverse avec Simon le Mage, et la Vie d'Abercius[7]. Dans la tradition latine, cette version de la vie et de la mort de Pierre à Rome, laissera la place à des versions non suspectes d'hétérodoxie, comme les Actes de Pierre et Paul et la Passion du ps.-Lin.

Le récit met en scène Pierre qui est opposé à Simon le Magicien. Il se termine par le martyre de l'apôtre qui, fuyant les persécutions à Rome, rencontre le Christ entrant dans la ville, l'interroge par ces mots « Seigneur, où vas-tu ? »[8], puis, sur sa réponse, « J'entre dans Rome pour y être crucifié » et « Je serai crucifié à nouveau », décide de s'en retourner, puis meurt crucifié la tête en bas.

Il contient quelques éléments docètes et gnostiques. Il est mentionné comme apocryphe dans le Rescrit d'Innocent Ier et le Décret de Gélase.

Le texte modifier

  • (en) Actes de Pierre
    • Il existe plusieurs versions, une appelée version Linus (saint Lin ?), une autre version Marcellus (probablement la même que celle du pseudo-Marcellus) Dans celle de Linus, Pierre connaît une brève audition avant d'être exécuté (Linus 8), le motif de sa condamnation serait accusatio superstitionis. Le motif invoqué dans le martyrologe grec est celui d'athéisme. Dans le Marcellus, Agrippa s'efface devant la figure de Neron (ou Caesar ?) p. 55

XXXIII.Maintenant Pierre était à Rome se réjouissant dans le Seigneur avec les frères, et en donnant nuit et jour des grâces pour la multitude qui a été emmené quotidiennement jusqu'au saint nom par la grâce du Seigneur. Et s'assemblèrent aussi avec Pierre les concubines d'Agrippa le préfet, qui étaient quatre: Agrippine et Nicaria et Euphemia et Doris; et en entendant la parole sur la chasteté et tous les oracles du Seigneur, elles ont été frappés dans leurs âmes, et elles sont convenu ensemble de rester pures dans le lit d'Agrippa elles ont été vexées par lui.

Or, comme Agrippa était perplexe et attristé à leur sujet — et qu'il les aimait beaucoup — il observa et envoya des hommes en secret pour voir où elles allaient, et il a constaté qu'ils allaient à Pierre. Il leur a donc dit quand elles sont revenues: c'est le chrétien qui vous a appris à n'avoir aucun contact avec moi: Sachez que je vais vous détruire ensemble, et le brûler vif. Elles ont alors supporté de souffrir toutes sortes de mal de la main d'Agrippa, si seulement elles ne souffrent pas la passion de l'amour, est renforcé par la puissance de Jésus.

XXXIV.Et une certaine femme qui était d'une beautée supérieure, la femme d'Albinus, l'ami de César, dénommée Xanthippe, est venue à Pierre elle aussi, avec le reste des matrones, et s'est retirée, elle aussi, d'Albinus. Par conséquent, il devint fou, et aimant Xanthippe, il s'émerveillait qu'elle ne voulait pas même dormir dans le même lit que lui, se déchaînant comme une bête sauvage et désirant abattre Pierre; car il savait qu'il était la cause de sa séparation de son lit. Beaucoup d'autres femmes aussi, aimant la parole de chasteté, se sont séparées de leurs maris, parce qu'elles voulaient qu'ils adorent Dieu dans la sobriété et la propreté. Et alors qu'il y avait beaucoup de problèmes à Rome, Albinus a fait connaître sa condition à Agrippa, en lui disant: Ou tu ne me venge de Pierre qui m'a retiré ma femme, ou je vais me venger moi-même. Et Agrippa a dit: j'ai souffert la même chose de sa main, car il a retiré mes concubines. Et Albinus lui a dit: Pourquoi tardes-tu, Agrippa? laisses-nous le trouver et le mettre à mort comme un pratiquant des arts magiques, et nous pourrons avoir de nouveau nos épouses, et venger aussi ceux qui ne sont pas en mesure de le mettre à mort et dont il a aussi séparé d'eux leurs femmes.

