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Yves St-Arnaud, professeur émérite, Université de Sherbrooke, 2012.

Yves St-Arnaud, psychologue

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Yves St-Arnaud (né le 10 mai 1938) est un psychologue humaniste québécois et professeur émérite de l’Université de Sherbrooke à qui on doit la rédaction de plusieurs ouvrages et articles dans le domaine de la psychologie des relations humaines. Il a été un des « pionniers de la formation dans ce domaine au Québec. Détenteur d’un doctorat en psychologie de l’Université de Montréal, Yves St-Arnaud s’est distingué comme fidèle propagateur de la psychologie humaniste tout au long de sa carrière. […] S’intéressant autant aux individus, qu’aux groupes ou aux organisations dans leur ensemble, il a œuvré dans sa pratique privée à l’actualisation du potentiel humain et à l’épanouissement des individus au travail. » Il a été l’auteur ou le coauteur de plusieurs modèles théoriques originaux dans le domaine de la psychologie des relations humaines ayant comme préoccupation centrale d’orienter l’action tant au plan personnel que professionnel. À partir de 2009, il commence à s'intéresser à la question du dialogue entre croyants et non-croyants et travaille au développement d'une éthique naturaliste.

Contributions à la psychologie des relations humaines.

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Yves St-Arnaud est invité en 1969 par l’Université de Sherbrooke à diriger le département de psychologie et à mettre sur pied un nouveau programme de maîtrise en psychologie des relations humaines. Il y restera jusqu’à sa retraite en 2001, après avoir contribué à la conceptualisation et à la diffusion de plusieurs modèles innovateurs pour orienter la pratique des professionnels dans ce domaine; « ces modèles, basés sur la coopération, ont servi de guides pour améliorer les relations de travail dans plusieurs entreprises au Québec et en Europe ».

Au cours de ces années universitaires, il publiera de nombreux ouvrages s’adressant tantôt à un public de profanes, tantôt à des professionnels. En 1974 il publiera « La personne humaine » qui sera réédité en 2004. Il y présente un modèle descriptif de la personne destiné à un large public qui s’inscrit dans le courant de la psychologie perceptuelle et qui vise à fournir au lecteur « un guide lui permettant de comprendre la personne humaine et les relations interpersonnelles à partir de sa propre expérience ». En 1973 il met sur pied le Laboratoire de recherche sur le groupe optimal (LRGO) qui donnera lieu à la publication, en 1978 de la 1ère édition du livre « Les petits groupes » (réédité en 1989, 2002 et 2008). Largement utilisé dans les programmes universitaires, il sera vendu à près de 25,000 exemplaires et sera traduit en espagnol et en portugais.

Parallèlement à ses travaux sur la psychologie de la personne et le fonctionnement des groupes, Yves St-Arnaud s’associe à Maurice Payette et Robert Lescarbeau pour créer « un modèle intégré d’interventions en relations humaines » qui sera d’abord présenté dans « Devenir consultant » (1985), puis dans Profession Consultant (1990, 1996, 2003). L’ouvrage connaîtra une très large diffusion dans différents programmes universitaires au Québec (plus de 20,000 exemplaires vendus).

En 1984, ses recherches prennent un nouveau tournant lors d’un séjour à l’Université de Harvard et au MIT, comme professeur invité par Chris Argyris et comme participant à un séminaire avec Donald Schön, pour approfondir la méthode de Science Action. Suite à ce séjour à Boston, il introduit au Québec la science-action en proposant le concept de praxéologie et en élaborant un modèle des relations professionnelles basé sur l’autorégulation et la coopération, modèle qu’il présentera dans plusieurs ouvrages successifs.

Yves St-Arnaud est reçu professeur émérite de l’Université de Sherbrooke en 2002. En plus de cette reconnaissance, il recevra au cours de sa carrière plusieurs distinctions : mérite annuel de l’Ordre des Psychologues du Québec (1984), médaille d’argent de la Société d’Encouragement au Progrès (France, 1996), mérite annuel de la Société québécoise de psychologie du travail et des organisations (2002) et doctorat honoris causa de l’Université du Québec à Montréal (2002) pour sa contribution au développement de la psychologie des relations humaines.