XXXV.Et comme ils ont considéré ces choses, Xanthippe a pris connaissance de la délibération de son mari avec Agrippa, et envoyé et a montré à Pierre, qu'il pourrait sortir de Rome. Et le reste des frères, avec Marcellus, le supplia de partir. Mais Pierre leur dit: Allons-nous être fugueurs, frères? et ils lui dirent: Non, mais ce que tu peux encore être en mesure de servir le Seigneur. Et il a obéi à la voix de nos frères et sortit seul, en disant: Que nul de vous sors avec moi, mais je vais aller de l'avant seul, après avoir changé le mode de vêtements mien. Et comme il sortait de la ville, il a vu le Seigneur entrer dans Rome. Et quand il l'a vu, il a dit: Seigneur, où vas-tu donc (ou ici)? Et le Seigneur lui dit: je vais à Rome pour être crucifié. Et Pierre lui dit: Seigneur, es-tu (en cours) crucifié à nouveau? Il lui dit: Oui, Peter, je suis (en cours) crucifié à nouveau. Et Pierre s'approcha de lui, et avoir contemplé le Seigneur ascendant au ciel, il revint à Rome, se réjouissant, et la gloire du Seigneur, pour ce qu'il a dit: Je suis crucifié: la qui était sur le point de s'abattre sur Peter.

Barionus cite les Actes de la passion et le Liber pontificalis à propos de la passion de Pierre et du lieu de sa sépulture modifier

Selon les Actes de la passion écrits par Lini (Linus) cité par Barionus: « In Actis passionis eius, quae Lini nomine scripta feruntur, hae scripté habentur : Paruenit denique una cum apostolo & apparitoribus populus infinitus ad locum qui appellatur Naumachia, iuxta obeliscum Neronis in monte. »

« Dans les Actes de sa Passion, qui auraient été écrits sous le nom de Linus, celui-ci est enregistré comme suit : Enfin, avec l'apôtre et ses serviteurs, un peuple infini est apparu à un endroit appelé Naumachia, à côté de l'obélisque de Néron sur la montagne. »

Texte plus complet

«  ... at de Paulo satis : ad Petroniam redeamus.

Quod in primis ad locum martyrij pertinet, cùm nulla fit dubitatio, eum trans Tiberum, ubi Iudei agere consueuissent, ad suplicium crucis subeundu fuisse transmissum : quo pontissimùm loco eius regionis fucrit affixius cruci, est diligériùs exquirendum. In Actis passionis eius, quae Lini nomine scripta feruntur, hae scripté habentur : Paruenit denique una cum apostolo & apparitoribus populus infinitus ad locum qui appellatur Naumachia, iuxta obeliscum Neronis in monte.

Rurfus vero in libro Romanis Pontificibus, qui fertur domine Damasi, dum agitur de sepultura Petri, hae scripta habentur : Sepultus est via Aurelia ad templum Appolinis, iuxta locum ubi cricifixus, est iuxta palatium Neronianum, [in Vaticano], iuxta territorium triomphale.  »


Tentative de traduction

«  mais assez parlé de Paul : revenons à Pierre

Qui se rapporte principalement au lieu du martyre, alors qu'il n'y a aucun doute qu'il avait été envoyé au delà du Tibre, où les Juifs avaient coutume d'agir, pour subir l'exécution de la croix: surtout l'endroit où il a été pendu attaché à une croix, doit être recherché avec le plus de diligence. Dans les Actes de sa Passion, qui auraient été écrits sous le nom de Linus, celui-ci est enregistré comme suit : Enfin, avec l'apôtre et ses serviteurs, un peuple infini est apparu à un endroit appelé Naumachia, à côté de l'obélisque de Néron sur la montagne.

D'autre part, dans le livre des Pontifes romains, qui aurait été écrit par le pape Damase, tandis que l'enterrement de Pierre est décrit, ceci est enregistré : Alors que nous traitons de l'enterrement de Pierre, les inscriptions suivantes sont enregistrées : Il a été enterré sur la Via Aurélia au temple d'Apollon, près du lieu où il a été crucifié, près du palais de Néron, [au Vatican], à côté du territoire de la triomphale.  »