Contributions au dialogue entre croyants et non-croyants et à une éthique naturaliste

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La contribution de Yves St-Arnaud dans le domaine de la croyance et de l'éthique se situe en continuité avec sa réflexion professionnelle en psychologie. Comme il le mentionnera lui-même lors d'un entretien[1], il avait trouvé dans les années soixante dans l'approche centrée sur le client de Carl Rogers une façon de voir la nature humaine et la conduite envers autrui plus cohérente avec les valeurs d'amour et de solidarité que ne l'était la religion catholique telle qu'il la voyait être pratiqué. Ce n'est que progressivement qu'il a réalisé qu'il n'était plus croyant. Sa contribution dans ce domaine jusqu'à maintenant a donné lieu à quatre livres.

Je crois sans Dieu : parcours d'un psychologue en quête de sens (2010)

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En 2010, à la suite de conversations avec ses trois frères dont l'un est athé et les deux autres sont croyants, Yves St-Arnaud publie ce livre dans lequel il présente son credo personnel, un credo moniste et naturaliste dans lequel il identifie et précise ses croyances en fonction d'un critère de cohérence avec ce qu'il vit au quotidien plutôt qu'à partir d'une vision idéale ou de principes absolus [1]. Il aborde ainsi d'emblée le domaine des croyances en continuité avec ses travaux praxéologiques dont un des principes est que l'action précède le savoir. Les cinq piliers de son credo[2] sont les suivants :

1) Un option matérialiste : "Je crois que je suis le produit d'un univers matériel sans commencement ni fin qui s'auto-organise en l'absence d'un plan directeur, que la vie et la conscience sont des phénomènes d'émergence".

2) Une quête de sens en dehors de la religion  : "Je crois que le sens de ma vie m'appartient, qu'il évolue dans l'action par "essais et erreurs" et trouve sa légitimité dans le consensus, en l'absence de tout fondement absolu ".

3) Un discours validé par l'action au nom de la solidarité universelle : "Je crois que je suis solidaire de tous mes semblables, que ce lien de solidarité m'impose d'agir en cohérence avec mon discours, que tout ce que je fais a une influence, impondérable mais réelle dans la construction de l'humanité".

4) La liberté d'être ce que l'on est : "Je crois que chacun a le droit d'être sans avoir à justifier son existence tout en étant soumis aux règles que la société se donne pour subsister".

5) La mort comme définitive : "Je crois que la mort est définitive, qu'il n'y a aucune vie après la mort, que mes traces s'évanouiront et que j'ai le droit de quitter la scène à ma convenance".

La publication de son credo le conduit à participer à une cinquantaine de dialogues avec divers interlocuteurs croyants ou athées. Il observe alors les difficultés liées à la promotion d'un dialogue enrichissant et sa réflexion, inspirée par son expérience de psychologue et de facilitateur de la communication, le conduit à publier un second livre.

Vivre sans savoir : invitation à un dialogue entre croyants et non-croyants (2012)

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Dans ce livre, son idée de départ est que le partage et le dialogue dans le domaine des questions sans réponses évidentes (comme celles de l'existence de Dieu ou de l'origine du monde) seront facilités si on reconnaît que nos croyances en ce domaine possèdent une dimension psychoaffective en plus de la dimension rationnelle. C'est pourquoi il les décrit comme des convictions impliquant intrinsèquement une adhésion ressentie, une véritable position affective en lien avec nos croyances qui en font plus que de simples idées que l'on a. Ainsi, par exemples, le véritable croyant est convaincue que Dieu existe même s'il ne peut le "savoir" véritablement et l'athée est aussi convaincu que le début du monde n'implique aucune transcendance ou Dieu créateur même s'il ne peut véritablement justifier sa croyance sur des bases scientifiques puisque personne ne "sait" ce qui précède le Big Bang. Quant à l'agnostique, il est attaché affectivement à sa croyance en la supériorité de la rationalité sur laquelle il mise en refusant d'adhérer affectivement à quoi que ce soit qui y échappe.

Le livre présente ensuite trois conditions préalables à un tel dialogue soit 1) être intéressé 2) être ouvert à la divergence 3) renoncer à tout lieu d'arbitrage.

Un dialogue où chaque interlocuteur puisse se sentir respecté et vivre une occasion d'expliciter et approfondir le sens intime de ses convictions en les soumettant à la discussion exige ensuite de poser un certain nombre de balises qui devront être respectées tout au long du dialogue :

1) Accepter de ne pas savoir

2) Se soumettre à la pensée critique

3) Faire confiance à la résonance psychoaffective

Dans la mouvance des réactions provoquées par ce livre, il entre en contact avec Jocelyn Giroux, un avocat et penseur agnostique qui travaille à démonter la prétention de certains chrétiens à fonder leurs croyances sur une base rationnelle. Voyant alors une occasion de proposer aux Chrétiens une base à partir de laquelle permettre un débat, il collabore à la publication d'un troisième livre.