Augustin : Contre Adimantus et la fille de Pierre modifier

XVII

4. Que les Manichéens y réfléchissent et qu'ils comprennent...

5. Les Apôtres n'en étaient pas encore arrivés à séparer la vengeance de la haine, quand irrités contre ceux qui leur avaient refusé l'hospitalité, ils supplièrent le Sauveur de leur permettre de demander, à l'exemple d'Elie, que le feu tombât du ciel pour consumer tous ces hommes inhospitaliers. Le Sauveur leur répondit qu'ils ne savaient donc pas de quel Esprit ils étaient les enfants ; qu'ils oubliaient qu'il était venu pour sauver, et non pour perdre (2). C'était l'ignorer en effet que de vouloir perdre ceux dont ils demandaient la destruction par le feu. Plus tard, quand ils furent remplis du Saint-Esprit, et élevés à la perfection, quand enfin ils purent aimer leurs ennemis, ils reçurent le pouvoir de punir, parce qu'alors ils pouvaient châtier sans haïr. L'apôtre saint Pierre usa de ce pouvoir, comme nous le voyons dans les Actes des Apôtres; mais les Manichéens n'acceptent pas ce livre, parce qu'il proclame trop manifestement la venue du Paraclet, c'est-à-dire du Saint-Esprit consolateur, que le Sauveur envoya aux Apôtres, après son ascension, pour les consoler des douleurs que leur causait cette séparation.

Ceux qui ont besoin de consolateur, ne sont-ce pas ceux qui sont tristes, suivant cette parole du Sauveur: « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés (1)?» Le divin Maître a dit également : « Les enfants de l'époux pleureront lorsque l'époux leur sera enlevé (2) ». Or, dans ce livre qui nous atteste si clairement la venue du Saint-Esprit consolateur promis par Jésus-Christ, nous voyons que deux époux subirent les effets de la sentence de Pierre et furent frappés de mort, pour avoir osé mentir au Saint-Esprit (3). Grâce à leur profond aveuglement, les Manichéens rejettent ce fait avec mépris, tandis que dans un livre apocryphe ils reçoivent avec respect le fait que nous avons cité de saint Thomas, celui aussi de la fille même de Pierre, frappée de paralysie à la prière de son père, et enfin cet autre fait non moins frappant de la fille d'un jardinier foudroyée soudain par la mort à la prière de Pierre. Et si on leur demande pourquoi ces événements, ils répondent que l'opportunité des circonstances exigeait que l'une de ces filles fût délivrée de la paralysie et que l'autre mourût. Cependant ils n'hésitent pas à attribuer ces effets aux prières de l'apôtre. Et qui donc leur dit que la mort n'était pas un bien pour ces peuples impies sur l'histoire desquels ils déversent un sourire de mépris, quand on leur dit que c'est Dieu lui-même qui les a livrés aux mains du peuple juif ? Puisqu'ils admettent que ce n'est pas la haine, mais une bonne intention qui dirigeait les Apôtres; en vertu de quel principe supposent-ils gratuitement que c'est la haine qui inspirait les hommes spirituels qui se trouvaient dans les rangs d'Israël et qui étaient chargés d'accomplir ces ordres sévères du Tout-Puissant? Qu'ils mettent donc enfin des bornes à leur témérité et qu'ils cessent d'en imposer aux simples qui n'ont pas la liberté de lire, ou qui ne le veulent pas, ou qui ne lisent que dans une intention hostile; se plaçant ainsi dans l'impuissance réelle de trouver dans les deux Testaments la proclamation authentique et simultanée de la miséricorde et de la sévérité de Dieu. S'agit-il, en effet; de l'amour des ennemis, de la défense de rendre le mal pour le mal? Nous lisons dans l'Ancien Testament : « Seigneur mon Dieu, si j'en ai agi ainsi, si l'iniquité est dans mes mains, si j'ai rendu le mal pour le mal, c'est en toute justice que je tomberai sans force sous les coups de mes ennemis (1) ». Pour tenir un semblable langage ne faut-il pas savoir que si nous .voulons plaire à Dieu, nous ne devons pas rendre le mal pour le mal? Toutefois il n'appartient qu'aux hommes parfaits de ne haïr dans leurs frères que le péché et de les aimer comme hommes; de châtier non pas selon les exigences d'une sévérité cruelle, mais selon les règles d'une justice modérée; de ne punir enfin que dans la crainte que l'indulgence à l'égard du péché ne soit plus nuisible au pécheur que la rigueur même du châtiment. Et cependant même les hommes justes n'en ont agi ainsi que sous l'influence de l'autorité divine; il le fallait bien pour empêcher qu'il n'arrivât à quelqu'un de se croire autorisé à tuer qui il voudrait, voire même de le poursuivre en jugement ou de lui infliger quelque châtiment que ce fût. Or, il est des circonstances dans lesquelles l'Ecriture mentionne expressément les ordres du ciel; dans d'autres, ces ordres sont seulement sous-entendus. De cette manière, le lecteur s'instruit quand les ordres sont formels, et dans le cas contraire sa discrétion est mise à l'épreuve. 6. David vit tomber entre ses mains un de ses ennemis déclarés, un persécuteur à la fois ingrat et cruel, Saül enfin, et sa destinée lui appartenait entièrement. Toutefois il aima mieux l'épargner que de verser son sang. Jusque-là, en effet, il n'avait pas reçu ordre de lui ôter la vie, il n'en avait pas reçu non plus la défense; bien plus, une parole du ciel lui avait déclaré que le sort de son ennemi était entre ses mains; et cependant il n'usa de cette souveraine puissance que pour faire grâce (2). Que l'on me dise de qui il a eu peur en refusant de tuer Saül. Il ne craignait pas Saül, puisque ce dernier était tombé en son pouvoir; il ne craignait pas Dieu, puisque c'est Dieu lui-même qui le lui avait livré. Il pouvait le mettre à mort sans aucune difficulté, sans avoir rien à craindre; pourquoi donc l'épargne-t-il, si ce n'est par amour pour son ennemi? Ainsi voilà que David, malgré son ardeur guerrière, accomplit le précepte donné par Jésus-Christ d'aimer nos ennemis. Plût à Dieu qu'il fût imité par ces novateurs qui ont remplacé ce sentiment si naturel à l'homme, la miséricorde, par je ne sais quel délire aussi cruel qu'insensé ! Les voici qui croient que c'est le pain qui pleure, ce qui est une absurdité, et en conséquence ils en refusent un morceau à ce mendiant baigné de larmes. Comme ces aveugles qui se répandent en clameurs insensées, peut-être vont-ils prétendre que David en épargnant son ennemi est meilleur que Dieu qui lui avait donné le pouvoir de l'immoler; comme si vraiment Dieu n'avait pas su à qui il accordait ce pouvoir. Il connaissait les dispositions de son serviteur; mais voulant faire connaître aux hommes, et imiter par eux l'amour de David pour son ennemi, Dieu qui connaissait cet amour, remit en la puissance de David son plus grand ennemi, dont il voulait encore conserver la vie, parce qu'elle était utile à l'accomplissement de ses desseins. C'est ainsi que la bonté d'âme de David s'impose d'elle-même à l'admiration et à l'imitation des hommes; c'est ainsi encore que la perversité de Saül fut réservée à une fin où la justice éclata davantage, afin de faire pâlir de crainte les hommes qui marcheraient sur ses traces.

Remaniement contemporain modifier

Le récit a servi de base au roman Quo vadis ? de Henryk Sienkiewicz. Cependant celui-ci a très certainement utilisé comme source les récits de guides touristiques romains plutôt que les Actes de Pierre eux-mêmes[9].

Photios de Constantinople sur Lucius Charinus modifier

Itinéraires des Apôtres
Actes de Pierre, Actes de Jean, Actes d’André, Actes de Thomas, Actes de Paul.

J'ai lu un livre intitulé les Itinéraires des Apôtres, qui contenait les actes de Pierre, (Actes) de Jean, d'André, de Thomas et de Paul. Ces actes ont été écrits, comme le livre même en fait foi, par Lucius Charinus (2).

La diction en est inégale et variable. Car quelquefois on y rencontre un choix de termes et de constructions qui supposent du soin, mais le plus souvent le style en est vulgaire et plat. On n'y rencontre aucune trace de ce genre simple et sans art, d'où résulte une grâce naïve, qui caractérise les évangiles et les écrits des Apôtres.

Ce livre est plein de déraison et de contradictions. Autre, selon l'auteur, est le dieu des Juifs, dieu mauvais dont Simon le Magicien a été le ministre, autre le Christ, qu'il dit bon; et mêlant et confondant tout, il l'appelle Père et Fils.

Il enseigne que son incarnation n'a pas été réelle, mais apparente ; qu'il a souvent apparu à ses disciples tantôt sous les traits d'un jeune homme, et tantôt sous ceux d'un vieillard et puis encore sous ceux d'un enfant, tantôt plus grand et tantôt moindre, une fois de si haute taille que sa tête s'élevait jusqu'aux cieux. Sur la croix aussi il débite mille contes frivoles et absurdes. Il dit que le Christ n'a point été crucifié, mais un autre à sa place, tandis que lui-même se riait de la méprise des bourreaux. Il condamne le mariage, et soutient que toute génération est mauvaise et vient du Mauvais. A ce Mauvais seul, à l'exclusion de tout autre, il attribue la formation des démons. Il invente les résurrections les plus folles et les plus puériles d'hommes, de bœufs et d'autres animaux. Il semble, dans les actes de Jean, vouloir combattre avec les iconoclastes le culte des images. Pour tout dire, ce livre est plein de traits puérils, incroyables, d'impostures, de mensonges, de folies, de contradictions, d'impiété et d'athéisme. On pourrait sans exagération l'appeler la source et la mère de toutes les hérésies.