L'hypothèse Dieu : débats avec les croyants (2015) écrit en collaboration avec Jocelyn Giroux

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Ce livre est aussi l'occasion de la mise en ligne d'un mini-site web dans lequel les différents chapites seront résumés afin d'inviter au dialogue. Toutefois, sauf quelques commentaires, aucune personne ne vient débattre avec les auteurs des fondements de sa foi chrétienne. Le site sera consacré ensuite pendant une période au Dieu de Tobie (voir ci-bas).

À la suite du peu de réponses à l'invitation au débat, il renonce presque à la piste de favoriser le dialogue pour se consacrer au développement d'une éthique naturaliste en collaboration avec Jocelyn Giroux. Toutefois, ce n'est pas sans faire une dernière tentative où cette fois, inspiré par de nombreux auteurs d'allégeance chrétienne qui semblent prendre des libertés par rapport à la doctrice chrétienne orthodoxe , il tentera à travers un roman écrit sous un pseudonmye de tester les limites de cette ouverture.

Le Dieu de Tobie (sous le pseudonyme de Raphaël Thomas) (2018)

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Ce livre est l'occasion de réactiver le site de l'Hypothèse Dieu et de tenter de relancer un dialogue avec des chrétiens à travers un roman dont le protagoniste principal redéfinit 10 thèmes propres à la doctrine chrétienne en en donnant une vision modifiée. Le lecteur est invité sur le site à réfléchir aux propos de Tobie et de juger, si, à son avis, ceux-ci sont compatibles ou non avec la foi chrétienne[3].

Publications

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  • (1974, 2004), La personne humaine. Éditions de l'Homme.
  • (1978, 2005), J'aime: essai sur l'expérience d'aimer, Montréal: Éditions de l’homme
  • (1978, 1989, Les petits groupes. Participation et communication. Montréal : Presses de l'Université de Montréal : Éditions du CIM.
  • (2008), Les petits groupes. 3ième édition. Montréal: Gaëtan Morin éditeur.
  • (1979), Psychologie, modèle systémique, Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal
  • (1982), La personne qui s'actualise, Montréal: Gaëtan Morin éditeur.
  • (1983), Devenir autonome, Montréal: Le Jour, Editeur
  • (1992). Connaitre par l’action, Montréal : Les Presses de l'Université de Montréal.
  • (1996), S’actualiser par des choix éclairés et une action efficace, Montréal: Gaëtan Morin éditeur
  • (1999), Le changement assisté, compétences pour intervenir en relations humaines. Montréal : Gaëtan Morin Éditeur.
  • (2001), Relation d’aide et psychothérapie; le changement personnel assisté, Montréal: Gaëtan Morin Éditeur.
  • (2003), L’interaction professionnelle: efficacité et coopération, 2èmeédition, Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal.
  • (2004), Petit code de la communication, Montréal : Les Éditions de l'Homme.
  • (2007), Le psy livre, penser pour mieux vivre, Montréal: Les Éditions de l’Homme.
  • (2009), L’autorégulation, pour un dialogue efficace. Montréal : Les Presses de l'Université de Montréal.
  • (2010), Je crois sans Dieu. Montréal : Bellarmin.
  • (2013) , Comprendre et gérer sa motivation : À quoi carbure l'être humain. Montréal : Les éditions Québec Livres.

Ouvrages publiés en collaboration

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  • avec Aubry, Jean-Marie (1975), La dynamique des groupes. Montréal : CIM / Les Éditions de l'Homme.
  • avec Giroux, Jocelyn (2015). L'hypothèse Dieu : débats avec les croyants. Montréal : Liber.
  • avec Lescarbeau, Robert & Payette, Maurice (1990, 1996). Profession : consultant. Montréal : PUM : L'Harmattan

Notes et références

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  1. a et b Communication personnelle enregistrée le 21 juillet 2018 à Sherbrooke par Jean-Pierre Marceau.
  2. Yves St-Arnaud, Je crois sans Dieu, Québec, Bellarmin, , 187 p. (ISBN 978-2-923694-21-4), p. 96-97
  3. « Le Dieu de Tobie | L'hypothèse Dieu », sur http://www.homovivens.org/debats, (consulté le )