Actes de Pierre à Rome ou la 1re partie à Jérusalem a été perdu sans laisser de trace ? modifier

Les Actes de Pierre et de Simon se composaient vraisemblablement de deux parties: la première à Jérusalem, la seconde à Rome, culminant dans le récit du martyre, disent certains critiques.

Comme preuve, ils avancent l'épisode où la fille de Pierre doit rester paralysée (fragment copte) et ils estiment que cet épisode devait se passer à Jérusalem. Toutefois, il n'y a aucun élément qui pourrait laisser penser que cet épisode se déroule à Jérusalem. Au contraire dans les Actes de Tite ce dernier est présent comme si cet événement se passait chez lui. De plus il semble que cet épisode soit là pour expliquer pourquoi il ne fallait pas trop parler de la tombe de sainte Pétronille et qu'il s'agissait même d'expliquer pourquoi c'est sur ce terrain, qui dans les années 90 appartenait à Flavia Domitilla, que se trouvait la tombe de sainte Pétronille.

On peut tout aussi bien considérer que la version Linus des Actes de Pierre dérive de la version de Leucius Charinus extraites des "Itinéraires des Apôtres" et que les auteurs de la littérature pseudo-Clémentine ont utilisé le motif de l'affrontement avec Simon le Mage pour écrire leur texte qui se termine juste avant l'arrivée à Antioche pour ne pas contredire un texte qui était en circulation dan l'église de Rome, mais lui apporter son complément. Reste à savoir si l'affrontement avec Simon le Magicien existait déjà dans la version de Leucius Charinus.

Références modifier

  1. a b et c Santa Barbara Christine M. Thomas, The Acts of Peter, Gospel Literature, and the Ancient Novel : Rewriting the ..., Santa Barbara Christine M. Thomas Associate Professor in the Department of Religious Studies University of California, p. 55-57.
  2. a et b Santa Barbara Christine M. Thomas, The Acts of Peter, Gospel Literature, and the Ancient Novel : Rewriting the ..., Santa Barbara Christine M. Thomas Associate Professor in the Department of Religious Studies University of California, p. 58.
  3. a et b Santa Barbara Christine M. Thomas, The Acts of Peter, Gospel Literature, and the Ancient Novel : Rewriting the ..., Santa Barbara Christine M. Thomas Associate Professor in the Department of Religious Studies University of California, p. 59.
  4. Éric Junod et Jean-Daniel Kestli, L'Histoire Des Actes Apocryphes des Apotres du IIIe au IXe Siecle, Librairie Droz, , p. 142
  5. TU 24-1, 1903
  6. Écrits apocryphes chrétiens, vol. I, Gallimard, 1997, 1041 ss
  7. Voir un art. que le traducteur dans les Écrits apocryphes chrétiens, I, cite p. 1047 (G. Poupon)
  8. En latin : « Domine, quo vadis ? ».
  9. Marek Starioweywski, « L'épisode Quo Vadis ? (Acta Petri, Martyrium, 6) » dans Humanitas vol. L (1998) p. 257-262

Bibliographie modifier

  • Richardus Adelbertus Lipsius et Maximilian Bonnet ediderunt: Acta apostolorum apokryphae, pars prior, post Constantinum Tischendorf, Lipsia apud Hermann Mendelsohn MDCCXCI. Textus graecus et latinus.
  • Écrits apocryphes chrétiens, vol. I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1997.
  • Éric Junod et Jean-Daniel Kaestli, L'Histoire Des Actes Apocryphes des Apotres du III au IX Siecle, Genève, Librairie Droz, , 155 p. (ISBN 978-2-600-05359-4, présentation en ligne).  
  • (en) Christine M. Thomas, The Acts of Peter, Gospel Literature, and the Ancient Novel : Rewriting the Past, New York, Oxford University Press, , 200 p. (ISBN 9780195344141, présentation en ligne, lire en ligne).  

Articles connexes modifier